Monde
Canada: verdict attendu pour l’auteur d’une attaque meurtrière au camion-bélier
Pénalement responsable ou pas? L’auteur d’une attaque au camion-bélier en avril 2018 à Toronto, qui avait tué 10 personnes, sera fixé mercredi sur son sort, une juge devant décider s’il était sain d’esprit le jour du drame.
Alek Minassian, atteint d’une forme sévère d’autisme, a reconnu avoir fauché et tué 10 personnes sur des trottoirs du nord de la métropole canadienne le 23 avril 2018. Il avait initialement affirmé avoir agi au nom du mouvement misogyne « Incel ».
Mais dès l’ouverture du procès le 10 novembre dernier, l’homme de 28 ans, intellectuellement déficient et souffrant du trouble du spectre de l’autisme (TSA), avait plaidé l’irresponsabilité pénale.
Une thèse que le procureur Joseph Callaghan avait battue en brèche lors du procès, tenu de façon virtuelle pendant un mois et demi sur la plateforme Zoom en raison des restrictions liées à la pandémie de Covid-19.
Le procureur avait estimé que le TSA n’avait pas empêché l’accusé de faire des choix délibérés et d’avoir eu conscience que ses actes étaient illégaux et moralement répréhensibles.
« La Couronne affirme qu’il s’agit d’un tueur de masse qui se trouve être atteint d’un TSA et non d’un TSA qui l’a poussé à commettre ces meurtres », avait soutenu Me Callaghan au dernier jour du procès.
L’avocat de M. Minassian, Boris Bytensky, s’appuyant sur des expertises psychiatriques, a de son côté plaidé que l’état mental de son client, dénué d’empathie et incapable de discerner le bien du mal selon lui, le rendait incapable de faire des choix rationnels.
Selon plusieurs juristes cités par les médias, c’est la première fois au Canada que l’autisme est invoqué pour tenter d’obtenir un verdict de non-responsabilité criminelle.
Quête de notoriété
La juge de la Cour supérieur de l’Ontario Anne Molloy doit rendre sa décision sur YouTube à partir de 10H00 locales (15H00 GMT).
La magistrate dira si Alek Minassian est pénalement responsable ou pas, mais la sentence éventuelle sera prononcée ultérieurement.
S’il est reconnu coupable, il encourt la prison à vie, avec une période de sûreté de 25 ans interdisant sa libération conditionnelle. Dans le cas contraire, il devra suivre un traitement dans un hôpital psychiatrique sécurisé.
Alek Minassian a reconnu avoir loué une camionnette le 23 avril 2018 et avoir tué huit femmes et deux hommes, âgés de 22 à 94 ans, et blessé 16 autres personnes dans sa course meurtrière.
L’attaque avait eu lieu un lundi ensoleillé de printemps, en début d’après-midi, dans le quartier de North York, au nord de la rue Yonge, une des artères les plus fréquentées de la plus grande métropole canadienne.
Au volant d’une camionnette blanche de location, l’accusé, qui résidait dans la banlieue nord de la ville, avait roulé à vive allure entre les voies de circulation et les trottoirs, visant les passants sur environ deux kilomètres.
Avant de passer à l’acte, il avait publié sur Facebook un message à caractère misogyne dans lequel il assurait: « La rébellion +Incel+ a déjà commencé! ».
Abréviation anglophone pour « involontairement célibataire », la mouvance « Incel » regroupe des hommes exprimant, notamment sur des forums en ligne, leur mépris des femmes, responsables selon eux de leur insatisfaction sexuelle.
Minassian a ensuite indiqué à plusieurs experts lors de l’enquête que sa motivation principale était la quête de notoriété et qu’invoquer le mouvement Incel était avant tout un moyen de faire parler de lui.
Il a donné à différents experts des motivations divergentes pour justifier son acte, allant d’une anxiété avant de commencer un nouvel emploi à la volonté de devenir l’un des plus grands tueurs de masse de l’histoire.
