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Mort de Jean-Claude Carrière, un conteur entre cinéma et littérature

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Il était « plus attiré par son différent que par son semblable » : écrivain et scénariste prolifique, Jean-Claude Carrière, mort lundi à 89 ans, laisse à ceux qui l’ont lu ou ont travaillé avec lui l’image d’un « magicien des mots ».

Apprécié autant par la critique que par le public, celui qui se définissait comme un « conteur » était un véritable athlète de l’écriture, à la croisée du cinéma, du théâtre et de la littérature.

« Il possédait tous les talents et excellait en tout », a résumé l’éditrice Odile Jacob : « C’était un géant de la création ».

Il a signé une soixantaine de scénarios ainsi qu’environ 80 ouvrages (récits, essais, comme ses Dictionnaires amoureux de l’Inde et du Mexique, traductions, fictions, entretiens). Il a été acteur, dramaturge et parolier pour Juliette Gréco, Brigitte Bardot ou Jeanne Moreau.

Carrière avait « un charme et une intelligence dingues », a salué le président du Festival de Cannes Pierre Lescure. Son prédécesseur Gilles Jacob a lui aussi rendu hommage à son « intelligence prodigieuse », sa « culture phénoménale », son « style limpide » et sa « conversation éblouissante ».

« Il y a quelque chose en moi qui se satisfait d’être au service d’un auteur, de se couler dans sa pensée, de l’adapter au mieux. Je n’ai pas d’ego », assurait cet humaniste distingué, affable, à la grande puissance de travail et à l’humour corrosif.

Jean-Claude Carrière a placé sa vie sous le signe des « rencontres, des amitiés et des maîtres de vie », comme le Dalaï Lama, avec lequel il a écrit un livre, ou Luis Bunuel, avec lequel il collabora dix-neuf ans durant, jusqu’à sa mort. C’était « un père spirituel », a salué dans un dernier « adieu » le petit-fils du cinéaste espagnol et actuel directeur des programmes de France Télévisions, Diego Bunuel.

Autre rencontre importante : le dramaturge britannique Peter Brook pour qui il adapta à la scène « Mahâbhârata », épopée de la mythologie hindoue, présentée pendant neuf heures au festival d’Avignon en 1985 devant un public sous le choc.

La passion des religions

« Radicalement athée », mais « passionné par la religion et ses déviances », étranger à tout fanatisme, il a écrit sur le bouddhisme, l’hindouisme ou le christianisme avec son roman le plus célèbre, « La controverse de Valladolid », sur la conquête du Nouveau-monde par les Espagnols, décliné en pièce et adaptation télévisée.

On lui doit également des travaux sur l’islam, par ses traductions de poésie persane, avec son épouse, l’écrivaine iranienne Nahal Tajadod, dont il a eu une fille.

Oscar d’honneur en 2014 pour son oeuvre de scénariste, il est au générique de films majeurs: « Le Journal d’une femme de chambre », « Belle de jour » et « Le charme discret de la bourgeoisie » (Luis Bunuel), « Taking Off » (Milos Forman), « Borsalino » (Jacques Deray), « Le tambour » (Volker Schlondorff, Palme d’or à Cannes), « Danton » (Andrzej Wajda, prix Louis Delluc 1982), « L’insoutenable légèreté de l’être » (Philipp Kaufman), « Cyrano de Bergerac » (Jean-Paul Rappeneau), « Le retour de Martin Guerre » (Daniel Vigne), qui lui vaut le César du meilleur scénario en 1983.

Né le 17 septembre 1931 à Colombières-sur-Orb (Hérault) de parents viticulteurs montés près de Paris en 1945 pour ouvrir un café, Carrière était un élève brillant.

Devenu boursier, il s’est hissé jusqu’à Normale Sup. A 26 ans, il signe son premier roman, « Le Lézard », fait son service militaire en Algérie, rencontre le réalisateur Jacques Tati et le débutant Pierre Etaix. Avec ce dernier, il reçoit l’Oscar 1962 du meilleur court-métrage de fiction pour « Heureux anniversaire ».

Bibliophile, passionné par le dessin, l’astrophysique, le vin et bien d’autres choses encore, amateur de tai-chi-chuan (art martial), Jean-Claude Carrière a présidé pendant dix ans la Fémis, la prestigieuse école de cinéma. Toujours très actif malgré l’âge, il avait écrit en 2018 un dernier essai, « La vallée du néant », et cosigné en 2020 le scénario du long-métrage « Le sel des larmes » de Philippe Garrel.

