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Printemps arabes: comment l’Occident a raté son rendez-vous avec l’Histoire

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« Pour le Moyen-Orient, ce fut une opportunité manquée de faire les premiers pas vers la liberté et la démocratie. L’Occident a choisi d’être un interlocuteur silencieux ». Ainsi parle le prix Nobel de la paix Mohamed ElBaradei.

« Cela n’a pas aidé les printemps arabes » ajoute cette figure de l’opposition libérale égyptienne, dix ans après le déclenchement en Tunisie du premier des soulèvements populaires de la région, à l’aube des années 2010.

Après la Tunisie, l’Egypte, le Yémen, la Libye, Bahrein, la Syrie seront tour à tour pris dans un tourbillon qui changera la face du Moyen-Orient pour le meilleur et pour le pire. Des séismes que n’ont pas vu venir les Occidentaux, Etats-Unis et France en tête.

Proches des régimes autoritaires, considérés depuis des décennies comme des gages de stabilité et de sécurité, ils n’ont pas pris la mesure des évènements. Parfois accusé d’être une marionnette des étrangers, M. ElBaradei, ex-chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), regrette qu’ils n’aient pas forcé le destin en investissant réellement dans les espoirs démocratiques.

« Nous savions ce que nous ne voulions pas, mais n’avions pas le temps de discuter de ce dont le jour suivant serait fait », se souvient-il. « Nous n’avions ni les outils, ni les institutions ».

Ils sont nombreux à partager ce regard chargé d’amertume sur des évènements qui ont balayé les régimes des uns et les illusions des autres. Une lame de fond venue du tréfonds des désirs des peuples, réprimée dans le sang devant des Occidentaux indécis, inconstants, impuissants, selon les témoignages exclusifs à l’AFP d’acteurs de l’époque.

Manipulation ?

Ce n’est pourtant pas faute pour eux de s’être investis. Dans les années 2000, la chute du Mur de Berlin est en passe d’être digérée. Washington observe le Moyen-Orient avec inquiétude et le Vieux continent, Paris en tête, veut consolider ses liens avec l’autre rive de la Méditerranée.

Une foule d’ONG et d’organismes para-gouvernementaux tente de souffler sur les braises rougissantes des ambitions démocratiques. Pour ne citer qu’eux, les Américains Freedom House, National Democratic Institute, International Republican Institute, les fondations allemandes.

Leurs financements sont largement publics et les agendas fidèles aux objectifs des partis auxquels ils sont affiliés. Ils diffusent le vademecum du parfait activiste, théorisent l’usage des réseaux sociaux, enseignent l’importance des symboles percutants et des slogans courts que peuvent s’approprier les foules.

Les autocrates hurlent à la manipulation. En Egypte fin 2011, 43 membres d’ONG locales et internationales, dont une vingtaine d’étrangers (essentiellement américains), sont accusés d’ingérence dans les affaires du pays. Les étrangers seront expulsés, les autres condamnés.

En Syrie, après une visite de l’ambassadeur américain dans la ville de Hama (sud), alors centre de la contestation, Damas dénonce « une preuve claire de l’implication des Etats-Unis dans les évènements » et leur volonté de « faire monter » la tension.

D’autres ont émis des accusations similaires. Mais l’argument ne tient pas, selon Srdja Popovic, cofondateur de l’ONG serbe Canvas (Centre pour des actions et stratégies appliquées non-violentes).

« Pour réussir, ces combats doivent venir de l’intérieur. La vision, le leadership, les nombres, les idées doivent être nationales », assure-t-il, fort de 15 ans d’expérience dans différents pays du monde aux prises avec la lutte démocratique. « Vous ne pouvez pas importer une majorité, ni acheter les gens pour la construire. Vous pouvez leur fournir des bureaux et des compétences, mais les revendications leur appartiennent ».

Stéphane Lacroix, chercheur à l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris, balaye lui aussi la théorie de la conspiration étrangère. « Ceux qui voient l’impérialisme partout ne parviennent pas à considérer que des gens autonomes soient capables de se mobiliser parce qu’ils n’en peuvent plus. Alors que c’est ça, l’histoire ! Ce n’est pas Washington qui appelle et dit +agent 007, sortez sur la place Tahrir+ ».

