Politique
Politique: Au débat Mélenchon-Zemmour, les « idées s’entrechoquent, même choquantes »
« Vous avez une vision rabougrie de la France », « dans votre camp on guillotine »: sur l’immigration et l’insécurité mais aussi sur le social et l’économique, Jean-Luc Mélenchon et Eric Zemmour se sont opposés à grands renforts d’anathèmes, jeudi soir lors d’un débat sur BFMTV.
Le polémiste d’extrême droite a annoncé la couleur dès l’introduction, en souhaitant que « s’entrechoquent les idées, même choquantes ».
En face, le leader de la France insoumise a espéré que « ce soir ce ne soit pas une guerre de coqs (…) mais un moment de responsabilité » au moment où « la France entre dans sa plus terrible crise sociale et financière ».
Mais le candidat Insoumis à la présidentielle a dû patienter une heure avant d’aborder ce sujet économique et social, et le duel s’est d’abord enflammé sur l’immigration et l’insécurité.
Interrogé pour savoir si la France intégrait ses immigrés, M. Zemmour, qui veut inscrire dans la loi l’obligation de donner à son enfant un prénom dit « français », a répondu qu’il était « contre l’intégration et pour l’assimilation ».
Le polémiste, qui ne cache plus son intention de se présenter pour 2022, a accusé les « élites françaises » d’avoir « fait la folie criminelle de laisser venir des millions et des millions d’immigrés venus de la civilisation arabo-musulmane ». « Les Français se sentent colonisés » et ont une « peur existentielle de disparaître », a-t-il dit.
« Vous êtes un danger pour notre pays. Vous avez une vision rabougrie de la France, vous êtes raciste et vous avez été condamné pour ça », a répliqué Jean-Luc Mélenchon. « Nous serons nombreux à ne pas vous laisser faire, vous ne chasserez pas les musulmans », a ajouté M. Mélenchon à l’encontre de son adversaire, condamné à deux reprises pour provocation à la haine raciale.
« Disque rayé »
Pour Eric Zemmour, la délinquance en France « c’est un jihad, c’est une guerre civile, une guerre de pillage, de vol, de viol ». « Vous avez pas honte ? » lui a demandé M. Mélenchon. « Non pas honte du tout », a répondu M. Zemmour.
Eric Zemmour a craint que la France devienne « un Liban en grand » avec un « peuple français petit à petit remplacé par un autre peuple ».
« La réalité est cauchemardesque », a-t-il dit. « Je vais vous réveiller de votre cauchemar », a répliqué M. Mélenchon qui a accusé le polémiste d’être « l’Iran à l’envers » par sa volonté de contraindre les femmes musulmanes à tomber le voile.
Sur l’économie et le social, Jean-Luc Mélenchon a déroulé son programme, plaidant notamment pour l’augmentation du smic. Sur le plan climatique, il a jugé le « défi immense » et « si on ne fait rien, en 2050, la Camargue, le marais poitevin, Dunkerque et Bordeaux seront sous l’eau ».
M. Zemmour, pro-nucléaire et anti-éoliennes, s’est voulu « plus modeste »: « lui veut sauver la planète, moi je veux simplement sauver la France », a-t-il dit.
Il a reconnu l’existence du réchauffement climatique, tout en glissant: « Je ne suis pas spécialiste, je sais qu’il y a débat ».
Le polémiste a dû sortir du bois sur des thèmes qu’il aborde peu souvent. S’attaquant à un « Etat-providence obèse », il a estimé qu’il « faut réduire ces charges sociales, supprimer les impôts de production », et « il faut que la solidarité soit à nouveau nationale, que nous ne donnions plus le RSA ou les allocations familiales aux étrangers ».
« L’immigration touche à tous les sujets et ça hante les Français », a-t-il ajouté devant l’expression atterrée de son interlocuteur, qui a répliqué en se moquant: « Votre disque est rayé, on part de n’importe quel endroit de la chanson » pour finir sur l’immigration.
Au cours du débat, les longues tirades argumentatives ont succédé à des séquences hachées où les noms d’oiseaux ont volé. « Je vous ai écouté, petit bonhomme », a ainsi lancé Jean-Luc Mélenchon. « Oui grand timonier », a répondu Eric Zemmour, taxé plus tôt de « Woody Wood pecker » qui interromprait sans cesse son adversaire.
Le spécialiste en communication politique Philippe Moreau-Chevrolet, professeur à Sciences Po, a estimé sur Twitter que « Mélenchon est relancé à gauche avec ce débat », « jamais en difficulté ». Tandis qu’Eric Zemmour, « malgré une nervosité palpable, a bénéficié d’une émission tournée entièrement vers ses thématiques » et ne « s’est pas effondré ».
Économie
La loi de finances spéciale promulguée par Emmanuel Macron dans l’attente d’un budget 2025
En attendant la formation d’un nouveau gouvernement, Emmanuel Macron a signé une loi de finances spéciale pour assurer la continuité de l’État en 2025.
Face à une impasse politique, le président Emmanuel Macron a pris une mesure exceptionnelle en promulguant, le 20 décembre, une loi de finances spéciale. Cette décision intervient dans un contexte où la France est en attente d’un nouveau gouvernement, rendant impossible l’adoption d’un budget pour l’année 2025.
Cette loi spéciale, adoptée par le Parlement la semaine précédente, permet au gouvernement actuel de continuer à prélever les impôts et à emprunter pour financer les services de l’État et de la Sécurité sociale. Elle assure ainsi la continuité des fonctions essentielles de l’État pour le début de l’année prochaine. Le rapporteur général de la commission des finances au Sénat, Jean-François Husson, avait souligné que cette mesure est une solution temporaire qui doit être rapidement complétée par un budget définitif.
