Économie
Les Bourses mondiales sourient à l’hypothèse Biden à la Maison Blanche
Les Bourses mondiales montaient jeudi au moment où le démocrate Joe Biden se rapprochait de la Maison Blanche, même si le scrutin extrêmement serré face à Donald Trump n’était pas encore définitivement scellé.
L’Europe se réveillait de bonne humeur: Paris gagnait 1,08%, Francfort 1,26%, Londres 0,37% et Milan 1,47% peu après l’ouverture, vers 9H25 (8H25 GMT).
Peu auparavant, les Bourses asiatiques ont nettement progressé à la clôture.
A Tokyo, l’indice vedette Nikkei a pris 1,73% marquant un plus haut annuel et son premier retour au-delà du cap symbolique des 24.000 points depuis janvier. L’indice élargi Topix a gagné 1,39%.
En Chine, l’indice composite de Shanghai a pris 1,30% et celui de Shenzhen 1,67%, tandis qu’à Hong Kong, l’indice Hang Seng a bondi de 3,25%.
Le pétrole reculait pour sa part: le baril new-yorkais de WTI pour livraison en décembre perdait 0,84% à 38,82 dollars et le baril londonien de Brent pour livraison en janvier 0,75% à 40,92 dollars.
Les investisseurs s’accommodaient de la perspective d’un pouvoir fragmenté aux Etats-Unis ces prochaines années, entre une Chambre des représentants à majorité démocrate et un Sénat sous contrôle des républicains, avec donc, potentiellement, un chef de l’Etat démocrate.
Une telle situation « va rendre difficile de modifier en profondeur la taxation des entreprises et la réglementation dans les nouvelles technologies », comme souhaitent le faire les démocrates, a commenté Juichi Wako, stratégiste chez Nomura Securities.
C’est notamment ce qui a permis au secteur technologique américain d’enregistrer des gains impressionnants mercredi, notamment Alphabet et Facebook. Jeudi, les contrats à terme sur les indices boursiers américains affichaient encore une nette hausse, portés par l’indice Nasdaq.
– Arizona, Wisconsin, Michigan –
Les jeux ne sont pas faits encore. Mais avec l’Arizona, le Wisconsin et le Michigan désormais en poche, Joe Biden était jeudi matin, à l’heure européenne, aux portes de la Maison Blanche.
S’il décrochait encore une victoire dans le Nevada, en Géorgie ou en Pennsylvanie, il atteindrait le nombre minimum des 270 grands électeurs nécessaires pour être élu président des Etats-Unis.
Donald Trump, qui avait prématurément revendiqué sa victoire, a toutefois commencé à déposer des recours juridiques, exigeant notamment un recompte des voix dans le Wisconsin et demandant la suspension du dépouillement en Pennsylvanie. Il a aussi menacé confusément mercredi d’aller jusqu’à la Cour suprême.
Les investisseurs misaient également sur l’instauration rapide d’un stimulus budgétaire d’envergure aux Etats-Unis, complètement empêché par les batailles politiciennes de la campagne présidentielle dans un pays pourtant très durement frappé par la pandémie de Covid-19.
« Peu importe qui gagne », estime l’analyste d’Axi Milan Cutkovic, car « les deux partis sont forcés de réagir rapidement à la pression qui monte sur l’économie américaine » en mettant un programme d’aide en place.
Nouvelle administration
Toutefois, s’inquiète Gilles Moec, chef économiste d’Axa, « à ce stade il sera extrêmement difficile de compter sur un stimulus avant la mise en place d’une nouvelle administration », en janvier donc.
« Et même si on peut imaginer que l’on trouvera un compromis sur un stimulus minimal, je doute qu’il soit à la hauteur de ce qui était attendu », ajoute-t-il.
Le temps presse pourtant. Un record de près de 100.000 contaminations par le coronavirus en 24 heures a été enregistré aux Etats-Unis, ce qui ravive les incertitudes sur la reprise de la première économie mondiale.
Du côté des devises, le dollar faiblissait légèrement face au yen, à mesure que diminuaient les incertitudes sur l’issue de l’élection américaine. Un dollar s’échangeait pour 104,30 yens contre 104,52 yens jeudi vers 8H30 GMT. L’euro montait face à la monnaie américaine à 1,1752 dollar, contre 1,1726 dollar la veille.
