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Sri Lanka : l’invasion des bols à aumônes low-cost menace traditions et artisans locaux

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La concurrence des récipients importés à bas prix bouleverse les rituels bouddhistes et met en péril un savoir-faire ancestral.

Dans un modeste atelier du village de Panvila, près de Hikkaduwa, un forgeron s’évertue à perpétuer une tradition séculaire. Autrefois florissante, la fabrication artisanale de bols à aumônes, appelés *pathras*, se réduit aujourd’hui à une poignée d’artisans face à la domination des produits importés, moins chers mais de qualité médiocre. Ces récipients, essentiels pour les moines bouddhistes qui y recueillent leur nourriture quotidienne, sont désormais majoritairement fabriqués en aluminium, souvent en Chine, et vendus à des prix imbattables.

Le dernier forgeron du village, âgé de 65 ans, peine à écouler ses créations en acier recyclé, pourtant plus durables. Chaque pièce, façonnée avec soin, coûte près du double des modèles importés. Malgré les tentatives du gouvernement pour limiter ces importations, le marché local est submergé, mettant en danger un métier déjà en voie de disparition.

Les conséquences dépassent le simple aspect économique. Dans les temples, comme celui de Gangaramaya à Colombo, des montagnes de bols bon marché s’entassent, jugés inutilisables par les moines. Certains finissent percés pour servir de pots de fleurs, tant leur qualité est déplorable. Cette situation a même conduit de nombreux religieux à abandonner la quête matinale des aumônes, un rituel pourtant central dans leur pratique spirituelle.

Pour les fidèles, offrir un bol à un moine est un acte chargé de symbolique, censé générer un bon karma. Mais la prolifération de ces objets de piètre qualité altère la relation entre la communauté religieuse et les laïcs. Certains temples tentent de sensibiliser les donateurs à l’importance de privilégier des récipients artisanaux, tandis que d’autres, moins fortunés, revendent les surplus, aggravant la crise des artisans locaux.

Au-delà de l’aspect matériel, c’est toute une tradition spirituelle et sociale qui s’effrite. Le déclin de cette pratique ancestrale illustre un dilemme moderne : comment concilier économie et préservation des coutumes dans un monde globalisé ?

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