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Équateur, l’enfer carcéral et l’échec de la répression

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Derrière les opérations militaires dans les prisons équatoriennes, la situation humanitaire se dégrade dramatiquement. Les décès de détenus, qu’ils soient dus à la violence ou à la maladie, ont explosé, révélant l’impuissance des autorités face à la crise.

Le système pénitentiaire équatorien sombre dans une crise sans précédent. Alors que le pays tente de lutter contre l’emprise des groupes criminels, les établissements carcéraux sont devenus le théâtre d’une catastrophe humanitaire. L’intervention de l’armée décrétée début 2024 par le président Daniel Noboa, présentée comme une mesure de reconquête, n’a pas endigué les violences. Elle aurait même contribué à aggraver les conditions de détention, selon plusieurs observateurs.

Les chiffres sont accablants. Le nombre de décès en prison a augmenté de manière spectaculaire sur la dernière année. Des centaines de détenus ont péri, non seulement lors d’affrontements entre gangs, mais aussi en raison de pathologies comme la tuberculose ou le sida, dans un contexte de malnutrition et d’absence de soins. Le centre pénitentiaire du Littoral, à Guayaquil, le plus grand du pays, symbolise cette dérive. On y compte plusieurs milliers de prisonniers entassés, dans un environnement sanitaire déplorable où les égouts débordent et où les corps s’accumulent parfois dans la cour.

Les familles des prisonniers décrivent des scènes de désolation. Certaines, pour avoir des nouvelles, sont contraintes de payer des chefs de gang incarcérés. D’autres découvrent leurs proches à la morgue, dans un état de maigreur extrême, sans avoir pu leur rendre visite auparavant. Les autorités pénitentiaires, interrogées sur ces mortalités, ne fournissent aucune réponse.

Cette crise carcérale s’inscrit dans un contexte national marqué par une escalade de la violence. L’Équateur, autrefois considéré comme l’un des pays les plus sûrs de la région, est devenu une plaque tournante du trafic de cocaïne, attirant l’attention des cartels internationaux. La stratégie du gouvernement, qui inclut la construction d’une prison de haute sécurité sur le modèle salvadorien, peine à montrer son efficacité. Le taux d’homicides reste le plus élevé d’Amérique latine.

Les organisations de défense des droits humains dénoncent une approche purement répressive, qui néglige les dimensions sanitaires et sociales de la crise. Elles estiment qu’un crime contre l’humanité est en train de se perpétrer à l’encontre de la population carcérale. Alors que les militaires se sont retirés de certains sites, ils maintiennent leur présence dans les prisons jugées les plus dangereuses, sans pour autant parvenir à rétablir un minimum d’ordre et de dignité. L’agonie des prisons équatoriennes met en lumière l’échec d’une politique sécuritaire qui sacrifie les droits fondamentaux sans parvenir à garantir la sécurité.

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