Les valeurs technologique tenaient une fois de plus la dragée haute dans le contexte d’incertitude: le géant japonais des investissements dans les nouvelles technologies SoftBank Group, très sensible à la forme du Nasdaq, a clôturé en forte hausse de 5,12% à 6.870 yens à Tokyo, tandis que Nintendo a pris 2,17% à 57.910 yens.
En Chine, Alibaba, proche de Ant Group, a ainsi regagné 6,28% à la Bourse de Hong Kong à la clôture, et Tencent 6,2%.
Côté européen, Infineon bondissait de 4,2% en Allemagne, en tête du Dax, tandis que Worldline en France prenait 2,80%.
Économie
Gaz américain et européen au plus haut depuis un an, pour des raisons différentes
Le prix du gaz naturel a atteint un sommet inédit depuis un an, avec des causes distinctes selon les continents.
Le marché du gaz naturel a connu une flambée spectaculaire, atteignant des sommets jamais vus depuis plus d’un an, tant en Europe qu’aux États-Unis. En Amérique du Nord, les fluctuations météorologiques ont été le moteur principal de cette hausse, tandis qu’en Europe, les tensions géopolitiques ont été le catalyseur.
Aux États-Unis, les prévisions météorologiques ont joué un rôle crucial dans l’envolée des prix. Selon Masanori Odaka de Rystad Energy, les prévisions de températures inférieures aux normales saisonnières dans l’Ouest des États-Unis pour la première semaine de décembre ont stimulé la demande de gaz naturel. Eli Rubin d’EBW Analytics Group a noté que cette situation marque un tournant après un automne particulièrement doux qui avait jusqu’alors maintenu la consommation à un niveau bas. La perspective d’un hiver rigoureux a incité les spéculateurs à se couvrir, entraînant une hausse des prix qui a dépassé plusieurs seuils techniques. Cependant, la production pourrait augmenter en réponse à ces prix plus attractifs, ce qui pourrait stabiliser ou même faire baisser les cours si les conditions météorologiques redeviennent clémentes.
En Europe, le contexte est différent mais tout aussi préoccupant. Le TTF néerlandais, référence pour le marché européen, a vu ses prix grimper en raison de l’arrivée de l’hiver, mais surtout à cause des tensions géopolitiques. Gazprom, le géant gazier russe, a interrompu ses livraisons à l’Autriche, exacerbant les inquiétudes sur l’approvisionnement. De plus, un regain de tension militaire entre la Russie et l’Occident, illustré par l’utilisation de missiles balistiques, a contribué à cette hausse des prix. Ces événements rappellent la fragilité des marchés énergétiques face aux aléas géopolitiques.
Sur le marché du pétrole, les prix du Brent et du WTI ont également augmenté, reflétant une certaine solidarité avec le gaz naturel, bien que les dynamiques de marché soient distinctes. Le Brent a terminé à 74,23 dollars le baril, tandis que le WTI a atteint 70,10 dollars, soulignant une tendance haussière générale dans le secteur énergétique.
Économie
Ryanair menace d’arrêter de desservir dix aéroports régionaux français
En réponse à une hausse de la taxation aérienne, Ryanair envisage de réduire sa présence dans les régions françaises dès janvier 2025.
Face à la perspective d’une augmentation significative de la taxation du secteur aérien inscrite dans le budget 2025, la compagnie aérienne low-cost Ryanair a publiquement menacé de cesser ses opérations dans dix aéroports régionaux français. Cette décision, si elle est mise à exécution, pourrait avoir des répercussions importantes sur la connectivité aérienne des régions françaises, déjà fragilisées par des défis économiques et concurrentiels.
Le gouvernement, dans une tentative de combler un déficit budgétaire plus élevé que prévu, propose un triplement de la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA) et une augmentation de la taxation des passagers de jets privés, visant à collecter un milliard d’euros supplémentaires. Cette mesure, bien que destinée à renforcer les finances publiques, pourrait entraîner une réduction drastique des services aériens dans les régions, selon Jason McGuinness, directeur commercial de Ryanair. Il a souligné que cette augmentation des taxes rendrait de nombreuses routes non viables économiquement, affectant particulièrement les zones rurales et moins desservies.