Une véritable unanimité se dégage pour définir en revanche l’aveuglement, le manque de courage, les rendez-vous manqués de l’Occident.

Nadim Houry, qui dirige le think-tank Arab Reform Initiative, dresse un tableau implacable. Les Occidentaux « ont été pris par surprise en 2011. Ils ont mis quelques mois à réfléchir et très vite, ils ont fermé la porte à cette expérience de changement démocratique. Et de 2012 à 2013, on les a vus revenir vers une vision purement sécuritaire de la région ».

Voilà pour la vision globale. Mais à chaque théâtre, sa tragédie. A chaque militant, sa frustration.

Cécité française en Tunisie

En Tunisie, ex-colonie française, c’est Paris qu’on attend au tournant lorsque le président Zine el-Abidine Ben Ali réprime la colère de la rue.

En janvier 2011, la ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie propose à Tunis le « savoir-faire » tricolore pour « régler les situations sécuritaires ». Les violences ont alors déjà fait plus de 35 morts, selon les ONG.

Elle est aussi vilipendée pour des vacances fin 2010 en Tunisie alors que la révolte a commencé. Elle démissionne fin février, victime expiatoire sans doute du manque collectif de discernement de l’Etat.

François Nicoullaud, ambassadeur français à Téhéran jusqu’en 2005, stigmatise « l’influence des invitations et des connivences » dont bénéficiait le sommet de l’Etat de la part du régime. Selon lui, « les services du Quai d’Orsay étaient parfaitement lucides sur les grandes fragilités du système tunisien et l’écrivaient ». Mais les sphères décisionnaires n’écoutaient pas.

La lucidité se discute. Car le président Ben Ali n’aime pas qu’on parle à ses opposants et Paris ne se risque guère à le contrarier. En France, la communauté tunisienne se mobilise mais l’Etat français l’ignore. « On pensait que ces dictatures étaient éternelles. Ca ne servait donc à rien de parler avec des opposants en exil qu’on ne prenait pas au sérieux », résume Stéphane Lacroix.

Moncef Marzouki, premier président démocratiquement élu fin 2011, était un opposant de longue date. « Il est à Paris, médecin, professeur à la faculté de médecine et il a été à la tête de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme », relève le politologue. Mais il n’est « pas dans le viseur » de la diplomatie française jusqu’à son arrivée au pouvoir.

Les islamistes d’Ennahdha, qui remporteront les premières élections post-révolution, ont des représentants en France. « On leur met des bâtons dans les roues », insiste-t-il, en pointant le « suivisme » français vis-à-vis de Ben Ali.

A la chute de ce dernier, la France n’aura pas d’interlocuteurs. La faute, notamment, à une crispation à l’égard de l’islam politique profondément ancrée dans la culture française.

L’Egypte entre militaires et islamistes

En Egypte, c’est Washington qui est à la manœuvre. L’aide militaire américaine au régime d’Hosni Moubarak pèse 1,3 milliard de dollars par an depuis 1979. Un total de 58 milliards, selon le centre de réflexion américain CSIS. Les canaux sont donc bien ouverts entre militaires. Or, l’armée égyptienne a conservé depuis l’indépendance la haute main sur les affaires du pays.

A Washington, Obama observe les manifestations avec un certain enthousiasme, mais sa secrétaire d’Etat Hillary Clinton est circonspecte, craignant notamment de braquer les alliés américains du Golfe, Emirats arabes unis et Arabie saoudite en tête. « Elle n’était pas convaincue », estime Sherif Mansour, militant égyptien, à l’époque membre de Freedom House.

Moubarak jette pourtant l’éponge en février 2011. Le Conseil suprême des forces armées (CSFA) prend les rênes du pays. Un an plus tard, en juin 2012, le candidat des Frères musulmans Mohammed Morsi devient le premier président d’Egypte élu à ne pas sortir des rangs de l’armée.

