France
Portrait : Double greffé des poumons, Alexandre Allain sportif à haute dose
Atteint de mucoviscidose, maladie génétique héréditaire et incurable, Alexandre Allain enchaîne les exploits sportifs depuis sa double greffe des poumons. Une opération de 9H00 qui l’a fait renaître à la vie, lui qui étouffait « rien qu’en faisant un pas ».
La veille de sa greffe en 2017, le Sarthois de 26 ans était sous oxygène, en fauteuil roulant. Au bout de ses capacités respiratoires, il attendait depuis un mois le coup de fil lui annonçant qu’un greffon était disponible. D’autres, comme le chanteur Grégory Lemarchal (mort à 23 ans), n’ont pas eu cette chance.
« Avant je toussais 24 heures sur 24, j’étais toujours essoufflé. Aujourd’hui je n’ai plus de kiné, plus de perfusions et je ne suis plus obligé d’être alimenté par sonde la nuit. Je ne prends plus que des médicaments anti-rejet pour la greffe. Ma vie a réellement changé », confie-t-il lors d’un entraînement à la base de loisirs de Brûlon (Sarthe).
Après avoir couru en octobre le marathon de Paris aux côtés de son chirurgien, Alexandre Allain est venu à bout de l’Ironman des Sables d’Olonne (Vendée) début juillet. Arrivé dernier « en 8H25 », il n’en est pas moins fier du résultat, après 1,9 km de natation, 91 km de vélo et 21 km de course pour un gabarit de seulement 50 kilos et 1 mètre 66.
« J’ai pris une grande tasse d’eau de mer et les 20 premiers km de vélo ont été très durs mentalement mais ça reste mon meilleur souvenir. Je n’ai jamais connu une ambiance pareille sur la ligne d’arrivée », assure le jeune homme, qui s’est préparé pendant six mois à raison de 15 heures par semaine.
« C’est une performance exceptionnelle. On a tout repris de A à Z en vélo et natation », explique son coach Nicolas Leroy. « Au début c’était compliqué car il ne nageait que la brasse sur 25 mètres, et en vélo, on a travaillé sur comment pédaler, les coudes sur le guidon, avec des pédales automatiques ».
Volonté « hors norme »
« C’est difficile d’arrêter Alexandre dans ses projets sportifs. Avec lui c’est intense, il a un fort caractère et voyage beaucoup pour expliquer sa maladie », confie son père Jean-Luc, qui tient une entreprise de transport par ambulance.
La mucoviscidose est une maladie génétique pour laquelle il n’existe aucun traitement. Elle touche environ 7.000 personnes en France et fait sécréter du mucus anormalement épais, ce qui obstrue les voies respiratoires et le système digestif.
En se lançant dans des aventures sportives ou en relevant des défis avec des amis, comme un tour de 19 pays d’Europe réalisé en Renault 6 en 2014, ou un tour de l’Atlantique à la voile en 2019, Alexandre souhaite « sensibiliser » à sa maladie et au don d’organes.
« 50% de ces défis c’est pour me prouver des choses, ça me fait vivre, et 50% c’est pour véhiculer un message d’espoir. Quand on a la +muco+, il ne faut pas mettre ses enfants dans une bulle », explique celui qui refuse d »être réduit » à sa maladie.
« Je ne me suis pas fait greffer pour rester assis dans mon canapé à regarder les séries à la télé », écrit-il dans son livre « Un souffle d’espoir » (Ed. Hugo Doc), sorti fin 2021.
Alexandre y raconte sa vie, ses souffrances, la mort de sa mère d’un cancer lorsqu’il avait 13 ans, ainsi que des anecdotes, comme lorsqu’il a obtenu des médecins l’autorisation de quitter pendant deux heures l’hôpital où il était hospitalisé pour assister à un cours de droit en fauteuil roulant.
Son chirurgien Antoine Mugniot évoque un garçon à la volonté « hors normes ». « Il est admirable car il a traversé beaucoup d’épreuves et c’est un magnifique exemple de réussite de la greffe », souligne-t-il.