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Décès de María Branyas Morera, doyenne de l’humanité, à 117 ans

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Décès de María Branyas Morera, doyenne de l'humanité, à 117 ans

María Branyas Morera, doyenne de l’humanité, est décédée paisiblement dans son sommeil à l’âge de 117 ans. Survivante de la grippe espagnole, de deux guerres mondiales, et du Covid-19, elle laisse derrière elle une vie marquée par une longévité exceptionnelle.

María Branyas Morera, l’Espagnole considérée comme la doyenne de l’humanité, s’est éteinte mardi à l’âge de 117 ans, selon une annonce de sa famille sur son compte X. Résidente de longue date dans une maison de retraite à Olot, en Catalogne, María Branyas avait vu le jour le 4 mars 1907 à San Francisco, aux États-Unis, avant de revenir en Espagne avec sa famille en 1915.

Durant sa vie, elle avait survécu à des événements historiques majeurs, dont la pandémie de grippe espagnole de 1918, les deux guerres mondiales, la guerre civile espagnole, ainsi qu’au Covid-19, qu’elle avait contracté en 2020 à l’âge de 113 ans. Elle avait guéri de cette infection en quelques jours, démontrant une résilience impressionnante face aux épreuves de la vie.

Sa famille, dans un hommage émouvant, a partagé ses derniers mots : « Un jour, je partirai d’ici (…) et je cesserai d’exister dans ce corps. La mort me trouvera épuisée d’avoir vécu si longtemps, mais je veux qu’elle me trouve souriante, libre et satisfaite. » Elle est morte comme elle le souhaitait : paisiblement, dans son sommeil, sans douleur.

María Branyas avait succédé à la Française Lucile Randon, décédée en janvier 2023, comme doyenne de l’humanité, selon le US Gerontology Research Group et le Livre Guinness des records. Avec son décès, la Japonaise Tomiko Itooka, âgée de 116 ans, devient la personne la plus âgée encore en vie.

Mariée en 1931 à un médecin, avec qui elle a eu trois enfants, María Branyas a connu la perte de son fils aîné à l’âge de 86 ans. Elle laisse également derrière elle 11 petits-enfants et de nombreux arrière-petits-enfants.

Son ADN avait été étudié par une équipe de l’Université de Barcelone pour comprendre les secrets de sa longévité. Le chercheur Manel Esteller avait exprimé son étonnement face à son état de santé remarquable pour une personne de son âge, notant qu’elle était lucide, sans maladie cardiovasculaire, mais souffrait seulement de problèmes de mobilité et d’audition.

María Branyas Morera s’ajoute à l’histoire des plus grandes longévités, aux côtés de Jeanne Calment, la Française qui détient toujours le record de longévité avec ses 122 ans et 164 jours.

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Culture

Décès : Alain Delon, icône du cinéma, s’est éteint à 88 ans

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Décès : Alain Delon, icône du cinéma, s'est éteint à 88 ans

Le légendaire acteur français Alain Delon, qui a marqué le cinéma de son empreinte, est décédé à l’âge de 88 ans, entouré de ses proches dans sa maison de Douchy.

Un monstre sacré du cinéma français est parti. Alain Delon, figure emblématique du grand écran, est décédé à l’âge de 88 ans. La triste nouvelle a été annoncée ce dimanche matin par ses trois enfants, Alain-Fabien, Anouchka, et Anthony, dans un communiqué commun transmis à l’AFP.

« Alain Fabien, Anouchka, Anthony, ainsi que (son chien) Loubo, ont l’immense chagrin d’annoncer le départ de leur père. Il s’est éteint sereinement dans sa maison de Douchy, entouré de ses trois enfants et des siens », ont-ils déclaré d’une même voix.

L’acteur légendaire de « Plein soleil » et « Le Samouraï », qui a captivé des générations de spectateurs, a rejoint les étoiles, un adieu poétique faisant écho à la symbolique chère à Delon. « Il s’en est allé rejoindre (la Vierge) Marie parmi ses étoiles si chères à son cœur. Sa famille vous prie de bien vouloir respecter son intimité, dans ce moment de deuil extrêmement douloureux », poursuit le communiqué. Alain Delon est décédé « très tôt au milieu de la nuit », ont précisé ses enfants.

Rarissime à l’écran depuis la fin des années 90, Alain Delon avait toutefois fait les gros titres à l’été 2023, lorsque ses enfants avaient porté plainte contre sa dame de compagnie, Hiromi Rollin, qu’ils accusaient d’abus de faiblesse. Cette affaire avait ravivé les tensions familiales, ses enfants se déchirant publiquement sur l’état de santé de la star, affaiblie par un lymphome et un AVC en 2019.

