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Les cavaliers du désert mauritanien, rempart contre l’extrémisme

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Dans l’immensité saharienne, une unité militaire atypique veille à la sécurité des frontières grâce à une alliance entre traditions nomades et technologies modernes.

Au cœur des étendues arides du sud-est mauritanien, une unité d’élite se déplace avec une agilité surprenante. Armés de kalachnikovs et vêtus de turbans noirs, ces soldats montent des dromadaires tout en pilotant des drones dernier cri. Ces méharistes, héritiers des troupes coloniales françaises, sont devenus un pilier de la stratégie sécuritaire du pays face à la menace jihadiste venue du Mali voisin.

Contrairement aux véhicules blindés, souvent inadaptés aux terrains mouvants, les dromadaires permettent de patrouiller sur des centaines de kilomètres sans encombre. Leur endurance légendaire en fait des alliés indispensables pour surveiller une frontière poreuse de 2 200 km. Depuis 2019, cette unité a été renforcée grâce à des financements européens, passant de 50 à 150 hommes et disposant désormais d’un cheptel de 400 bêtes.

Leur mission va au-delà de la simple surveillance. En établissant un dialogue avec les communautés nomades, souvent marginalisées, les méharistes jouent un rôle clé dans la prévention du recrutement jihadiste. Soins vétérinaires, restitution de bétail volé et distribution de médicaments contribuent à tisser un lien de confiance avec les populations locales.

La maîtrise des points d’eau, essentiels dans ces régions hostiles, constitue un autre levier stratégique. En construisant des puits le long des routes de transhumance, les autorités favorisent la sédentarisation tout en facilitant le contrôle des mouvements transfrontaliers. Des villages émergent ainsi autour de ces oasis artificielles, offrant des services rudimentaires mais vitaux aux habitants.

Si la Mauritanie n’a pas subi d’attaque terroriste depuis 2011, cette réussite ne repose pas uniquement sur les méharistes. Une surveillance étatique rigoureuse et des projets de développement ciblés complètent ce dispositif. Cette approche intégrée suscite l’intérêt d’autres pays sahéliens, comme le Niger ou le Tchad, qui pourraient s’inspirer de ce modèle unique en son genre.

Dans l’ombre des dunes, ces cavaliers modernes incarnent une réponse originale aux défis sécuritaires du Sahel, mêlant savoir-faire ancestral et innovations technologiques. Leur présence discrète mais efficace rappelle que, dans le désert, la patience et l’adaptation valent souvent mieux que la force brute.

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