Si un nouveau médicament améliore aujourd’hui grandement la vie des malades, permettant de n’opter pour la greffe qu’en tout dernier recours en raison des risques de rejet et d’effets secondaires, M. Mugniot rappelle qu' »on manque toujours de donneurs en France ».
Fan de lecture, notamment de biographies, et de politique, Alexandre vient de monter une société de production avec son frère et rêve déjà à son prochain défi.
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Économie
Auchan annonce 2 389 suppressions de postes pour relancer sa croissance
Le groupe de distribution Auchan, après des années de turbulences financières, prévoit la suppression de 2 389 emplois en France dans le cadre d’un plan de redressement. Cette restructuration affectera les sièges, les hypermarchés et entraînera la fermeture de plusieurs points de vente.
Le groupe nordiste Auchan, appartenant au puissant groupe familial Mulliez, a annoncé ce mardi 5 novembre une réduction importante de ses effectifs en France. À l’instar de son concurrent Casino, qui a récemment engagé des démarches similaires, l’enseigne prévoit de supprimer précisément 2 389 postes parmi ses 54 000 salariés. Ce plan vise à rétablir la compétitivité et à réorganiser les activités du distributeur en difficulté, en consolidant sa logistique et en adoptant une nouvelle stratégie commerciale.
Le détail du projet de restructuration révèle que 784 postes seront supprimés dans les sièges de l’entreprise, tandis que 915 postes disparaîtront dans les hypermarchés. De plus, dix magasins, incluant des hypermarchés et des points de proximité, cesseront leur activité, ce qui entraînera la perte de 466 emplois supplémentaires. Plusieurs fonctions au sein des hypermarchés sont également appelées à disparaître, notamment celles de responsables commerciaux, de conseillers en vente, ainsi que des postes liés à la gestion de la masse salariale et à la sécurité.
Afin d’atténuer l’impact social de cette décision, la direction d’Auchan affirme vouloir limiter les licenciements secs. Un plan d’accompagnement a été proposé, intégrant des formations de reconversion, des congés de reclassement et des dispositifs de départ volontaire pour soutenir les salariés touchés.
Face à des années de déclin financier, Auchan espère, par cette réorganisation, retrouver une dynamique de croissance et redéfinir sa présence sur le marché français.
France
Samuel Patry : Un procès sous haute tension pour juger les instigateurs de la haine
Quatre ans après l’assassinat brutal de Samuel Paty, un procès historique s’ouvre pour juger ceux accusés d’avoir participé à la campagne de haine contre le professeur d’histoire. Huit adultes comparaissent pour répondre de leurs actes devant la cour d’assises spéciale de Paris.
L’assassinat de Samuel Paty, décapité le 16 octobre 2020 à Conflans-Sainte-Honorine par Abdoullakh Anzorov, un jeune radicalisé, continue de hanter la société française. Aujourd’hui, huit adultes sont appelés à la barre de la cour d’assises spéciale de Paris pour répondre de leur implication présumée dans cette tragédie. Parmi eux, deux amis de l’assaillant, accusés de complicité d’assassinat terroriste, risquent la réclusion criminelle à perpétuité. Les six autres, accusés de participation à une association de malfaiteurs terroriste, encourent des peines de 30 ans de prison.
Ce procès est d’autant plus marquant que l’accusation dénonce une chaîne d’actes délibérés ayant désigné Samuel Paty comme une cible. En effet, deux des accusés, Brahim Chnina, père de la collégienne à l’origine de fausses accusations contre le professeur, et Abdelhakim Sefrioui, militant islamiste, sont suspectés d’avoir relayé les mensonges de l’adolescente sur les réseaux sociaux. Ces publications, selon les enquêteurs, visaient à attiser la haine et ont contribué à la mise en danger du professeur, figure aujourd’hui devenue symbole de la lutte contre le fanatisme en France.
La révélation de la vulnérabilité de Samuel Paty dans les jours précédant son assassinat renforce le sentiment d’incompréhension et de tragédie. Menacé après un cours sur la liberté d’expression, il avait manifesté sa peur auprès de ses collègues, mais n’a reçu aucune protection, alors qu’il était déjà dans la ligne de mire d’individus radicalisés. Les échanges avec ses collègues, où il confie son sentiment d’insécurité et ses demandes de soutien, témoignent de l’angoisse qui l’habitait, tristement symbolisée par le marteau retrouvé dans son sac à dos, dérisoire tentative de protection personnelle.