Monde
Le réseau social X rétabli au Brésil après un bras de fer juridique
Après plusieurs mois de tensions, la Cour suprême brésilienne autorise la reprise des activités de X, ex-Twitter, suite à la satisfaction des exigences judiciaires, dont le paiement d’amendes et la suppression de comptes associés à la désinformation.
Le réseau social X, propriété d’Elon Musk, est de nouveau accessible au Brésil après une suspension imposée en août par la Cour suprême, motivée par la lutte contre la désinformation. Le juge Alexandre de Moraes, qui avait ordonné cette suspension, a finalement levé l’interdiction ce mardi, estimant que toutes les conditions légales avaient été respectées par la plateforme. Parmi celles-ci, le versement d’amendes s’élevant à 28,6 millions de réais (environ 4,8 millions d’euros) ainsi que la suppression de comptes diffusant de fausses informations, souvent liés à l’extrême droite brésilienne.
Cette décision marque la fin d’un long bras de fer entre le réseau social et les autorités judiciaires brésiliennes. Accusé d’ignorer des injonctions de justice visant à bloquer certains comptes, X avait été pointé du doigt par le juge Moraes pour son rôle présumé dans la diffusion de contenus menaçant la démocratie. Musk avait même qualifié ces actions de « censure », comparant Moraes à un dictateur. Toutefois, après des mois de résistance, la plateforme a fini par se conformer aux demandes de la Cour, facilitant ainsi la réactivation de ses services pour les 22 millions d’utilisateurs brésiliens.
Ce conflit juridique s’inscrit dans un contexte politique tendu, où les plateformes numériques sont de plus en plus impliquées dans la lutte contre la désinformation. Le président brésilien Lula da Silva, soutenant fermement la position de la Cour suprême, a rappelé que les entreprises ne sont pas au-dessus des lois. En revanche, l’ancien président Jair Bolsonaro, allié de Musk, avait vivement critiqué ces restrictions, les assimilant à une atteinte à la liberté d’expression.
Malgré cette période tumultueuse, X semble prêt à reprendre ses activités tout en promettant de respecter les cadres légaux. L’impact de cet épisode sur l’usage de la plateforme reste à déterminer, alors qu’une partie des utilisateurs avait commencé à explorer des alternatives comme Threads ou Bluesky sans succès notable.
Monde
Mexique: Sheinbaum officiellement investie première présidente
Claudia Sheinbaum, ancienne maire de Mexico, a officiellement pris ses fonctions en tant que première présidente de l’histoire du Mexique ce mardi. Elle a prêté serment devant le Congrès et s’est engagée à poursuivre les politiques de son prédécesseur, tout en affirmant sa volonté de garantir les libertés et la justice sociale.
Claudia Sheinbaum, 62 ans, a fait son entrée dans l’histoire en devenant la première femme présidente du Mexique, succédant à Andres Manuel Lopez Obrador. Après avoir prêté serment devant les députés et sénateurs réunis, elle a affirmé avec émotion : « Je suis mère, grand-mère, scientifique, et à partir d’aujourd’hui, présidente par la volonté du peuple du Mexique ». Son élection, marquée par un large soutien populaire avec près de 60 % des voix, est un moment historique pour le pays.
Sous la bannière du parti de gauche au pouvoir, Morena, Sheinbaum a bénéficié de l’héritage laissé par son prédécesseur, Lopez Obrador, qui demeure très populaire. Avec 36 millions de voix, elle devient la candidate la mieux élue de l’histoire mexicaine, portée par des slogans comme « D’abord les pauvres » et « austérité républicaine ». Son programme s’articule autour de la continuité des réformes sociales et économiques initiées sous le mandat précédent.
En matière de sécurité, l’un des dossiers les plus épineux au Mexique, la nouvelle présidente a réaffirmé sa volonté de lutter contre la narco-violence. Face à un bilan de plus de 400 000 morts et 100 000 disparus depuis 2006, elle a mis l’accent sur le renforcement des services de renseignement et de la Garde nationale, qui passera désormais sous le contrôle de la Défense. Cette décision a suscité des préoccupations, notamment de la part de l’ONU, qui a souligné l’importance de ne pas militariser la sécurité publique.