La promulgation de cette loi de finances spéciale reflète les défis politiques actuels. Laurent Saint-Martin, ministre du Budget démissionnaire, a rappelé sur la plateforme X (anciennement Twitter) que cette loi n’est qu’une solution temporaire et qu’il est impératif de doter le pays d’un budget pour 2025. La situation politique tendue, marquée par des démissions et des incertitudes, rend cette tâche ardue.
François Bayrou, ancien ministre et figure politique influente, a exprimé son espoir de voir un budget adopté vers la mi-février. Il a également indiqué que ce budget serait basé sur les propositions déjà votées au Parlement avant la censure du gouvernement précédent. Cependant, il a reconnu les difficultés à respecter ce calendrier.
L’absence d’un gouvernement stable et la nécessité d’une solution budgétaire rapide soulignent les tensions et les défis auxquels la France fait face. La promulgation de cette loi spéciale, bien que nécessaire, met en lumière l’urgence de former un gouvernement capable de prendre des décisions budgétaires à long terme.
Politique
Affaire des écoutes : Nicolas Sarkozy définitivement condamné à un an de prison
La Cour de cassation a rendu son verdict final, condamnant Nicolas Sarkozy à un an de prison ferme dans l’affaire des écoutes.
Dans une décision qui marque un tournant historique, la Cour de cassation a confirmé, ce mercredi 18 décembre, la condamnation de Nicolas Sarkozy à un an de prison ferme pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire des écoutes téléphoniques. Cette affaire, également connue sous le nom de « Paul Bismuth », a mis en lumière des pratiques illégales qui ont terni la carrière politique de l’ancien chef de l’État.
L’ancien président, qui fêtera ses 70 ans le 28 janvier prochain, a vu son appel rejeté, scellant ainsi son sort judiciaire. La peine prononcée inclut également trois ans d’inéligibilité, un coup dur pour celui qui a déjà été à la tête de la France. Malgré cette condamnation, son avocat, Me Patrice Spinosi, a affirmé que Nicolas Sarkozy « se conformera évidemment à la sanction prononcée », tout en laissant entendre qu’un recours devant la Cour européenne des droits de l’homme pourrait être envisagé.
Cette affaire ne constitue toutefois qu’une partie des ennuis judiciaires de Nicolas Sarkozy. À partir du 6 janvier, il devra faire face à une autre procédure, celle des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007. Les accusations sont lourdes : corruption passive, financement illégal de campagne électorale, association de malfaiteurs et recel de détournement de fonds publics libyens. Dans ce dossier, il risque jusqu’à dix ans de prison et cinq ans d’inéligibilité supplémentaires.
De plus, en 2025, la Cour de cassation devra se prononcer sur le pourvoi de l’ancien président dans l’affaire Bygmalion, où il a été condamné pour des dépenses excessives lors de sa campagne de 2012. Ces multiples affaires judiciaires dessinent un tableau complexe de la fin de carrière de Nicolas Sarkozy, qui, malgré ses dénégations, semble de plus en plus acculé par la justice.
L’ère judiciaire de Nicolas Sarkozy, marquée par ces multiples procès, interroge non seulement sur l’intégrité de l’homme politique mais aussi sur la capacité de la justice à traiter de tels cas avec équité et rigueur. La condamnation ferme de l’ancien président, la première de ce niveau pour un ex-chef de l’État, pose une question fondamentale sur l’impunité des figures politiques de premier plan et sur l’application de la loi à tous, sans distinction de rang ou de statut.
France
Macron nomme Bayrou à Matignon pour tenter de dénouer la crise politique
Emmanuel Macron place ses espoirs en François Bayrou pour apaiser les tensions politiques. Le nouveau Premier ministre devra naviguer entre les exigences des partis et les impératifs économiques.
Emmanuel Macron a pris une décision audacieuse en nommant François Bayrou à Matignon, espérant ainsi résoudre la crise politique qui sévit depuis la dissolution de l’Assemblée nationale et la censure de Michel Barnier. Cette nomination, annoncée vendredi, marque un tournant dans la stratégie du président pour rétablir la stabilité politique.
L’objectif de cette nomination est clair : réconcilier les différentes factions politiques. Bayrou, figure emblématique du centre et allié de longue date de Macron, a pour mission de dialoguer avec les partis de l’opposition, des communistes à la droite, afin de trouver un terrain d’entente. Son expérience politique, notamment en tant que ministre de l’Éducation et candidat à la présidence, lui confère une stature de conciliateur. Cependant, sa tâche s’annonce ardue dans un contexte où les défis économiques et sociaux sont pressants.
L’urgence du budget pour 2025, laissé en suspens par la censure, impose une priorité immédiate. Avec une dette publique et un déficit qui pèsent lourdement, Bayrou devra naviguer entre les attentes des agriculteurs mécontents et les exigences des entreprises en difficulté. La pression est d’autant plus forte que l’Assemblée nationale examinera lundi un projet de loi spéciale visant à éviter une paralysie de l’État.
Le nouveau Premier ministre devra également composer avec les partis d’opposition. Bien que la gauche soit divisée sur son soutien, les Républicains et le Rassemblement national ont adopté des positions nuancées. Le gouvernement d’intérêt général que Bayrou est chargé de former devra être « resserré », selon les mots de l’entourage présidentiel, et se concentrer sur les priorités nationales sans recourir aux mesures controversées comme le 49.3.
Bayrou a été préféré à d’autres candidats potentiels comme Bernard Cazeneuve ou Sébastien Lecornu, reflétant la volonté de Macron de renforcer le centre et d’éviter une cohabitation. Sa nomination, bien que consensuelle, n’est pas sans critiques. La France insoumise prépare déjà une motion de censure, tandis que les socialistes et les communistes exigent des garanties sur la politique gouvernementale.
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