En première ligne de la réforme des retraites, le ministre du Travail a indiqué que le Parquet national financier lui reprochait « une infraction formelle de favoritisme ».
Le ministre du Travail Olivier Dussopt a annoncé que le parquet national financier (PNF) avait retenu l’infraction de « favoritisme » dans l’affaire de deux œuvres d’art qu’il a reçues en cadeau en 2017.
Dans une note de synthèse adressée à son avocat, « le parquet considère qu’il subsiste un seul grief, en l’occurrence une infraction formelle de favoritisme dans un marché public de 2009 », a déclaré Olivier Dussopt à l’AFP, ajoutant qu’« aucune corruption » ne lui est reprochée.
À la suite de révélations de Mediapart, une enquête préliminaire pour prise illégale d’intérêt avait été ouverte contre Olivier Dussopt, à propos de deux lithographies du peintre Gérard Garouste offertes par le géant de l’eau Saur en 2017, alors qu’il était député-maire d’Annonay.
Confronté par le site d’investigations, il avait d’abord invoqué un cadeau d’« ami » fait par Franck Meneroux, l’un des dirigeants de la Saur en Ardèche, avant de reconnaître « un cadeau de l’entreprise » offert à l’occasion d’un entretien.
L’enquête devait vérifier de possibles faits de « corruption » et de « prise illégale d’intérêt ». C’est dans ce cadre qu’en mai 2020, sa résidence en Ardèche avait été perquisitionnée par l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales.
« Quatre sur cinq des griefs n’ont aucune consistance »
En première ligne sur la réforme contestée des retraites, le ministre du travail indique ce vendredi soir dans sa déclaration que le PNF « a fait son travail et a procédé à une enquête et de multiples investigations qui ont fait émerger cinq griefs possibles ».
« Mes expressions orales et écrites ont largement convaincu le Parquet », explique-t-il, assurant que le PNF « considère que quatre sur cinq de ces griefs n’ont aucune consistance et les a classés sans suite ». Olivier Dussopt ajoute qu’aucune « corruption ne (lui est) donc reprochée ».
Ces deux lithographies avaient été offertes par un dirigeant local de la Saur, groupe français de traitement de l’eau, alors qu’un contrat était sur le point d’être conclu entre la ville d’Annonay (Ardèche) et cette entreprise. Le contrat, négocié depuis 2016, a été formellement signé six mois plus tard, le 1er juin 2017.
Olivier Dussopt avait alors expliqué n’avoir pas déclaré ces lithographies à la déontologue de l’Assemblée nationale − comme c’est requis pour tout cadeau de plus de 150 euros − car il « ignorait la valeur » des deux tableaux. Il les avait ensuite restitués.