Société
Les forces de l’ordre face à la difficile équation posée par les casseurs
Les nouvelles violences et dégradations samedi au coeur des manifestations contre la loi Sécurité globale, notamment à Paris, reposent la question des options à la disposition des forces de l’ordre pour empêcher les casseurs de perturber les cortèges.
Des voitures brûlées, des banques et des agences immobilières vandalisées, des policiers et gendarmes noyés sous une pluie de projectiles: la manifestation parisienne a reproduit un scénario bien connu depuis quelques années des autorités, sans que celles-ci semblent en mesure de l’endiguer, au grand dam des manifestants pacifiques qui voient leurs revendications passer au second plan.
Les forces de l’ordre paraissent hésiter entre les différentes stratégies: répression ou contrôle ? Contact ou maintien à distance ? Depuis la rentrée, « ça fait pas mal de manifestations qu’on rate », confesse à l’AFP un cadre de la préfecture de police.
Samedi, le cortège, parti peu après 14H00 de la Porte des Lilas, à l’est de la capitale, s’est très rapidement disloqué avec l’irruption en amont d’un groupe de « 400 à 500 éléments radicaux », selon une source policière, formant un « black bloc » et empêchant la progression jusqu’à la place de la République, lieu de dispersion de la manifestation.
Cette méthode de guérilla urbaine, née dans les années 70 en Allemagne avant de prendre de l’épaisseur à Seattle en 1999 lors d’un sommet de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) puis lors d’un G8 à Gênes en 2001, s’est aussi développée en France, notamment à partir de 2016 avec les manifestations contre la loi Travail.
Ses adeptes, très au fait des techniques de maintien de l’ordre, infiltrent les cortèges et s’habillent de noir en un trait de temps pour former un « cortège de tête » souvent hétérogène, composé pour l’essentiel de membres de l’ultra-gauche mais aussi de manifestants « lambda ».
Ils mènent des actions-éclair, par petits groupes très mobiles, et commettent des exactions contre des symboles du capitalisme, comme les agences bancaires ou d’assurance, avant de s’évaporer aussi vite qu’ils sont apparus, rendant difficile leur interpellation.
A Paris, selon un bilan communiqué samedi à 20H par la préfecture, seules 42 personnes avaient été interpellées, soit 10% du nombre total de casseurs recensés par les autorités.
Discrimination difficile des cibles
Pourtant, le nouveau schéma du maintien de l’ordre, présenté en septembre par Gérald Darmanin, a acté la stratégie plus offensive de « réactivité » et « mobilité » prônée par le préfet de police de Paris Didier Lallement pour procéder à davantage d’interpellations de casseurs.
Mais « le fait que des journalistes, des manifestants et des badauds soient mêlés au black bloc rend difficiles les interventions des forces de l’ordre », souligne Bertrand Cavallier, général de gendarmerie et spécialiste du maintien de l’ordre.
« Souvent on combine l’emploi de gaz lacrymogènes et une charge, on n’a pas forcément une vision très précise et il peut y avoir un problème de discrimination des cibles », ajoute M. Cavallier, pointant « le risque de dommages collatéraux », qui nourrissent les accusations de violences policières.
Et quand la stratégie de « mise à distance », qui avait notamment coûté sa place au préfet de police Michel Delpuech en 2019, est employée, les autorités sont accusées de « laisser faire » à dessein.
« Le préfet Lallement organise une nouvelle provocation à Paris en vue de créer des images nuisibles à la mobilisation », a ainsi tweeté samedi le patron de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon.
Samedi, le parcours de la manifestation, long (4,5 km), peu habituel et empruntant des axes moins larges, a également compliqué la tâche sur le terrain.
« Plus un itinéraire est long, plus il est difficile d’enlever toutes les bagnoles, les trottinettes, de protéger les vitrines, de savoir combien il va y avoir de chantiers avec des objets potentiellement dangereux », souligne le cadre de la préfecture de police.
Ainsi, outre le mobilier urbain, les casseurs ont pu allègrement se servir sur le trajet dans une benne de chantier remplie de gravats.
A l’instar du général Cavallier, ce responsable policier pointe un problème de stratégie avec « beaucoup de forces engagées » mais « pas beaucoup de discussions » entre elles.
« On engage beaucoup les BRAV (brigades de répression de l’action violente, chargées des interpellations, ndlr) », au détriment « des CRS et des escadrons (de gendarmes) qui sont positionnées sur du statique », regrette-t-il.
