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La burqa afghane, un symbole en déclin face aux nouvelles générations

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En Afghanistan, la burqa, longtemps imposée aux femmes, perd du terrain au profit de tenues jugées plus pratiques. Pourtant, sous le régime taliban, les restrictions vestimentaires restent une réalité quotidienne.

En Afghanistan, la burqa, ce voile intégral bleu emblématique, semble progressivement s’effacer des rues. Les jeunes générations lui préfèrent désormais des tenues comme l’abaya ou le voile, perçues comme plus confortables. Cependant, cette évolution ne signifie pas une libération des contraintes imposées par les talibans, qui exigent toujours que les femmes se couvrent entièrement le corps et le visage en public.

Razia Khaliq, une brodeuse de Mazar-e-Sharif, témoigne de ce changement. À 38 ans, elle porte la burqa depuis son adolescence, suivant la tradition familiale. Pourtant, sa fille, dans la vingtaine, a opté pour l’abaya et le voile, une tendance qui se répand parmi les jeunes Afghanes. « C’est plus pratique », explique-t-elle, soulignant que la burqa, souvent jugée étouffante, est désormais surtout portée par les femmes plus âgées.

Les autorités talibanes, au pouvoir depuis 2021, maintiennent une ligne dure en matière de code vestimentaire. Si la burqa n’est plus strictement imposée, les femmes doivent se couvrir intégralement, que ce soit avec une abaya, un voile ou un masque médical. Nassima, une quadragénaire, affirme que « montrer son visage est un péché », mais reconnaît que l’abaya offre plus de liberté. Pour les jeunes comme Tahmina Adel, 23 ans, cette obligation vestimentaire s’ajoute à d’autres restrictions, comme l’interdiction d’accéder à l’université.

Malgré ces contraintes, les réseaux sociaux influencent les choix vestimentaires. Les abayas, disponibles en divers modèles et couleurs, sont devenues populaires, reflétant les tendances des pays musulmans voisins. Cependant, les talibans restent vigilants. Dans les bâtiments publics, les femmes sont souvent rappelées à l’ordre si leur tenue ne respecte pas les normes imposées. Niha, 22 ans, raconte avoir été réprimandée pour ne pas avoir porté la burqa lors de démarches administratives.

L’industrie de la burqa elle-même évolue. Aujourd’hui, la majorité de ces voiles intégraux sont importés de Chine, moins chers et plus résistants que les modèles traditionnels en coton. Cependant, leur matière synthétique les rend inconfortables, surtout en été. Les vendeurs proposent désormais une variété de couleurs et de maillages, adaptés aux préférences locales ou aux besoins spécifiques, comme un grillage plus espacé pour les femmes ayant des problèmes de vue.

Pour Sabrina, 23 ans, originaire de Kandahar, la burqa reste une épreuve quotidienne. Elle se souvient de sa première expérience avec ce vêtement, il y a quatre ans, lorsqu’elle a dû l’enfiler après le retour des talibans. « Je ne voyais pas mon chemin, je ne savais pas si j’allais à droite ou à gauche », confie-t-elle. Malgré les difficultés, elle doit s’y plier pour éviter les réprimandes.

Ainsi, si la burqa perd de son omniprésence, elle reste un symbole fort des restrictions imposées aux femmes afghanes. Entre tradition et modernité, les Afghanes naviguent dans un contexte où chaque choix vestimentaire est un acte de résistance ou de conformité face à un régime qui continue de limiter leurs libertés.

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