En mai 2019, Alain Delon avait fait une dernière apparition marquante sur la scène du Festival de Cannes, recevant une Palme d’or d’honneur, non sans émotion. « C’est un peu un hommage posthume, mais de mon vivant », avait déclaré l’acteur avec son style unique, lors de cette cérémonie. Delon, qui a marqué l’histoire du cinéma avec des films comme « Plein soleil » (1960), « Rocco et ses frères » (1960), « Le Guépard » (1963), et « La Piscine » (1969), s’en va en laissant derrière lui une carrière légendaire et des millions de fans en deuil.

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Décès : L’animateur Patrice Laffont est mort à 84 ans

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Décès : L'animateur Patrice Laffont est mort à 84 ans

Figure majeure de la télévision populaire des années 70, 80 et 90 avec les jeux « Des chiffres et des lettres », « Fort Boyard » et « Pyramide », l’animateur Patrice Laffont est mort mercredi, deux semaines avant ses 85 ans.

Patrice Laffont, figure emblématique de la télévision française des années 70, 80 et 90, est décédé mercredi, à l’âge de 84 ans, deux semaines avant son 85ème anniversaire. L’information, confirmée par France Télévisions, a été initialement rapportée par France Bleu. L’animateur a succombé à un accident cardiaque dans sa maison d’Oppède, située dans le Luberon.

L’annonce de sa disparition a suscité une onde de choc et une immense tristesse dans le monde de la télévision. Cyril Féraud, animateur de France 2 et lointain héritier de Patrice Laffont, a exprimé sa profonde émotion sur le réseau social X, déclarant : « Je ne peux pas y croire. Dévasté de tristesse ». Jean-Luc Reichmann, animateur de TF1, a également réagi en se disant « littéralement sous le choc ». Nathalie Simon, qui avait animé « Intervilles » aux côtés de Laffont au milieu des années 2000, a salué « la classe et toujours le bon mot » de l’animateur, tandis que Delphine Ernotte Cunci, présidente de France Télévisions, a reconnu l’impact durable de Laffont sur les jeux télévisés, les qualifiant de « programmes devenus mythiques ».

Né dans une famille prestigieuse, Patrice Laffont était le fils de l’éditeur Robert Laffont et le père de la comédienne Axelle Laffont. Son parcours professionnel a été marqué par une association étroite avec la deuxième chaîne publique, Antenne 2, qui deviendra plus tard France 2. Pendant 17 ans, de 1972 à 1989, il a été le visage du jeu télévisé « Des chiffres et des lettres », captivant des millions de téléspectateurs chaque après-midi. France Télévisions a récemment annoncé l’arrêt de ce programme, marquant la fin d’une ère après plus de 50 ans de diffusion.

Laffont a également marqué les esprits en animant « Fort Boyard » de 1990 à 1999, un jeu d’aventure qui reste l’une des émissions les plus emblématiques de la télévision française. Sophie Davant, qui a co-animé « Fort Boyard » avec lui, a décrit Laffont comme un « joueur dans l’âme » et un « compagnon professionnel délicieux ». L’émission, qui se déroule dans le fort éponyme entre l’île d’Aix et l’île d’Oléron, combine épreuves sportives et énigmes, avec des personnages pittoresques comme Passe-Partout et le père Fouras.

En plus de « Fort Boyard » et « Des chiffres et des lettres », Patrice Laffont a animé « Pyramide » de 1991 à 2001. Après une baisse de popularité à la télévision au début des années 2000, il est retourné au théâtre, renouant avec ses premières amours. Il avait débuté sur les planches dans les années 60, au cours Furet, où il a côtoyé des artistes alors inconnus comme Michel Sardou et Michel Fugain. Patrice Laffont avait également écrit les paroles des premières chansons de Michel Sardou et joué des rôles mineurs au cinéma, notamment dans « Le Gendarme de Saint-Tropez » (1964).

La disparition de Patrice Laffont laisse un vide immense dans le paysage audiovisuel français. Sa carrière, marquée par une élégance naturelle, un humour piquant et une voix de velours, restera gravée dans la mémoire de nombreux téléspectateurs. En rendant hommage à cette figure iconique, la ministre de la Culture sortante, Rachida Dati, a salué l' »espièglerie » et l' »humour » de Patrice Laffont, rappelant qu’il était une « figure connue et appréciée de tous les Français ».

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