La cour présidée par le magistrat Franck Zientara, qui a déjà dirigé le procès de l’attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray, se réunit au sein de la salle des grands procès du palais de justice de Paris, renforçant le caractère historique et symbolique de cette audience. Les débats promettent d’être intenses, avec la participation du Parquet national antiterroriste représenté par Nicolas Braconnay et Marine Valentin, qui rappelleront les enjeux de cette affaire emblématique des défis posés par l’islamisme radical en France.
Pour la famille de Samuel Paty, ce procès est une étape cruciale pour obtenir justice, mais également pour susciter une prise de conscience sociétale. Les avocats de Mickaëlle Paty, l’une des sœurs du professeur, expriment l’espoir que cette audience expose la réalité de l’islamisme radical et renforce la vigilance collective face aux menaces terroristes. Jusqu’au 20 décembre, ce procès devrait, au-delà de l’émotion, poser les bases d’une réflexion sur les responsabilités et les mécanismes de propagande haineuse ayant conduit à la mort de cet enseignant.
France
Budget 2025 : bras de fer sur la lutte contre la fraude fiscale
La Commission des finances de l’Assemblée nationale a voté des amendements proposés par le Nouveau Front Populaire, allouant 590 millions d’euros supplémentaires à la lutte contre la fraude fiscale. Ces mesures, qui incluent la création de 4 500 postes, restent toutefois suspendues à l’approbation de l’hémicycle.
Alors que le gouvernement cherche à économiser 60 milliards d’euros pour redresser les finances publiques, la lutte contre l’évasion fiscale est l’un des secteurs visés par les restrictions budgétaires. Cependant, la Commission des finances de l’Assemblée nationale s’est opposée à cette approche, adoptant jeudi plusieurs amendements déposés par le Nouveau Front Populaire (NFP) afin de renforcer les moyens de lutte contre la fraude fiscale. En plus d’injecter 590 millions d’euros supplémentaires, ces amendements prévoient la création de 4 000 postes d’inspecteurs des Finances et 500 postes de douaniers, ainsi que la mise en place d’un service d’expertise pour analyser les schémas de fraude complexes.
Cette décision, qui inclut également le maintien de 550 postes que le gouvernement envisageait de supprimer au sein de la direction générale des finances publiques (DGFiP), a suscité des tensions au sein de la commission. Les députés du groupe présidentiel, menés par Jean-René Cazeneuve, se sont fermement opposés au projet, dénonçant une inflation des besoins budgétaires qui, selon eux, excède largement les contraintes financières. Perrine Goulet, députée MoDem, a également critiqué la démarche, la qualifiant de « surdimensionnée » et regrettant qu’une telle approche ait peu de chances d’aboutir en l’état. À l’inverse, la gauche parlementaire a vigoureusement soutenu l’initiative. Le député LFI Jérôme Legavre, rapporteur du texte, a souligné la situation critique des services de contrôle fiscal, affirmant que « les services sont actuellement à l’os » malgré l’importance cruciale de leur mission.
Cette augmentation de budget doit néanmoins être ratifiée dans l’hémicycle, où les tractations s’annoncent tendues. Le vote solennel sur la partie « recettes » du budget 2025 est prévu le 7 novembre, bien qu’un report de quelques jours reste envisageable. Le gouvernement n’exclut pas le recours à l’article 49.3 de la Constitution, qui permettrait d’adopter le budget sans vote, un outil potentiellement décisif dans un contexte où le soutien à ces amendements n’est pas assuré.
Les données les plus récentes du ministère de l’Économie soulignent l’ampleur de la fraude fiscale en France, avec 15,2 milliards d’euros recouvrés en 2023, un montant en hausse par rapport aux années précédentes. Cependant, des études récentes estiment que moins de 20 % des sommes frauduleuses sont détectées par les autorités, une évaluation qui motive en partie la démarche du NFP en faveur d’un renforcement des moyens de contrôle.
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