Washington, qui a soutenu le processus électoral, doit désormais traiter avec un islamiste.

Morsi est immédiatement contesté par une opposition laïque qui ne se reconnait pas dans la victoire des Frères. La place Tahrir se remplit de nouveau. Les Etats-Unis sont accusés d’avoir aidé les islamistes à « voler » le scrutin. Clinton rend visite à Morsi en juillet 2012: son hôtel est assiégé et son convoi est la cible de tomates et de chaussures.

Dès la mi-2013, le président est destitué par l’armée. Le général Abdel Fatah Al-Sissi, ministre de la Défense, devient chef de l’Etat.

Obama est réticent mais le billard, au Moyen-Orient, se joue à bandes multiples. Sous la pression de Riyad et d’Abou Dhabi, le président américain se garde d’utiliser le mot « coup d’Etat » qui aurait, en vertu de la loi américaine, mis un terme à l’aide militaire.

Il finit par concéder à la junte une forme de légitimité, en dépit de la répression sanglante contre les pro Morsi (1.400 morts en sept mois, surtout des islamistes). La contre-révolution a gagné.

Frank Wisner, l’envoyé spécial américain en Egypte, se souvient d’une part de la volonté « écrasante » des Egyptiens de retrouver la stabilité. D’autre part, de leur aspiration à la démocratie.

« J’ai vu plus de progrès sur le front de la stabilité », tranche-t-il froidement. Les Etats-Unis pouvaient-ils changer l’Histoire ? « Je suis convaincu que non. Est-ce qu’on aurait pu envoyer un message différent ? Bien sûr ».

Le désastre libyen

Simultanément, un autre drame se joue en Libye dont chaque jour qui passe, aujourd’hui encore, constitue l’héritage. Les manifestations commencent mi-février 2011 et sont réprimées dans le sang. La France du président Nicolas Sarkozy pousse pour une intervention armée.

La résolution 1973 de l’ONU autorise le recours à la force pour protéger les civils. Les frappes commencent en mars et l’OTAN prend le commandement des opérations. Un mandat d’arrêt international vise le chef de l’Etat Mouammar Kadhafi, mais il est tué en octobre. Un dénouement qui outrepasse l’objectif du texte onusien, au grand dam des Russes et des Chinois.

L’esprit de la résolution a été « totalement détourné », regrette l’ambassadeur Nicoullaud. « C’est une faute politique et juridique grave. Cela a été un fusil à un coup: maintenant, on ne peut plus utiliser ce principe du droit de protéger ».

Le pire est à venir: la Libye n’a pas d’institutions. Pendant quatre décennies, Kadhafi « a gouverné sans Etat en s’appuyant sur un appareil sécuritaire idéologisé et sur les tribus, à qui il a tous deux sous-traité le contrôle social », synthétise Stéphane Lacroix. « Le pays n’a jamais connu de vie politique, de partis, de société civile ».

Sans son « Guide », l’Etat libyen est un canard sans tête, livré aux appétits des uns et convoitises des autres. L’ancien président français François Hollande, alors dans l’opposition mais favorable à l’intervention, assume. Mais « ce n’est pas le rôle des démocraties de tuer les dirigeants, ni même de renverser les régimes. Leur rôle est de créer un rapport de force qui conduit à une solution politique », concède-t-il dans son bureau de la rue de Rivoli, à Paris.

Son aveu est vertigineux: « Ce qu’on n’a pas vu suffisamment, c’est que c’est un défi de réorganiser, de reconstruire un État ». Quid de l’expérience en Irak, sorti exsangue de l’intervention américaine de 2003 ? L’ex-chef de l’Etat ne goûte guère l’accusation de naïveté. « Parfois, certains préfèrent la naïveté, même si elle peut être coûteuse, que le cynisme », se justifie-t-il.

Il décrit l’émergence en Europe à l’époque de l’idée que « la démocratie peut s’installer sans qu’on ait besoin de la défendre ou de la promouvoir ». Et il revendique la nécessité « de se garder d’imposer un système politique qui serait jugé post-colonial ».

