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Une quête identitaire : le destin oublié des enfants franco-allemands de l’après-guerre
Des milliers de vies bouleversées par une politique d’adoption forcée, entre ombres historiques et blessures intimes.
Claudine Spire, aujourd’hui âgée de 78 ans, feuillette une vieille photographie en noir et blanc avec un mélange d’espoir et de désillusion. Ce cliché, exhumé des archives diplomatiques françaises, capture un groupe d’enfants dans un foyer allemand des années 1940. Elle s’y est longtemps crue reconnaissable, avant de comprendre qu’elle n’y figurait pas. Cette image symbolise une quête de vérité entamée il y a trente ans, pour reconstituer les pièces manquantes d’une histoire personnelle marquée par les silences de l’Histoire.
Née en 1946 à Fribourg d’une mère allemande et d’un soldat français stationné en zone occupée, Claudine fait partie des quelque 1 500 enfants arrachés à leurs origines dans le cadre d’une politique méconnue. Alors que la France cherche à combler son déficit démographique après la guerre, les autorités incitent les femmes allemandes à abandonner leurs nouveau-nés, promis à une « vie meilleure » de l’autre côté du Rhin. Des officiers sillonnent même les maternités pour convaincre ces mères, souvent jeunes et vulnérables, de signer des actes de renoncement irrévocables.
Le parcours de Claudine illustre les critères discriminatoires de cette machine administrative. Métisse – son père était maghrébin –, elle est jugée « trop teintée » pour être adoptable selon les standards de l’époque. Pourtant, à 18 mois, elle est envoyée dans une famille française, où elle grandira sans connaître ses racines. Ce n’est qu’à 50 ans qu’elle entame des recherches, découvrant avec stupeur l’existence d’une mère biologique qui l’avait prénommée Margarete. Leurs rares rencontres, teintées de gêne et de secrets familiaux, révèlent une vérité apaisante : elle est née d’une relation consentie, dans une Allemagne où les enfants issus de liaisons franco-allemandes subissaient stigmatisation et rejet.
Aujourd’hui détentrice d’un passeport allemand, Claudine dénonce avec émotion « l’effacement systématique de l’identité » orchestré par les deux pays. Si les faits sont prescrits, ses investigations se poursuivent, guidées par l’espoir de retrouver enfin son visage d’enfant dans les archives. Son histoire, loin d’être isolée, éclaire un chapitre trouble des relations franco-allemandes, où des vies ont été sacrifiées sur l’autel de la reconstruction nationale.
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