Une agence américaine a mis en doute mardi l’efficacité revendiquée par AstraZeneca pour son vaccin, portant un nouveau coup à ce laboratoire déjà sous pression en Europe, tandis que le Royaume-Uni rendait hommage aux victimes du Covid-19.
Pour les Allemands, le verdict est tombé : ils devront passer le week-end de Pâques sous cloche face à une « nouvelle pandémie » provoquée par le variant britannique du coronavirus, jugé plus mortel et plus contagieux.
Alors que le recours au vaccin AstraZeneca est crucial au moment où s’accélère la troisième vague de la pandémie en Europe, un institut américain a lancé un nouveau pavé dans la mare : le groupe suédo-britannique a pu utiliser des données « obsolètes » pendant ses essais cliniques aux Etats-Unis.
Selon l’Institut national des maladies infectieuses et des allergies (NIAID), qui supervise des essais cliniques de vaccins aux Etats-Unis, cela peut « avoir abouti à une évaluation incomplète de l’efficacité » du vaccin ».
AstraZeneca, pressé par l’institut de « rendre publiques au plus vite » les données « les plus précises, les plus récentes et les plus efficaces possibles », a répondu qu’il fournirait dans les 48 heures des données récentes au régulateur américain.
Ce laboratoire avait défendu lundi son vaccin, mis en doute par une bonne partie des Européens et pas encore approuvé aux Etats-Unis, affirmant qu’il était efficace à 80% contre le Covid-19 chez les personnes âgées et n’augmentait pas le risque de caillots sanguins, après des essais cliniques de phase III réalisés aux Etats-Unis, avec 32.449 participants.
Pour ces résultats, il a précisé mardi avoir utilisé des données remontant à avant le 17 février.
« Nouvelle pandémie » en Allemagne
Pays le plus endeuillé d’Europe, le Royaume-Uni s’est figé à 12H00 GMT pour une minute de silence en hommage à ses 126.000 morts de la pandémie, un an jour pour jour après la mise en place du premier confinement.
Dans le cadre de cette « Journée de la réflexion », les Britanniques, qui vivent leur troisième confinement, sont également invités à allumer une lumière sur leur pas de porte dans la soirée.
Un tableau de l’artiste britannique Banksy s’est arraché à 16,75 millions de livres sterling (près de 20 millions d’euros) aux enchères, une somme record qui sera pour l’essentiel reversée au service public de santé très éprouvé.
En Allemagne, la décision a été annoncée au terme de près de douze heures de négociations entre la chancelière et les Etats-régions : la plupart des magasins seront fermés, les offices religieux annulés le week-end de Pâques, du 1er au 5 avril et les rassemblements interdits.
« La situation est grave, très grave. Le nombre des cas augmente de manière exponentielle et les lits de soins intensifs se remplissent à nouveau », a souligné Angela Merkel.
Pire, l’Allemagne est entrée dans une « nouvelle pandémie » en raison de la propagation des nouveaux variants.
Aux Pays-Bas, où la situation sanitaire se détériore aussi, les mesures restrictives prises contre le Covid-19 seront prolongées jusqu’au 20 avril, même si la durée du couvre-feu sera réduite d’une heure, a annoncé mardi soir le Premier ministre Mark Rutte.
De son côté, le Premier ministre belge Alexander De Croo a convoqué pour mercredi matin une réunion d’urgence consacrée au coronavirus, le nombre des malades hospitalisés en soins intensifs ayant doublé en six semaines.
Poutine vacciné
En France, où la vaccination est le « coeur de la bataille » selon Emmanuel Macron, quelques 35 « vaccinodromes » seront opérationnels les prochains jours. Il faut vacciner « au maximum », « matin, midi et soir », a résumé mardi le président.
Parallèlement, les ministres russe et chinois des Affaires étrangères ont fustigé mardi la politique des Occidentaux en matière de vaccins, se défendant de leur côté de tout « opportunisme » et assurant ne chercher qu’à « sauver des vies ».
Ces propos interviennent en pleine période de tensions autour de l’homologation du vaccin russe Spoutnik V dans l’UE, la Russie l’accusant de ralentir volontairement ce processus. Bruxelles accuse de son côté Moscou et Pékin d' »instrumentaliser les vaccins à des fins de propagande ».
Le président russe Vladimir Poutine, 68 ans, s’est fait vacciner mardi soir contre le Covid-19, loin des caméras, sans qu’on sache lequel des trois vaccins mis au point par son pays lui avait été administré.
Le Vietnam vient quant à lui de donner son feu vert au Spoutnik V, après avoir autorisé l’AstraZeneca.
Au total, 56 pays ont autorisé ce vaccin russe.
Tensions UE-Londres
L’Union européenne reste également divisée sur un durcissement des conditions d’exportation des vaccins fabriqués sur son territoire, une mesure qui devrait cibler AstraZeneca et qui alimente les tensions avec Londres, bien plus en avance dans sa campagne de vaccination.
Les Vingt-Sept, en conflit avec le groupe suédo-britannique pour des livraisons nettement inférieures aux prévisions, se réunissent en sommet jeudi et vendredi.
La pandémie a fait au moins 2,723 millions de morts à ce jour, selon un bilan établi mardi par l’AFP à partir de sources officielles.
Au Brésil, où la propagation du virus s’intensifie, les réserves d’oxygène destinées à la respiration artificielle de patients gravement atteints par le Covid-19 sont désormais à des niveaux « préoccupants » dans six Etats.
Seule lumière, en provenance d’Espagne : Madrid lèvera le 30 mars les restrictions en vigueur depuis décembre sur les arrivées en provenance du Royaume-Uni.