Le 11 septembre 2012, quatre Américains dont l’ambassadeur Christopher Stevens sont tués dans l’attaque contre le consulat à Benghazi (Est). Un évènement qui conduit Obama « à se poser la question de savoir ce que les Etats-Unis faisaient en Libye », se souvient encore M. Hollande.

Le pays sombre dans les rivalités tribales.

La fausse « ligne rouge » en Syrie

Ce désastre sera encore dans toutes les têtes lorsqu’émergera le cas de la Syrie.

Les manifestations y débutent en mars 2011, aussitôt réprimées. « On marchait dans une forêt noire. Quand l’Union européenne et les Etats-Unis ont appelé le régime à ne pas utiliser la force contre les civils, c’était comme des lanternes qu’il nous fallait suivre », raconte Ibrahim al-Idlebi.

« Il n’y avait pas de projet (occidental, ndlr). Beaucoup d’argent était distribué à des groupes et à des gens qui ne savaient pas quoi en faire », regrette ce militant originaire d’Idleb (nord-ouest), aujourd’hui exilé en Turquie.

Les Occidentaux sous-traitent aux monarchies du Golfe, où figures religieuses et mosquées récoltent du liquide. Des armes sont acheminées, à l’exception d’une défense anti-aérienne: la rébellion la réclamait face aux frappes de Bachar Al-Assad, mais les Américains s’y opposaient, craignant qu’elle soit utilisée contre Israël, ou tombe aux mains des jihadistes.

Au final, l’aide occidentale n’a pas fait « basculer l’équilibre militaire », juge Haid Haid, chercheur syrien pour le think-tank Chatham House, à Londres. « S’ils avaient neutralisé la puissance aérienne d’Assad, ça n’aurait pas seulement renversé l’équilibre mais aussi sauvé des dizaines de milliers de personnes ».

Le chaos s’installe. Les Occidentaux veulent discuter avec des groupes structurés. Ahed al-Hindi, chrétien orthodoxe syrien brièvement emprisonné, évoque l’efficacité des Frères musulmans et des islamistes. « En anglais, ils jouaient aux libéraux, pro-minorités. En arabe, ils étaient agressifs et populistes », se souvient-il. « Ils savaient comment se présenter ».

La Conférence internationale des amis du peuple syrien, qui réunit pays arabes, Occidentaux et Nations unies, tente de sortir de l’ornière. En vain. Islamistes radicaux puis jihadistes phagocytent le mouvement anti-Assad.

“Il y avait une déconnection entre militants et groupes armés. Construire des ponts entre eux était un axe majeur de la diplomatie américaine pendant des années », assure Alex Bick, Directeur pour la Syrie du Conseil national de sécurité sous l’administration Obama. « Au final, je ne pense pas que nous ayons réussi ».

François Hollande admet lui aussi une forme d’échec européen lorsqu’il assure avoir prévenu les Européens des deux épouvantails: « les réfugiés et le terrorisme. On a eu les deux ».

Mi-2012, le président Obama affirme qu’avoir recours à des armes chimiques reviendrait pour Assad à franchir une « ligne rouge ». Mi-2013, il est accusé d’en utiliser contre des rebelles d’un quartier proche de Damas mais Washington ne réagit pas.

La prétendue ligne rouge était « une position faible », dénonce Nikolaos Van Dam, ancien ambassadeur néerlandais dans plusieurs pays de la région. « Elle suggère ceci: vous pouvez user des bombes à fragmentation, des barils d’explosifs, du phosphore, toutes sortes d’armes. Mais pas les armes chimiques ».

Barack Obama, rappelle de son côté François Hollande, avait promis à son électorat de rapatrier les troupes déployées au Moyen-Orient et beaucoup d’Européens refusaient l’intervention.

« J’avais convenu d’une opération avec lui. Les militaires travaillent pour la mener à bien, les diplomates pour préparer ce que devait être sa légitimité au sein du Conseil de sécurité. Tout est prêt. Et le lendemain, il nous dit: +je vais demander l’autorisation du Congrès+ (avant de frapper, ndlr). Là, je comprends que c’est fini », raconte l’ex-chef de l’Etat français.