Il souhaite aussi que les personnes interpellées fassent l’objet d’une « interdiction de manifester », ce que prévoyait la loi anticasseurs retoquée par le Conseil constitutionnel en 2019, « pour que les publics les plus durs soient écartés et qu’on arrive enfin à avoir des manifestations apaisées. »
Planète
Gâter ses animaux à Noël, une tendance qui perdure
À l’approche des fêtes, les propriétaires d’animaux de compagnie ne lésinent pas sur les dépenses pour choyer leurs compagnons à quatre pattes, une tendance qui se confirme d’année en année.
Les festivités de fin d’année ne sont plus uniquement réservées aux humains. En France, où la moitié des foyers possèdent au moins un animal de compagnie, les chiens, chats et autres compagnons à poils ou à plumes sont de plus en plus intégrés aux célébrations de Noël. Cette coutume, qui perdure et se renforce, s’accompagne d’une véritable explosion des ventes dans les magasins spécialisés.
Les enseignes dédiées à l’animalerie, comme Maxi Zoo France et Animalis, constatent une hausse significative de leur chiffre d’affaires en décembre. Jean-Philippe Blasco, directeur commercial de Maxi Zoo France, souligne que « les animaux sont désormais considérés comme des membres à part entière de la famille, il est donc naturel de les inclure dans les festivités de Noël ». En effet, les ventes de ces enseignes augmentent de 20% durant cette période festive, avec une prédilection marquée pour les jouets et les accessoires, dont les chiffres peuvent doubler.
Cette tendance est illustrée par des exemples concrets. Astrid Brunet, par exemple, prévoit d’offrir un jouet à son berger australien, Mamen, pour le plaisir de l’animal et pour éviter qu’il ne s’en prenne aux paquets cadeaux des autres membres de la famille. Baptiste Gautier, quant à lui, hésite encore entre un coussin et un jouet pour son golden retriever, Tao. Les friandises et les calendriers de l’avent pour animaux sont également très populaires, montrant que l’anticipation des fêtes commence bien avant le jour J.
Cette évolution dans le statut des animaux de compagnie est analysée par le sociologue Christophe Blanchard, qui explique que « depuis trente ans, le rôle des chiens et chats a considérablement changé. Ils ne sont plus vus comme des gardiens ou des chasseurs de souris, mais comme des membres de notre intimité ». Cette intégration des animaux dans les rituels familiaux est désormais perçue comme normale.
Cependant, cette période de générosité ne se limite pas à l’achat de cadeaux pour les animaux de compagnie. Les dons aux associations de protection animale connaissent également un pic. La SPA et la Fondation 30 millions d’amis notent une augmentation significative des contributions en décembre, qui représentent respectivement 20% et 36% de leurs collectes annuelles. Les refuges reçoivent aussi davantage de dons en nature, une aide précieuse pour les animaux en attente d’un foyer.
Malgré cette vague de générosité, Reha Hutin, présidente de la Fondation 30 millions d’amis, rappelle que « faire des cadeaux à ses animaux est devenu la norme, mais l’animal n’est pas un cadeau ». Elle insiste sur l’importance de l’engagement à long terme lorsqu’on adopte un animal, soulignant que l’abandon, même après les fêtes, est inacceptable. La SPA, qui a pris en charge près de 45 000 animaux abandonnés ou maltraités l’an dernier, dénonce cette pratique.
Ainsi, si Noël est devenu une période de festivités pour tous les membres de la famille, y compris les animaux de compagnie, il est crucial de se rappeler que l’adoption d’un animal est un engagement sérieux et durable, et non un simple caprice saisonnier.
France
Dominique Pelicot condamné à 20 ans de prison, les autres accusés jugés coupables
Le tribunal d’Avignon a rendu son verdict dans l’affaire des viols de Mazan, marquant un tournant dans la lutte contre les violences conjugales.
La cour criminelle de Vaucluse a statué jeudi sur le sort de Dominique Pelicot, un septuagénaire accusé de viols aggravés et de tentatives de viol sur son ex-épouse, Gisèle. Durant une décennie, cet homme a administré des anxiolytiques à son épouse avant de la violer et de l’exposer à des inconnus recrutés via internet, une pratique qui a marqué les esprits par sa cruauté.
Lors de l’énoncé du verdict, le président de la cour, Roger Arata, a déclaré Pelicot coupable, soulignant ainsi la gravité des faits. « Monsieur Pelicot, vous êtes déclaré coupable de viol aggravé sur la personne de Gisèle Pelicot », a-t-il précisé, avant de réserver la lecture de la peine pour plus tard dans la matinée. Pelicot, impassible, a écouté sans broncher la sentence qui le condamne potentiellement à 20 ans de réclusion criminelle.
