Nous rejoindre sur les réseaux

Monde

La croisade de Trump, un défi inédit pour la démocratie américaine

Article

le

la-croisade-de-trump,-un-defi-inedit-pour-la-democratie-americaine

Les institutions ont tenu bon face aux coups de boutoir de Donald Trump, qui refuse toujours de concéder sa défaite à la présidentielle. Mais la démocratie américaine, considérablement secouée, pourrait peiner à s’en remettre.

Avant même le 3 novembre, le milliardaire républicain avait assuré que le scrutin serait « truqué », ce qu’il répète depuis à chaque occasion, malgré la nette victoire du démocrate Joe Biden en voix (sept millions d’avance) et en grands électeurs (306 contre 232).

« On n’a jamais vu un président sortant agir ainsi », même en cas de course serrée, souligne David Farber, professeur d’histoire à l’Université du Kansas. « La légitimité de nos institutions n’a jamais été autant mise en cause, à part pendant la Guerre de Sécession. »

Faisant état de « fraudes massives » sans en apporter la preuve, Donald Trump et ses alliés ont introduit une cinquantaine de plaintes dans tout le pays et exercé des pressions sur les autorités en charge du dépouillement.

Les juges, y compris ceux de la Cour suprême, et les élus locaux, même républicains, n’ont pas cédé et les grands électeurs se retrouveront lundi, dans chaque Etat, pour enregistrer leurs votes. « Les Américains peuvent en être fiers », estime M. Farber.

Mais le discours présidentiel a fait mouche auprès d’une partie de la population: un tiers des Américains pensent que Joe Biden doit sa victoire à des fraudes, un chiffre qui monte à 77% chez les électeurs de Donald Trump, selon un sondage de l’université Monmouth.

« Ce type de poison peut s’infiltrer dans la démocratie et miner la légitimité des politiques conventionnelles », craint l’historien. « On verra comment les choses vont tourner mais il y a clairement un danger pour la République. »

« Peur »

Les accusations de Donald Trump ont prospéré dans un contexte propice, relève Wendy Schiller, professeure de sciences politiques à l’université Brown.

A cause de la pandémie, les gens n’ont plus de discussions dans les lieux de culte, de travail ou de fête. En parallèle, ils consomment encore plus de médias mais choisissent ceux qui confortent leurs vues, comme les petites chaînes Newsmax et OAN pour les pro-Trump. « Il n’y a plus de place pour la contradiction », dit-elle.

« On peut vraiment choisir sa réalité aujourd’hui, en choisissant quelles chaînes suivre et quels sites consulter. (…) Ce n’est pas très bon pour la démocratie, parce que cela solidifie les opinions », assure également Thomas Holbrook, professeur de politiques publiques à l’Université du Wisconsin.

En se murant dans le silence ou en embrassant les thèses du président, les élus républicains du Congrès ont encore renforcé les doutes des électeurs conservateurs.

« Il n’y a personne en qui ils aient confiance qui dise le contraire de Donald Trump », regrette Michael Nelson, politologue au Rhodes College, pour qui ces élus sont paralysés par la « peur de mettre leur base en colère ».

« Mauvais perdant »

Dans ce contexte, Joe Biden devrait rencontrer de « vives résistances » pendant les six premiers mois de sa présidence, prédit Wendy Schiller. Pour l’universitaire, elles se tasseront quand la population sera vaccinée contre le Covid-19, que l’économie redécollera et que « les gens verront que Trump est bien parti ».

« Aux Etats-Unis, nous avons la chance d’avoir un Etat de droit solide. Je ne suis donc pas trop inquiet pour l’année à venir », estime également Michael Nelson, qui craint toutefois de « voir la démocratie s’éroder » lors des prochains scrutins présidentiels.

Donald Trump « a abaissé la barre de ce qui est acceptable », et les perdants pourraient désormais se tourner systématiquement vers les tribunaux, craint aussi M. Holbrook.