« C’est une erreur stratégique ».

Le glas des espérances révolutionnaires

Bassma Kodmani, politologue et opposante syrienne, renchérit: « L’utilisation des armes chimiques mettra fin à tout espoir de voir une action décisive menée par les Occidentaux ». Elle donnera un blanc seing à Bachar al-Assad et ouvrira un boulevard à la Russie, l’Iran, la Turquie.

Sept ans plus tard, le jeu des puissances se poursuit. Mick Mulroy, ancien cadre de la CIA et du secrétariat américain à la Défense, dénonce les ambitions protéiformes des Russes et des Chinois. « Le Moyen-Orient est l’endroit où se joue la stratégie de la sécurité nationale américaine. Les Etats-Unis doivent être présents dans cette compétition ».

Les peuples arabes, eux, essayent d’avancer. La Tunisie est une démocratie en crise économique. L’Egypte est dirigée par une dictature militaire et Assad n’a rien cédé.

Quant à la Libye, elle vient de se promettre des élections en décembre 2021 mais reste déchirée entre le Gouvernement d’union nationale de Tripoli, reconnu par l’ONU et soutenu par la Turquie, et une opposition armée appuyée notamment par les Emirats et la Russie.

« La démocratie ne se fait pas en un jour », martèlent ceux qui veulent y croire encore. En attendant, le bilan des morts a grimpé et l’Europe affronte une vague de réfugiés.

« Ce n’était pas pré-écrit que tout finisse de cette manière », conclut Nadim Houry. Par volonté peut-être de laisser aux peuples la souveraineté de leurs désirs comme de leurs échecs, il refuse d’attribuer « la responsabilité première » aux Occidentaux.

« Mais dans cet énorme échec et ce gâchis, dans cette tragédie humaine, ils n’ont pas été au rendez-vous ».

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Présidentielle américaine : Joe Biden justifie pour la première fois les raisons de son retrait de la campagne

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Présidentielle américaine : Joe Biden justifie pour la première fois les raisons de son retrait de la campagne

Joe Biden s’est exprimé en direct mercredi 24 juillet depuis le Bureau ovale de la Maison-Blanche. Il a révélé les raisons de son retrait de la présidentielle américaine et loué les compétences de Kamala Harris, sa vice-présidente, qui devrait le remplacer en tant que candidate démocrate pour la présidentielle.

Mercredi 24 juillet au soir, Joe Biden s’est exprimé en direct depuis le Bureau ovale de la Maison-Blanche. C’était sa première prise de parole depuis l’annonce de son retrait de la campagne de la présidentielle américaine, dimanche 21 juillet. « Ce bureau est sacré pour moi, mais j’aime mon pays bien plus encore », a déclaré Joe Biden dans son allocution d’une dizaine de minutes.

Joe Biden a assuré à ses citoyens que cela a été « l’honneur de sa vie » de « vous servir en tant que président des États-Unis ». Il a expliqué qu’il s’est retiré de la campagne électorale au nom de « la défense de la démocratie qui est en jeu et, je pense, plus importante que n’importe quel titre ». Depuis plusieurs semaines, l’état de santé de Joe Biden était dans le viseur de l’opinion publique, le camp démocrate et Donald Trump qui ne loupait aucune occasion de se moquer des lapsus du président américain.

Pour Joe Biden, « mon bilan en tant que président, mon leadership dans le monde, ma vision de l’avenir de l’Amérique, tout cela méritait un second mandat », mais il a aussi martelé que « rien, rien ne peut nous empêcher de sauver notre démocratie, y compris l’ambition personnelle ». Il assurera sa fonction présidentielle jusqu’aux élections du mois de novembre. « Au cours des six prochains mois (…), je continuerai à réduire les coûts pour les familles qui travaillent dur et à développer notre économie. Je continuerai à défendre nos libertés individuelles et nos droits civils », a-t-il ainsi expliqué.