Outre les viols, l’accusé a également été reconnu coupable de détention et enregistrement d’images prises à l’insu de sa femme, de sa fille et de ses belles-filles. La salle d’audience était comble, la famille au complet, témoin silencieux d’une justice qui se rend.
Au cours du procès, Dominique Pelicot avait exprimé des regrets, demandant pardon à sa famille et reconnaissant le courage de son ex-épouse. « On m’a affublé de titres, j’ai plutôt l’intention de me faire oublier », avait-il déclaré, conscient de l’image monstrueuse qu’il projetait. Caroline, sa fille, n’a plus que des mots durs pour lui, le qualifiant de « géniteur » et le décrivant comme un des plus grands criminels sexuels des vingt dernières années.
L’affaire de Mazan, par son horreur et sa médiatisation, est devenue un symbole de la lutte contre les violences faites aux femmes. Elle met en lumière la nécessité d’une justice ferme et sans complaisance face à de tels actes. La condamnation de Pelicot, bien que ne pouvant réparer les traumatismes infligés, envoie un message fort : la société ne tolère pas l’impunité pour ces crimes odieux.
La peine de Dominique Pelicot, qui sera probablement lourde, ne sera pas seulement une punition, mais aussi une tentative de restauration de la confiance dans la justice par les victimes et la société.
Société
Tendance : Les parfums de niche en odeur de succès
Les parfums de niche, autrefois confidentiels, connaissent aujourd’hui une croissance phénoménale, séduisant une clientèle en quête d’exclusivité et de personnalisation.
Le marché des parfums de niche, souvent qualifiés de « haute couture olfactive », connaît une expansion remarquable. Sans recourir à des campagnes publicitaires massives ni à des figures emblématiques pour les représenter, ces fragrances haut de gamme, vendues à des prix pouvant atteindre plusieurs centaines d’euros, captivent une audience désireuse de se démarquer. Julien Sausset, directeur général de Parfums Marly, souligne cette dynamique en évoquant des croissances annuelles vertigineuses, prévoyant de dépasser les 600 millions de dollars de ventes en 2024.
Les parfums de niche se distinguent par leur exclusivité et leur capacité à offrir une expérience sensorielle unique. Ils ne sont pas seulement des produits de beauté, mais des vecteurs d’expression personnelle. Julien Sausset explique que les consommateurs recherchent désormais à affirmer leur identité à travers des senteurs qui ne se contentent pas de suivre la mode, mais la créent. Ce segment de marché, bien que représentant encore une part modeste du marché global des parfums, croît à un rythme de 13% par an, contre 3 à 5% pour les parfums conventionnels.
Les Parfums Marly, avec des prix de départ à 250 euros, sont particulièrement prisés aux États-Unis et présents dans plus de 80 pays. À Paris, la marque s’apprête à ouvrir une nouvelle boutique dans le Triangle d’or, un quartier synonyme de luxe, pour offrir une immersion complète dans l’univers olfactif de la marque. L’objectif est clair : créer un espace où le produit peut être mis en scène, raconté et vendu par des experts passionnés.
L’inspiration de la marque, fondée par Julien Sprecher, puise dans l’histoire et l’élégance du XVIIIe siècle, période où la parfumerie moderne a pris son essor. Les parfums de niche promettent non seulement une durabilité exceptionnelle mais aussi une qualité supérieure des ingrédients et des concentrations plus élevées, justifiant ainsi leur positionnement sur le segment du luxe.
Julie El Ghouzzi, spécialiste du luxe, rappelle que dans les années 90, face à la démocratisation du parfum, certains parfumeurs ont voulu se démarquer en créant des fragrances uniques, souvent unisexes, axées sur des ingrédients nobles plutôt que sur des marques. Cette tendance a été ensuite imitée par les grandes maisons de luxe, qui ont adopté le code du flacon minimaliste pour signaler une offre exclusive.
Chez L’Oréal, les parfums « haute couture » sont conçus pour offrir une expérience sensorielle inégalée, où chaque détail, de la qualité des ingrédients à la conception du flacon, est soigné pour répondre aux attentes d’une clientèle exigeante. La personnalisation est également au cœur de l’offre avec des créations sur mesure, comme celles proposées par Sylvaine Delacourte, qui après une consultation approfondie, compose un parfum unique pour chaque client.
Les parfums de niche ne sont plus un phénomène marginal mais une tendance forte et croissante du marché du luxe, séduisant non seulement les amateurs de parfums mais aussi les jeunes générations et les marchés émergents, comme la Chine, qui voient dans ces fragrances une manière de s’exprimer de manière singulière et sophistiquée.
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