Ryanair, qui dessert actuellement 22 aéroports en France, dont deux près de Paris, envisage de réduire sa capacité de 50% dans les aéroports régionaux si le projet de taxation se concrétise. Cette menace n’est pas isolée; le PDG de Ryanair, Michael O’Leary, avait déjà indiqué des réductions de capacités en France et en Allemagne en réponse à des politiques fiscales similaires.
La compagnie aérienne, déjà confrontée à des défis opérationnels tels que des retards de livraison d’appareils et une demande en baisse, considère que l’augmentation de la TSBA représente un « problème fondamental pour la connectivité des régions françaises ». McGuinness a souligné l’intense concurrence entre les aéroports européens pour attirer des lignes aériennes, indiquant que Ryanair orienterait ses ressources vers les régions et pays offrant des conditions fiscales plus favorables.
Les impacts potentiels de cette réduction de service ne sont pas seulement économiques pour les régions concernées, mais également culturels et sociaux, en isolant davantage des territoires déjà en marge. La Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (Fnam) a également mis en garde contre une baisse du trafic aérien pouvant atteindre 2% sur l’ensemble du territoire, avec des conséquences encore plus marquées pour les aéroports accueillant des compagnies à bas coûts.
Économie
Après Michelin, ArcelorMittal envisage la fermeture de deux sites en France
Après Michelin, le géant ArcelorMittal annonce la possible cessation d’activité de ses centres de Reims et Denain, menaçant 130 emplois.
La sidérurgie française fait face à un nouveau coup dur avec l’annonce d’ArcelorMittal, deuxième sidérurgiste mondial, qui envisage la fermeture de deux de ses sites en France. Cette décision, motivée par une baisse significative de la demande dans les secteurs de l’industrie et de l’automobile, pourrait entraîner la suppression de 130 emplois, principalement à Reims et à Denain.
Le 19 novembre 2024, lors d’une réunion avec le Comité Social et Économique (CSE), ArcelorMittal Centres de Services a présenté un projet de réorganisation et d’adaptation de ses capacités de production. Cette réorganisation inclut potentiellement la cessation d’activité des sites de Reims et de Denain. La direction a expliqué que cette mesure était rendue nécessaire par une « forte baisse d’activité chez ses clients de l’industrie et de l’automobile », soulignant que cette situation s’était aggravée ces derniers mois.
Les répercussions sociales de cette annonce sont immédiates et profondes. Environ 100 emplois seraient menacés à Reims et 30 à Denain. David Blaise, délégué syndical central CGT, et Xavier Le Coq, coordinateur CFE-CGC, ont exprimé leur inquiétude face à cette situation, pointant du doigt une gestion de crise qui, selon eux, ne prévoit pas suffisamment de solutions alternatives. Blaise critique notamment l’absence d’anticipation de la part de la direction, déplorant que « rien n’a été anticipé » pour faire face à la crise de l’automobile.
ArcelorMittal prévoit des négociations avec les syndicats pour discuter des mesures sociales visant à atténuer l’impact sur l’emploi. Cependant, les réactions sont vives : le site de Denain s’est mis en grève immédiatement, et des actions sont prévues sur l’ensemble des sites d’ArcelorMittal en France pour les prochains jours. Ces mouvements de protestation reflètent une frustration croissante parmi les salariés, encore marqués par la fermeture des hauts fourneaux de Florange en 2012.
Le contexte économique actuel, marqué par une réduction des ventes dans l’automobile, a déjà conduit Michelin à annoncer la fermeture de ses usines de Vannes et Cholet, affectant 1.254 emplois. Le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, a reconnu que d’autres annonces de fermetures pourraient suivre, soulignant néanmoins la nécessité de soutenir les secteurs industriels en croissance.
Cette situation illustre une crise plus large au sein de l’industrie manufacturière européenne, particulièrement dans l’automobile où 32.000 suppressions de postes ont été annoncées au premier semestre chez les équipementiers. La question de la diversification et de l’adaptation des entreprises à un marché en mutation est désormais plus que jamais d’actualité.
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