« J’ai donc décidé que la meilleure façon d’aller de l’avant est de passer le flambeau à une nouvelle génération. C’est le meilleur moyen d’unifier notre nation », a ajouté Joe Biden. Il a aussi expliqué que « ces dernières semaines, il m’est apparu clairement que je devais unir mon parti » et qu’il était temps « d’avoir de nouvelles voix (…), des voix plus jeunes ».

Kamala Harris, la vice-présidente de Joe Biden, est en bonne position pour devenir la candidate officielle du camp démocrate pour cette élection. Elle est « expérimentée, elle est forte, elle est compétente », a confié Joe Biden dans son allocution. Et d’ajouter : « elle a été une partenaire incroyable pour moi, une dirigeante pour notre pays. Maintenant, c’est à vous, le peuple américain, de choisir ».

Si Kamala Harris est la favorite et pour le moment la seule candidate qui a postulé pour remplacer Joe Biden, il faudra attendre le vote des délégués démocrates pour l’affirmer. Ils doivent voter entre le 1er et le 7 août. Kamala Harris poursuit donc sa campagne pour l’investiture du camp démocrate.

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Gaza: 70 Palestiniens tués à Khan Younès selon le Hamas, des milliers fuient

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Gaza: 70 Palestiniens tués à Khan Younès selon le Hamas, des milliers fuient

Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé lundi que 70 Palestiniens avaient été tués dans des opérations israéliennes à Khan Younès dans le sud de la bande de Gaza, d’où des milliers de personnes ont fui dans la panique après un ordre d’évacuation militaire.

Alors que la guerre entre Israël et le Hamas palestinien ne connaît pas de répit, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est arrivé lundi à Washington où il doit prononcer mercredi un discours devant le Congrès. Il doit également rencontrer Joe Biden jeudi, a indiqué un haut responsable américain. Le président des États-Unis s’est engagé lundi à « continuer à travailler pour mettre fin à la guerre à Gaza ». Sa vice-présidente Kamala Harris, pressentie pour obtenir l’investiture du Parti démocrate à la présidentielle de novembre, rencontrera elle aussi Benjamin Netanyahu « cette semaine » à Washington, selon ses services.

En quittant Israël lundi, le Premier ministre israélien a estimé que sa visite était « très importante » à un moment de « grande incertitude politique », après la décision de Joe Biden de ne pas se représenter à l’élection de novembre. Principal allié et soutien militaire d’Israël, l’administration Biden s’était agacée ces derniers mois des conséquences de la riposte israélienne à l’attaque menée le 7 octobre en Israël par le Hamas palestinien, qui a déclenché la guerre à Gaza, insistant sur la protection des civils et l’entrée de l’aide humanitaire.

Dans la bande de Gaza, dévastée et assiégée par Israël depuis plus de neuf mois, l’offensive israélienne se poursuit contre le mouvement islamiste Hamas et d’autres groupes palestiniens, notamment dans des régions dont l’armée avait annoncé auparavant avoir repris le contrôle. Au moins 70 Palestiniens ont été tués et plus de 200 blessés dans des « attaques de l’occupation israélienne dans le gouvernorat de Khan Younès depuis ce matin et jusqu’à maintenant », a indiqué le ministère de la Santé du gouvernement dirigé par le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007.

Contactée, l’armée n’a pas réagi dans l’immédiat. Mais dans un communiqué, elle a affirmé que son aviation et ses chars « avaient bombardé et éliminé des terroristes dans la région ». Devant l’hôpital Nasser de Khan Younès où morts et blessés ont été transportés, des scènes déchirantes ont lieu sous le regard impuissant des soignants: un homme brandit le cadavre d’un bébé en hurlant, une femme effondrée sous le chagrin se frappe la tête, des gens couverts de sang au regard hagard.

L’armée s’était retirée début avril de Khan Younès, la plus grande ville du sud du territoire palestinien, en disant y avoir achevé après des mois de bombardements intenses et de combats, ses opérations contre le Hamas, considéré comme terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et Israël. Mais plus tôt lundi, elle a ordonné à la population de quitter à nouveau l’est de Khan Younès, en disant préparer une « opération contre les organisations terroristes » après des tirs de roquettes en direction d’Israël à partir de la zone.