Quant à ceux qui se disent convaincus que l’élection était truquée, « c’est dur de déterminer si cela reflète une conviction profonde » ou si c’est un réflexe de « mauvais perdant » pour se sentir mieux, dit-il.

Si la première hypothèse se confirmait, cela pourrait « élever le seuil de tolérance pour des formes de protestation potentiellement illégales », met-il en garde. « Les gens mécontents pourraient accepter des actions marginales, comme celles des milices. »

Le week-end dernier, des dizaines de personnes armées ont ainsi encerclé la maison de l’élue du Michigan en charge des élections. Sur une vidéo de la scène, publiée sur internet, une des manifestantes s’engage à « continuer à se battre pour rendre l’élection au président » Donald Trump. « Ce n’est qu’un début », promet-elle.

Click to comment

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Monde

Gaspillage alimentaire: face à l’ampleur du phénomène dans le monde, l’ONU appelle à agir

Article

le

Gaspillage alimentaire: face à l'ampleur du phénomène dans le monde, l'ONU appelle à agir

L’Organisation des Nations unies pour l’environnement sonne l’alarme face à la crise du gaspillage alimentaire dans le monde, appelant à des mesures urgentes pour contrer ce phénomène. Un rapport publié révèle que 1,05 milliard de tonnes de nourriture ont été gaspillées en 2022, représentant un cinquième de tous les aliments disponibles pour les consommateurs.

Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), les ménages sont les principaux responsables de ce gaspillage, ayant gâché 631 millions de tonnes de nourriture en 2022, suivi par le secteur de la restauration (290 millions de tonnes) et le secteur de la vente au détail (131 millions de tonnes).

Ce gaspillage a un impact significatif sur l’environnement et la société, souligne Clémentine O’Connor de l’ONU environnement, en contribuant aux émissions de gaz à effet de serre, notamment de méthane, responsable de l’augmentation des températures mondiales. De plus, ces pertes représentent 940 milliards de dollars de pertes économiques annuelles, alors que près de 783 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde.

Richard Swannel de l’ONG britannique Wrap souligne que le gaspillage alimentaire n’est pas seulement un problème des pays riches, mais concerne également les pays à faible revenu, avec seulement 7 kg de différence de gaspillage par personne et par an entre les deux catégories. Des exemples de réussite, tels que la réduction de 31 % du gaspillage alimentaire au Japon et de 18 % au Royaume-Uni, démontrent qu’une action concertée peut apporter des résultats positifs.

Le PNUE insiste sur la nécessité d’une action immédiate, soulignant que seul un nombre limité de pays dispose de données consolidées sur le gaspillage alimentaire. Malgré les engagements pris en 2022 par les pays du monde entier pour réduire de moitié le gaspillage alimentaire d’ici 2030, davantage d’efforts sont nécessaires pour atteindre cet objectif.

Lire Plus

Europe

Julian Assange obtient un nouveau répit pour contester son extradition

Article

le

Julian Assange obtient un nouveau répit pour contester son extradition

La Haute Cour de Londres a accordé à Julian Assange un sursis supplémentaire dans sa lutte contre son extradition vers les États-Unis. Les magistrats ont donné trois semaines au gouvernement américain pour fournir des garanties sur la procédure judiciaire entourant le fondateur de WikiLeaks en cas d’extradition.

Cette décision fait suite à un recours de M. Assange, qui souhaitait une ultime audience en appel pour contester son extradition. Les magistrats britanniques ont exigé des garanties de la part des États-Unis, notamment concernant le traitement de M. Assange en tant que ressortissant australien, l’assurance qu’aucune peine de mort ne serait requise à son encontre, ainsi que sa protection en vertu du premier amendement de la Constitution américaine, garantissant la liberté d’expression.

Si ces garanties ne sont pas jugées suffisantes par la justice britannique, une nouvelle audience sera organisée pour débattre à nouveau de la légitimité de la demande d’appel de Julian Assange. En revanche, si les garanties sont considérées comme valables, l’audience en appel aura lieu et une décision sera prise sur le fond de l’affaire.

