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Culture

Le parcours exceptionnel d’Alan Geaam, de l’exil à la consécration

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Du dénuement à la reconnaissance internationale, le chef franco-libanais Alan Geaam effectue un retour remarqué dans son pays d’origine, porteur d’un projet gastronomique ambitieux.

Arrivé en France dans des conditions précaires il y a vingt-cinq ans, Alan Geaam revient aujourd’hui au Liban auréolé d’une étoile Michelin. Le chef a été nommé à la tête des restaurants de l’hôtel Le Gray, établissement beyrouthin récemment rénové après les dommages subis lors de l’explosion portuaire de 2020. Cette nomination marque un aboutissement pour celui qui avait quitté Tripoli en 1999 avec pour seul viatique l’ambition de réaliser son rêve français.

Son parcours épouse les contours d’une ascension méthodique. Débarqué près de la tour Eiffel sans logement ni ressources, il gravit successivement tous les échelons de la restauration, du poste de plongeur à celui de propriétaire. La consécration intervient en 2018 lorsqu’il obtient la prestigieuse distinction gastronomique, fait rare pour un chef d’origine libanaise. Ses établissements parisiens se distinguent par une alliance subtile entre patrimoine culinaire français et influences orientales, qualifiée par les guides de métissage particulièrement réussi.

Malgré son implantation française et sa réussite professionnelle établie, Alan Geaam n’a jamais rompu le lien affectif qui l’unit à sa terre natale. Il confie que l’éloignement constituait pour lui une forme de nostalgie permanente. Son installation à Beyrouth répond ainsi à une démarche personnelle autant que professionnelle, visant à concilier ses attaches familiales en France avec ce qu’il qualifie de projet sentimental au Liban.

Au sein de l’hôtel Le Gray, le chef supervisera trois concepts distincts, dont le restaurant Padam, dédié aux cuisines française et italienne, et Qasti, établissement portant le nom de son bistrot parisien qui mettra à l’honneur la gastronomie libanaise. Spécialiste des mariages culinaires, Alan Geaam affectionne particulièrement l’intégration de saveurs orientales dans des préparations occidentales, comme en témoigne sa création à base de foie gras associé à la mélasse de grenade.

Le chef attribue sa philosophie culinaire à l’influence déterminante de sa mère, Elham, qu’il présente comme son mentor fondamental. C’est elle qui lui a transmis l’idée que la cuisine procède avant tout d’une relation humaine, exigeant générosité et attention à autrui. Né au Liberia avant de grandir dans les quartiers populaires de Tripoli, Alan Geaam manifeste dès l’enfance une passion exclusive pour les arts culinaires, préférant les émissions gastronomiques aux divertissements traditionnels.

Son départ du Liban intervient après une jeunesse marquée par les conflits, dont son logement familial porta les stigmates. Le parcours migratoire fut semé d’embûches, depuis le recours à des passeurs jusqu’à l’installation clandestine en France. C’est par l’observation patiente qu’il s’appropria les codes de la gastronomie française, attendant deux décennies avant d’explorer pleinement les potentialités de sa culture culinaire d’origine. Aujourd’hui, il arbore sur sa veste deux drapeaux brodés, symboles de cette double appartenance qui nourrit son inspiration créative.

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