« Nous étions heureux de préparer le petit-déjeuner », et soudain « les obus tombent, puis les tracts d’avertissement », raconte Hassan Qoudayh, qui a dû fuir avec sa famille comme des milliers d’autres personnes qui sont parties dans la panique. « Il y avait des martyrs dans les rues. Gaza est finie, Gaza est morte. Il ne reste rien, rien. Assez! », a-t-il lancé. Déplacé pour la quatrième fois, Youssef Abou Taimah n’en peut plus. « Nous allons vivre dans la rue! On est épuisés, on n’en peut plus de ces déplacements ».

Lundi soir, des frappes israéliennes dans le nord de la bande de Gaza ont fait 12 morts dans la ville de Gaza et quatre dans le camp de Jabalia, selon le porte-parole officiel de la défense civile dans la bande de Gaza. Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël ont mené une attaque sanglante qui a entraîné la mort de 1.197 personnes, en majorité des civils, selon un décompte établi à partir de données officielles israéliennes. Sur 251 personnes alors enlevées, 116 sont toujours retenues à Gaza, dont 44 sont mortes, selon l’armée.

En riposte, Israël a lancé une offensive de grande envergure aérienne puis terrestre dans Gaza, qui a fait plus de 39.000 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas. Avec le Qatar et l’Égypte, Washington tente de relancer les négociations pour un cessez-le-feu à Gaza associé à une libération d’otages. Une délégation israélienne est attendue jeudi à Doha, selon une source proche des pourparlers.

En soutien aux Palestiniens de la bande de Gaza en proie à un désastre humanitaire et menacée de famine selon l’ONU, les rebelles houthis au Yémen et le Hezbollah libanais, des alliés du Hamas et de l’Iran, ennemi juré d’Israël, ont ouvert des fronts contre ce dernier pays. Samedi, au lendemain d’une attaque de drone meurtrière des Houthis contre Tel-Aviv, Israël a bombardé le port stratégique de Hodeida dans l’ouest du Yémen tenu par les rebelles, faisant six morts.

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États-Unis : Joe Biden annonce le retrait de sa candidature

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États-Unis : Joe Biden annonce le retrait de sa candidature

Coup de tonnerre sur la Maison Blanche: Joe Biden a annoncé dimanche renoncer à briguer un second mandat, sa vice-présidente Kamala Harris se disant prête à le remplacer pour « battre Trump » dans une campagne démocrate désormais plongée dans l’inconnu.

Après des semaines d’incertitudes, fragilisé par les doutes sur son acuité mentale, le président américain de 81 ans a annoncé jeter l’éponge très tard dans la campagne, à un mois de la convention qui aurait dû l’introniser candidat. « Je pense qu’il est dans l’intérêt de mon parti et du pays que je me retire et que je me concentre uniquement sur l’exercice de mes fonctions de président jusqu’à la fin de mon mandat », a déclaré M. Biden dans un communiqué. « Aujourd’hui je veux apporter mon soutien total et mon appui à Kamala pour être la candidate de notre parti cette année », a-t-il ajouté sur le réseau social X depuis sa villa balnéaire où il était confiné après avoir contracté le Covid.

Cette annonce choc, attendue malgré les dénégations répétées du principal intéressé, bouleverse une campagne qui a déjà connu de nombreux rebondissements, au premier rang desquels la tentative d’assassinat de Donald Trump le 13 juillet. Kamala Harris, première Afro-Américaine à avoir accédé à la vice-présidence, s’est déclarée dans la foulée prête à « remporter l’investiture » démocrate en vue de « battre Donald Trump ». Âgée de 59 ans, elle affiche une image de jeunesse face à Donald Trump, 78 ans, qui est sorti cette semaine renforcé de la convention d’investiture qui a vu le Parti républicain se mettre en ordre de marche derrière sa candidature.

