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La Ciivise en lutte pour sa crédibilité face à l’ampleur des violences pédocriminelles

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Malgré un travail de fond ayant révélé l’ampleur des violences sexuelles sur mineurs, la commission indépendante déplore aujourd’hui un manque de soutien politique et de moyens pour concrétiser ses préconisations.

La Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants traverse une période délicate. Après avoir contribué à une prise de conscience collective sur l’ampleur de ces violences, l’instance peine désormais à transformer ses recommandations en actions tangibles. Les observateurs pointent un décalage entre les ambitions affichées et les ressources allouées.

Initialement présidée par le juge Édouard Durand, la Ciivise avait su imposer son expertise et briser de nombreux tabous. Ses travaux ont mis en lumière que près d’un enfant sur dix serait concerné par des violences sexuelles. Le recueil de trente mille témoignages et la formulation de quatre-vingt-deux recommandations avaient marqué une étape significative. Pourtant, deux ans après la publication de ces préconisations, leur mise en œuvre reste limitée.

Le départ du magistrat Durand et la réduction de moitié du budget ont fragilisé la structure. La nouvelle équipe dirigeante, composée de bénévoles aux engagements professionnels multiples, doit composer avec des moyens réduits. Certains membres évoquent une perte d’influence et regrettent l’absence de porteur principal pour défendre leurs positions.

Des tensions internes sont apparues, notamment sur la question de l’imprescriptibilité des crimes sexuels sur mineurs. La recherche d’une voix unie devient un enjeu majeur pour la crédibilité future de l’institution. Le secrétariat général tente aujourd’hui d’apaiser les dissensions et de restaurer une dynamique collective.

Quelques avancées méritent d’être soulignées. Le programme d’éducation affective et sexuelle dans les établissements scolaires se déploie progressivement. Le renforcement des vérifications des antécédents des professionnels travaillant avec des enfants a permis d’écarter plusieurs milliers de personnes présentant des risques. Une proposition de loi s’inspirant des travaux de la commission sera prochainement examinée au Sénat.

Néanmoins, pour de nombreux experts, ces progrès restent insuffisants au regard des enjeux. La demande récurrente d’études complémentaires est perçue comme une stratégie dilatoire. La question des moyens financiers continue de se poser avec acuité, alors que les conséquences des violences sur la santé des victimes engendrent des coûts sociétaux considérables.

L’avenir de la commission s’annonce incertain. Entre les attentes des associations, les contraintes budgétaires et les divergences internes, la Ciivise doit retrouver son rôle de locomotive dans la protection de l’enfance. Son parcours illustre les difficultés rencontrées par les instances indépendantes à transformer l’essai de leurs travaux en politiques publiques pérennes.

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