Claudia Sheinbaum a également rassuré les investisseurs nationaux et internationaux, en promettant un cadre économique stable et sécurisé. « Notre gouvernement garantira toutes les libertés », a-t-elle insisté, rejetant les accusations d’autoritarisme.
Son élection intervient dans un contexte de réforme controversée du pouvoir judiciaire, qui prévoit, à partir de 2025, l’élection populaire des juges, une première mondiale qui inquiète notamment les États-Unis. Cependant, le président américain Joe Biden a réaffirmé son engagement à collaborer avec le Mexique, soulignant les liens profonds qui unissent les deux nations.
Claudia Sheinbaum succède à Lopez Obrador, son mentor, et prend la tête d’un pays confronté à de nombreux défis, notamment les relations bilatérales avec les États-Unis, les questions de sécurité, et la gestion des catastrophes naturelles. Dès mercredi, la nouvelle présidente se rendra à Acapulco pour évaluer les dégâts causés par l’ouragan John, qui a récemment frappé le Mexique, faisant 15 morts.
Cet événement marque une nouvelle ère pour le Mexique, avec une dirigeante déterminée à poursuivre l’œuvre de son prédécesseur tout en adressant les préoccupations sociales, économiques et sécuritaires du pays.
Europe
Julian Assange plaide pour la liberté d’informer lors d’une audition au Conseil de l’Europe
Dans sa première apparition publique depuis sa libération, Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, a appelé à la défense de la liberté d’informer. Se décrivant comme victime d’une persécution par les États-Unis, il a insisté sur l’importance de continuer à lutter pour la vérité.
Mardi, Julian Assange, qui a passé plus d’une décennie cloîtré entre l’ambassade d’Équateur à Londres et la prison de Belmarsh, est intervenu devant une commission du Conseil de l’Europe à Strasbourg. Cette audition, consacrée à l’impact de sa détention et de sa condamnation sur les droits de l’homme, marque sa première déclaration publique depuis sa sortie de prison en juin dernier. Arrivé tôt dans la matinée, il a été accueilli par des applaudissements à son entrée dans l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), levant le poing en signe de détermination.
Durant son discours, Assange a exprimé ses regrets quant à l’évolution des conditions de transparence et de liberté d’expression. « Dire la vérité est de plus en plus stigmatisé, attaqué et affaibli », a-t-il affirmé. Il a également insisté sur le fait que sa libération n’était pas le résultat d’un système judiciaire juste, mais d’un plaidoyer en faveur du journalisme.
Condamné pour avoir publié des documents classifiés révélant les opérations militaires et diplomatiques américaines, Assange avait, en juin dernier, conclu un accord de plaider-coupable avec la justice américaine. Cet accord lui a permis de purger une peine déjà effectuée en détention provisoire et d’éviter une longue incarcération aux États-Unis. De retour en Australie depuis sa libération, il a toutefois réitéré devant le Conseil de l’Europe que son emprisonnement résultait de persécutions politiques, en lien avec son travail pour WikiLeaks.
Assange a rappelé les débuts de WikiLeaks en 2010, lorsque le site avait publié des centaines de milliers de documents sensibles, révélant des abus, des exécutions extrajudiciaires et des opérations de collecte de renseignements. Si ces révélations lui ont valu le soutien des défenseurs de la liberté de la presse, elles lui ont aussi attiré les foudres des autorités américaines, qui l’accusent d’avoir mis des vies en danger.
Dans un appel poignant, il a exhorté les institutions comme l’APCE à faire en sorte que des situations similaires ne se reproduisent pas, appelant à la défense de la liberté d’expression et à la poursuite de la quête de vérité. Il a également mis en garde contre l’influence d’une minorité d’individus cherchant à faire taire les voix critiques.
Alors que l’APCE doit débattre de son cas sur la base d’un rapport le qualifiant de « prisonnier politique », le plaidoyer de Julian Assange pourrait avoir un impact sur sa demande de grâce présidentielle auprès de Joe Biden.
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