Un événement qui bouleverse la stratégie du républicain. « Nous devons tout recommencer » a-t-il écrit sur son réseau social, taclant au passage Kamala Harris, qui sera « encore pire » que Joe Biden. Joe Biden a de son côté annoncé qu’il s’adresserait à la nation « plus tard cette semaine ». À New York, la nouvelle n’a pas fait l’unanimité auprès des électeurs. « C’était la bonne chose à faire pour lui », a réagi Gay Joseph. « Il a été poussé par le parti à quitter la course. Je n’étais pas d’accord », estime pour sa part Joanie Daidon, une autre habitante.

Se faisant l’écho des grandes figures de son parti, le chef républicain de la Chambre des représentants Mike Johnson a appelé le président démocrate à « démissionner immédiatement ». Côté démocrate, où la pression sur le président n’a cessé de monter ces dernières semaines, les louanges continuent d’affluer, l’influent chef des démocrates au Sénat Chuck Schumer saluant par exemple un « grand patriote ». Autre ténor démocrate, Nancy Pelosi, ancienne présidente de la Chambre américaine des représentants, a elle loué « l’un des présidents les plus importants de l’histoire américaine ».

Lors de la convention du Parti démocrate, mi-août à Chicago, le choix de Kamala Harris semble aujourd’hui très possible mais ne sera pas automatique pour autant. Elle a déjà reçu un autre appui de poids, l’ancien président Bill Clinton et son épouse Hillary Clinton, ancienne secrétaire d’État, ayant annoncé dimanche leur soutien à Kamala Harris. Très vite, d’autres personnalités du parti démocrate ont annoncé qu’ils la soutenaient, parmi eux: l’ex-secrétaire d’État Américain, John Kerry, la figure de la gauche américaine, Alexandria Ocasio-Cortez et le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, qui était vu comme un possible rival.

Mais l’ex-président Barack Obama, l’une des personnalités démocrates les plus influentes, s’est contenté d’exprimer sa « confiance » dans son parti pour instaurer « un processus qui permettra l’émergence d’un candidat exceptionnel », sans mentionner Kamala Harris. Tout en estimant que Joe Biden était « convaincu que c’était la bonne (décision) pour l’Amérique », Barack Obama a mis en garde les démocrates qui vont « naviguer en terrain inconnu dans les jours à venir ».

Le dernier mot revient aux délégués du Parti démocrate, 3.900 personnes au profil très varié et pour la plupart complètement inconnues du grand public. Le processus de sélection sera « transparent et discipliné », a d’ailleurs promis dans un communiqué le chef du Parti démocrate Jaime Harrison. Le choix de Joe Biden a été salué par plusieurs dirigeants de pays alliés, de l’Australie à Israël, la Russie se disant elle « attentive » à la situation.

C’est la performance calamiteuse de Joe Biden lors de son débat le 27 juin avec Donald Trump qui a précipité les événements. Ce jour-là, c’est un président très affaibli qui est apparu devant les écrans de ses partisans consternés, ne parvenant parfois pas à finir ses phrases. Un spectacle douloureux qui a fait exploser au grand jour les doutes sur son âge, sur lesquels ses proches avaient tenté de maintenir un couvercle. Qui allait être le premier à dégainer pour lui demander d’arrêter là? Des élus démocrates relativement peu connus ont commencé jusqu’à atteindre des poids lourds du parti.

L’un après l’autre, craignant une victoire écrasante de Donald Trump, l’ont lâché, pour la plupart d’abord en privé. Les médias américains, citant des sources anonymes, ont ainsi affirmé que Barack Obama, Nancy Pelosi ou encore Chuck Schumer avaient fait part de leur inquiétude. Et les images d’un Joe Biden récemment testé positif au Covid-19, peinant à descendre la passerelle de son avion, n’ont fait qu’amplifier la nervosité de son camp. Pendant ce temps, Donald Trump, qui a miraculeusement échappé à des tirs pendant un meeting de campagne, semblait, lui, vivre un état de grâce, avec des victoires judiciaires et une consécration lors de la convention du Parti républicain.

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