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Le Canada resserre sa politique migratoire, plongeant des milliers de résidents temporaires dans l’incertitude

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Après des années d’ouverture, le gouvernement fédéral opère un revirement significatif en réduisant drastiquement ses seuils d’immigration. Cette inflexion bouleverse les projets de nombreux travailleurs qualifiés et étudiants étrangers, remettant en cause la réputation traditionnelle du pays.

La trajectoire migratoire du Canada connaît un infléchissement marqué. Après avoir largement accru ses admissions pour pallier les pénuries de main-d’œuvre post-pandémie, les autorités fédérales ont engagé, depuis environ un an, un resserrement progressif des critères et des quotas. Cette réorientation se traduit par une baisse notable du nombre de résidents permanents admis, ainsi que par une réduction substantielle des permis accordés aux travailleurs temporaires et aux étudiants internationaux.

Les conséquences de ce changement de cap sont déjà tangibles. Les dernières données démographiques officielles indiquent une diminution de la population au cours du dernier trimestre, un phénomène inédit depuis plusieurs années, attribué en partie au départ d’étudiants étrangers. Pour des milliers d’individus établis sur le territoire avec un statut précaire, l’horizon s’assombrit brusquement. La suppression récente de certains programmes provinciaux, autrefois voie d’accès à la résidence permanente, a anéanti les espoirs de nombreuses familles.

Le cas de Mansef Aloui, arrivé de Tunisie il y a deux ans avec sa famille, illustre cette précarité soudaine. Après avoir tout quitté pour offrir un avenir à ses enfants, il se retrouve confronté à l’expiration imminente de son permis de séjour, sans perspective de régularisation. Son récit, empreint de désarroi, est partagé par de nombreux autres résidents temporaires qui se sentent désormais contraints de préparer leur départ.

Le gouvernement justifie ce recentrage par la nécessité de reprendre le contrôle d’un système jugé parfois déséquilibré et de ramener les flux à un niveau soutenable. Cette approche répond également à une évolution de l’opinion publique. Les préoccupations concernant l’impact de l’immigration sur le marché du logement et les services publics se sont accentuées dans la population, un sentiment que certains observateurs estiment être instrumentalisé dans le débat politique.

Des chercheurs spécialisés pointent un effritement du consensus historique qui entourait la question migratoire au Canada. L’augmentation rapide des flux temporaires, distincts du modèle traditionnel d’intégration permanente, aurait contribué à cette remise en question. Pour des familles intégrées, maîtrisant les langues officielles et contribuant à l’économie, ce durcissement est vécu comme une forme de rupture de contrat, générant un profond sentiment d’injustice.

Si le ton du débat public a évolué, les analystes soulignent que les mesures canadiennes restent sans commune mesure avec les politiques restrictives observées dans certaines autres nations occidentales. Néanmoins, pour ceux qui voient leurs projets s’effondrer, cette distinction est abstraite. Ils perçoivent avant tout la fin d’un parcours semé d’embûches administratives et l’effondrement d’un rêve de stabilité patiemment construit.

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