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L’Assemblée débat de l’euthanasie, divisée entre « liberté » et « rupture éthique »

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« Ultime liberté » contre « rupture éthique »: l’Assemblée nationale a commencé à débattre jeudi dans une atmosphère à la fois grave et passionnée de l’euthanasie, mais sans espoir concret d’aboutir face à des milliers d’amendements.

Le député d’opposition Olivier Falorni, auteur de la proposition de loi ouvrant un droit à « une fin de vie libre et choisie », a été accueilli dans l’hémicycle par un tonnerre d’applaudissements de ses partisans, présents sur tous les bancs.

Les Français « sont une immense majorité à être favorables au droit à l’euthanasie », une « ultime liberté » pour « éteindre en paix la lumière de notre existence », a-t-il lancé.

Il a fustigé les milliers d’amendements à son texte, placés symboliquement en pile devant lui, visant à « empêcher l’Assemblée de voter » sur l’ensemble de la proposition dans le délai imparti, avant minuit.

Il a toutefois obtenu en début de soirée une victoire symbolique avec le large rejet, par 256 voix contre 56, d’amendements qui auraient supprimé le premier article de son texte.

Le ministre de la Santé Olivier Véran pour sa part s’est déclaré personnellement « pas convaincu qu’il faille ouvrir aujourd’hui ce débat d’envergure », citant notamment le lourd contexte de la pandémie de Covid-19.

« Le débat mérite d’avoir lieu, ça ne fait aucun doute » mais il a « besoin de temps », sur un sujet aussi « sensible », a estimé M. Véran.

Il a toutefois promis une meilleure application de la loi actuelle, dite Claeys-Leonetti, qui prévoit une sédation profonde et continue pouvant mener à la mort, mais sans euthanasie active.

Les clivages sur ce sujet douloureux traversent tous les groupes politiques.

« C’est peut-être l’un de sujets les plus graves de notre mandat », a souligné Marc Le Fur (LR).

A contre-courant de très nombreux parlementaires LR, Eric Woerth a répondu « oui » à « la compatibilité entre le suicide assisté et notre modèle de civilisation ».

Dans la majorité, Agnès Firmin-Le Bodo (groupe Agir) a plaidé pour la « liberté de choisir notre mort et de l’encadrer », une position reprise par de nombreux élus dans la majorité comme l’opposition.

« transgression »

Mais face à la mobilisation des partisans de l’euthanasie, « les doutes sont aussi largement partagés sur ces bancs », a souligné Aurore Bergé (LREM).

Des doutes exprimés par le communiste Pierre Dharréville face à une « rupture éthique »: « Qui sommes-nous pour donner la mort? N’est-ce pas une transgression? Quelle humanité voulons-nous être », s’est-il interrogé.

Très applaudie, Anne Genetet, autre « marcheuse », a rappelé en tant que médecin que son serment d’Hippocrate « dit que je ne donnerai jamais la mort volontairement ».

Le texte est examiné dans le cadre d’une journée réservée au groupe Libertés et Territoires de M. Falorni.

Il permettrait le possible recours à une « assistance médicalisée active à mourir » pour toute personne « capable et majeure, en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable », ne pouvant être « apaisée » ou jugée par elle « insupportable ».

Parmi ses soutiens, les présidents de quatre groupes parlementaires: Jean-Luc Mélenchon (LFI), Valérie Rabault (PS), Olivier Becht (Agir) et Bertrand Pancher (Libertés et territoires).

Ses adversaires les plus farouches entendent toutefois contrer son adoption dans le temps contraint des « niches » parlementaires limitées à une journée, avec une avalanche d’amendements – plus de 3.000, dont 2.300 émanant d’une poignée de députés LR.

Une « obstruction » dénoncée à cor et à cri par les partisans de M. Falorni, auxquels ces opposants répondent par le « droit imprescriptible » à déposer des amendements.

La présidente de la commission des Affaires sociales Fadila Khattabi (LREM) a déploré que les échanges soient de fait « censurés par quelques parlementaires opposés au sujet de la fin de vie ».

Des voix célèbres se sont élevées ces derniers jours dans les deux camps: la comédienne Line Renaud pour appuyer « un progrès essentiel », l’écrivain Michel Houellebecq pour estimer qu’avec cette loi, la France perdrait « tout droit au respect ».