Cette décision accorde à Julian Assange quelques semaines de répit et lui offre une nouvelle opportunité de se défendre. Cependant, une extradition reste possible à l’issue de cette procédure. En cas d’extradition, M. Assange pourra encore faire appel devant la Cour européenne des droits de l’homme.

La justice américaine poursuit Julian Assange pour avoir publié plus de 700 000 documents confidentiels sur les activités militaires et diplomatiques américaines à partir de 2010, en partenariat avec plusieurs médias internationaux, dont Le Monde. Parmi ces documents, une vidéo montrait des civils, dont des journalistes, tués par un hélicoptère de combat américain en Irak en 2007.

Julian Assange avait été arrêté par la police britannique en 2019 après sept ans passés à l’ambassade d’Équateur à Londres pour éviter son extradition vers la Suède dans une affaire d’enquête pour viol, classée sans suite la même année.

Des voix se sont élevées pour exhorter le président américain Joe Biden à abandonner les dix-huit chefs d’accusation retenus contre Julian Assange, qualifiés d’espionnage, durant le mandat de Donald Trump. La santé de M. Assange, détenu depuis cinq ans dans la prison de haute sécurité de Belmarsh à Londres, suscite également des préoccupations, certains craignant un risque de suicide en cas d’extradition.

Lire Plus

Monde

Sénégal : Bassirou Diomaye Faye, le candidat de la « rupture », remporte la présidentielle

Article

le

Sénégal : Bassirou Diomaye Faye, le candidat de la « rupture », remporte la présidentielle
Sénégal : Bassirou Diomaye Faye, le candidat de la « rupture », remporte la présidentielle

Libéré de prison il y a dix jours seulement, le vainqueur de la présidentielle a assuré lors de sa première déclaration officielle que son pays resterait « l’allié sûr et fiable » de tous les partenaires étrangers « respectueux ». Emmanuel Macron lui a adressé ses vœux de réussite.

Les rues de Dakar ont été le théâtre d’une explosion de joie lorsque les premières tendances de l’élection présidentielle ont été annoncées, révélant la victoire du candidat de l’opposition, Bassirou Diomaye Faye. Les partisans de l’opposition ont célébré cette victoire avec enthousiasme, tandis que le candidat de la majorité, Amadou Ba, a reconnu sa défaite.

Amadou Ba, lors d’une déclaration à ses partisans au siège de l’Alliance pour la République, avait exprimé son espoir d’un second tour. Cependant, dès le lendemain matin, les médias sénégalais ont unanimement proclamé la victoire écrasante de Bassirou Diomaye Faye. Plusieurs autres candidats, y compris d’anciens rivaux politiques, ont également félicité le vainqueur.

La défaite du camp présidentiel constitue un revers significatif, les résultats indiquant une large défaite dans toutes les grandes villes du pays. Cette défaite est interprétée comme un vote de sanction contre les 12 années de pouvoir de Macky Sall, marquées par des promesses non tenues et des scandales de corruption.

Le scrutin s’est déroulé dans le calme, avec une participation estimée à plus de 61 % selon la société civile. Les Sénégalais, impatients de voter après plusieurs reports, ont exprimé leur satisfaction quant à la conduite pacifique du processus électoral.

Bassirou Diomaye Faye, relativement peu connu jusqu’à son arrestation en mai 2023, devient ainsi le cinquième président du Sénégal et le plus jeune jamais élu. Son élection intervient dans un contexte de grandes attentes de la population, en particulier des jeunes, pour un changement significatif dans le pays.

Le nouveau président a promis de ne jamais trahir les Sénégalais et s’est engagé à œuvrer pour un allègement du coût de la vie et une refondation des institutions. Son défi principal sera de réconcilier une nation divisée après des années de tensions politiques.

Lire Plus

Les + Lus