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Le Kosovo devient la nouvelle terre d’accueil des détenus étrangers européens

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Un accord controversé avec le Danemark ouvre la voie à une externalisation carcérale inédite, suscitant craintes et opportunités.

Le Kosovo s’apprête à accueillir des centaines de détenus condamnés par la justice danoise dans le cadre d’un partenariat pénitentiaire sans précédent. Signé en 2022 et validé par les autorités kosovares deux ans plus tard, ce contrat prévoit le transfert de près de 300 prisonniers étrangers, exclusivement non condamnés pour terrorisme ou crimes de guerre. Une fois leur peine purgée sur le sol kosovar, ils seront renvoyés dans leur pays d’origine. En contrepartie, le Danemark versera 210 millions d’euros, une manne financière non négligeable pour le pays.

Un établissement spécialisé, situé près de Pasjak à une cinquantaine de kilomètres de Pristina, est en cours d’aménagement pour répondre aux normes danoises. Les détenus y bénéficieront d’ateliers professionnels, allant de la couture à l’impression, dans un cadre censé respecter les standards européens. Toutefois, cette initiative divise. Les habitants de la région, comme Zeke Zeka, maire du village voisin, s’interrogent sur les risques sécuritaires. « Pourquoi le Danemark se débarrasserait-il de ses prisonniers s’ils ne représentaient pas un danger ? », s’inquiète-t-il.

Les surveillants locaux, eux, redoutent une pression accrue. Bien que leur rémunération reste inchangée, ils devront appliquer des procédures bien plus strictes, calquées sur le modèle danois. « Nous serons soumis à des exigences bien plus élevées sans compensation », confie l’un d’eux sous couvert d’anonymat.

Malgré les réserves exprimées par plusieurs instances internationales, dont le Comité contre la torture de l’ONU, cette expérience pourrait faire école. La France et la Suède ont déjà manifesté leur intérêt pour des solutions similaires, face à la surpopulation carcérale. Le Kosovo, disposant de capacités excédentaires, pourrait ainsi devenir une plaque tournante de la détention externalisée en Europe. Une perspective qui ne fait pas l’unanimité, même chez les responsables locaux. « D’autres pays nous ont approchés, mais nous devons d’abord nous concentrer sur nos propres défis », tempère Ismail Dibrani, directeur des services pénitentiaires kosovars.

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