Les partisans du texte soulignent que l’euthanasie active avec assistance médicale est déjà permise en Belgique, en Suisse et aux Pays-Bas, et que l’Espagne et le Portugal viennent de légiférer en sa faveur.

Emmanuel Macron n’avait pas pris d’engagement en 2017 sur ce sujet, hormis indiquer qu’il préfèrerait personnellement choisir sa fin de vie.

 

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JO Paris 2024 : la Pologne enverra des soldats pour aider à la sécurisation de la compétition

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JO Paris 2024 : la Pologne enverra des soldats pour aider à la sécurisation de la compétition

La Pologne va prêter main forte à la France. Le ministre polonais de la Défense a annoncé que son pays allait envoyer « une force opérationnelle composée de nos soldats, y compris avec des chiens renifleurs » pour aider à la sécurisation des Jeux olympiques de Paris.

Le ministre polonais de la Défense a annoncé jeudi que son pays allait envoyer des renforts militaires pour aider à la sécurisation des Jeux olympiques à Paris, alors que la France est en alerte maximale face à la menace d’attentats.

« Les forces armées polonaises rejoindront la coalition internationale mise en place par la France pour soutenir la préparation et la sécurité des Jeux olympiques d’été 2024 », a déclaré sur le réseau social X Wladyslaw Kosiniak-Kamysz, sans préciser le nombre de soldats déployés. « Une force opérationnelle composée de nos soldats, y compris avec des chiens renifleurs, sera déployée à Paris. Son objectif principal sera d’entreprendre des opérations de détection d’explosifs et de lutte contre le terrorisme », a ajouté le ministre.

Selon la porte-parole de l’état-major de l’armée polonaise, « les décisions ont déjà été prises ». « Nous sommes en train de construire une ‘task force’ pour les JO », a indiqué Joanna Klejszmit, en ajoutant que le chef d’état-major des armées françaises, Thierry Burkhard, effectuait jeudi une visite en Pologne.

Le gouvernement français a décidé dimanche dernier, immédiatement après l’attentat contre la salle de concert de Moscou où 143 personnes ont péri, de relever le plan Vigipirate à son niveau maximal, « urgence attentat », à quatre mois des Jeux olympiques à Paris.

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Algérie : le massacre du 17 octobre 1961 condamné par l’Assemblée nationale

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Algérie : le massacre du 17 octobre 1961 condamné par l’Assemblée nationale

Jeudi, l’Assemblée nationale a approuvé une proposition de résolution condamnant la répression meurtrière des Algériens lors du massacre du 17 octobre 1961 sous l’autorité du préfet de police Maurice Papon. Le texte préconise également l’inscription d’une journée de commémoration de cet événement dans l’agenda des journées nationales et des cérémonies officielles.

La proposition de loi, portée par l’écologiste Sabrina Sebaihi et la députée Renaissance Julie Delpech, a été votée par 67 députés, tandis que 11 ont voté contre, provenant principalement du Rassemblement national.

Mme Sebaihi a salué ce vote comme une « première étape » dans le travail de reconnaissance de ce « crime colonial » et de « crime d’Etat ». Bien que le terme « crime d’Etat » ne soit pas inclus dans le texte final, il représente néanmoins un pas significatif vers la reconnaissance de cet événement tragique.

La proposition de résolution a été élaborée avec le parti présidentiel et l’Elysée dans le but de parvenir à un consensus. Mme Sebaihi a souligné l’importance de se souvenir des victimes et de leurs familles, tout en reconnaissant le travail de mémoire déjà entrepris. En 2012, le président François Hollande avait rendu hommage aux victimes, suivi par Emmanuel Macron en 2021, déclarant que les crimes commis étaient « inexcusables pour la République ».

Cependant, certaines réserves ont été exprimées quant à l’instauration d’une journée de commémoration spécifique pour le 17 octobre 1961. La députée socialiste Valérie Faure a souligné l’existence de trois dates pour commémorer les événements liés à la guerre d’Algérie, estimant qu’il était essentiel de laisser l’histoire faire son travail avant d’envisager une nouvelle journée commémorative.

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Voile à l’école: vague d’indignation après le départ d’un proviseur menacé de mort

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Voile à l'école: vague d'indignation après le départ d'un proviseur menacé de mort

Le départ anticipé du proviseur du lycée parisien Maurice-Ravel, menacé de mort après un incident lié au port du voile par une élève, provoque une vague d’indignation.

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