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Le Turkménistan face à l’avancée inexorable des sables

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Au cœur du désert du Karakoum, les habitants et les autorités déploient des stratégies de verdissement pour contenir l’érosion des sols, un défi écologique et économique majeur pour toute l’Asie centrale.

Le village de Bokourdak, perdu dans l’immensité du Karakoum, illustre la pression exercée par la désertification. Ses habitants, les goumly, voient depuis des années leur environnement se transformer sous l’effet de dunes mobiles qui redessinent le paysage et compliquent l’existence. Pour tenter de fixer ces masses de sable, la population, avec l’appui de chercheurs, a entrepris de planter des espèces végétales locales, notamment le saxaoul, un arbre rustique aux racines profondes.

Cette initiative locale s’inscrit dans une problématique régionale beaucoup plus vaste. En Asie centrale, la dégradation des terres, attribuée à la fois aux aléas climatiques et aux pratiques humaines comme le surpâturage, progresse à un rythme soutenu. Les conséquences sont lourdes, pesant sur les écosystèmes comme sur les économies nationales. Les organisations internationales estiment que ce phénomène coûte à la région l’équivalent de plusieurs points de croissance annuelle.

Les autorités turkmènes ont fait de la lutte contre l’avancée des zones arides une priorité affichée, mettant en œuvre des campagnes de plantation à grande échelle. Le discours officiel vante régulièrement les millions d’arbres plantés et la transformation du territoire en un espace verdoyant. Cette mobilisation est souvent incarnée par les plus hautes figures de l’État, qui participent symboliquement aux opérations de reboisement.

Sur le terrain, les méthodes évoluent. Les scientifiques privilégient désormais des essences endémiques, mieux adaptées aux conditions climatiques extrêmes, plutôt que des espèces importées. Le saxaoul, capable de puiser l’eau en profondeur et de stabiliser le sol, constitue ainsi un rempart végétal privilégié. Des ceintures vertes ont été établies aux abords de la capitale, Achkhabad, pour protéger la ville des incursions sableuses.

Cependant, cet effort de verdissement se heurte à une contrainte majeure, le stress hydrique. L’aridité croissante et la hausse des températures augmentent les besoins en eau des jeunes plants, compliquant leur établissement. Face à cette difficulté, la recherche explore des pistes innovantes, comme l’utilisation de micro-organismes pour fixer les dunes et améliorer la rétention d’humidité.

La bataille contre le désert reste ainsi un travail de longue haleine, où chaque arbre mature représente une victoire fragile. Elle nécessite une vigilance constante et un entretien soutenu, dans un paysage où la frontière entre la terre habitable et l’étendue aride est constamment redéfinie par le vent et le sable.

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