France
Au procès Charlie, l’embarras de Farid Benyettou, ex-mentor des Kouachi

Repenti sincère ou bien de circonstance? Entendu samedi comme témoin au procès Charlie Hebdo, l’ex-mentor des frères Kouachi Farid Benyettou a demandé « pardon » aux familles des victimes et reconnu une « responsabilité morale », sans toutefois convaincre les parties civiles.
« Mes premiers mots, je voudrais qu’ils soient pour les victimes et pour leurs proches: j’ai une part de responsabilité dans le parcours des frères Kouachi », a assuré Farid Benyettou, 39 ans, devant la cour d’assises spéciale de Paris.
« J’aimerais revenir en arrière, réparer les choses, mais ce n’est pas possible… Sachez que je suis vraiment désolé », a poursuivi l’ancien prédicateur, silhouette fine, lunettes et cheveux clairsemés.
Figure de l’islam radical au début des années 2000, Farid Benyettou a joué un rôle-clé dans la filière dite « des Buttes-Chaumont », démantelée en 2005, qui visait à envoyer des jihadistes dans les rangs d’Al-Qaïda en Irak.
« Emir » autoproclamé de ce groupe de jeunes radicalisés, il a eu comme adeptes les frères Kouachi et Peter Cherif, présenté comme un possible commanditaire de la tuerie de Charlie Hebdo.
Un passé que Benyettou, qui se présente comme « repenti », dit assumer. A l’époque, « je faisais office d’idéologue », explique le trentenaire, les mains jointes sur le pupitre.
« J’ai encouragé Chérif Kouachi dans son parcours de jihadiste, j’ai cautionné son départ pour l’Irak en 2004… Je suis forcément lié à son parcours, même si je n’ai pas participé à ce qu’il a fait par la suite », ajoute-t-il.
« Colérique »
Pour ce rôle, Farid Benyettou a été condamné en 2008 à six ans de prison. Chérif Kouachi, arrêté juste avant son départ pour l’Irak, a écopé lui de trois ans. Les deux hommes ont continué de se voir jusqu’en 2014.
A partir de 2010, « il y a quelque chose qui a commencé à changer dans le groupe », relate le jeune homme, qui dit avoir pris ses distances à cette époque avec l’islam radical et ses anciens adeptes – qu’il tentait d’éviter.
Mais Chérif Kouachi « venait frapper à ma porte, et je n’ai jamais eu le courage de couper complètement », précise l’ex-prédicateur, qui justifie ainsi le lien maintenu avec le futur tueur de Charlie.
A l’époque, « Chérif était devenu beaucoup plus dur sur ses positions », explique M. Benyettou, qui le décrit comme « colérique ». « Pour lui, la seule manière de résoudre quelque chose, c’était par la violence ».
Dans la salle, où ont pris place plusieurs survivants de Charlie Hebdo, les parties civiles laissent poindre leur agacement: n’aurait-il pas pu agir? User de son influence pour le détourner de ces idées radicales?
« Je n’ai pas cessé d’avoir des discussions avec lui. J’ai même eu le courage de lui dire que j’étais contre ce que Mohamed Merah avait fait », se défend maladroitement Benyettou, qui décrit un Chérif Kouachi fermé à la discussion.
« Il écoutait ceux qui disaient ce qu’il voulait entendre. Le jour où j’ai tenu un discours contraire » à ses attentes, « il n’a plus voulu m’écouter », poursuit le trentenaire.
« Taqiya »
Au lendemain de l’attentat contre Charlie Hebdo, Benyettou s’était présenté de lui-même aux services de renseignement, se disant prêt à aider l’enquête. A l’issue de son audition, il avait été remis en liberté.
Depuis 2015, il a travaillé avec l’anthropologue Dounia Bouzar pour la prévention de la radicalisation et publié en janvier 2017 un livre sur son parcours, « Mon djihad: itinéraire d’un repenti ».
Sur les bancs des avocats, certains expriment toutefois des doutes sur sa sincérité. « Vous pourriez être un faux repenti qui utilise la taqiya » (dissimulation), pointe Me Catherine Szwarc.
Pendant la promotion de son livre, Farid Benyettou – qui travaille aujourd’hui comme chauffeur poids lourd – avait choqué les proches de victimes des attentats, en arborant un badge: « Je suis Charlie ».
Un épisode relevé à l’audience. « Quel était le sens de ce geste? Est-ce que vous considériez comme légitime de caricaturer le prophète? », l’interroge l’avocat de Charlie Hebdo, Richard Malka.
« Pour moi, c’est une forme d’expression », répond Benyettou, qui se veut sans équivoque sur ce point. « J’ai grandi avec les Guignols de l’info. La caricature est un droit, il faut le défendre ».
France
Le PDG de Casino, Jean-Charles Naouri, placé en garde dans le cadre d’une enquête pour « manipulation »

L’enquête préliminaire a été ouverte en 2020 par le Parquet national financier pour « manipulation de cours en bande organisée, corruption privée active et passive » et « délit d’initié ».
Le PDG de Casino, Jean-Charles Naouri, a été placé jeudi 1er juin matin en garde à vue dans les locaux de la brigade financière (BF) de la police judiciaire parisienne.
Le placement en garde à vue de Jean-Charles Naouri se fait dans le cadre d’une enquête ouverte en février 2020 par le parquet national financier (PNF) pour « manipulation de cours en bande organisée », « corruption active privée et passive » ainsi que « délit d’initié commis courant 2018 et 2019 ».
Le groupe Casino a publié de mauvais chiffres pour son premier trimestre 2023, avec des ventes en baisse de 2,3% en France dans un contexte de forte inflation. Sa dette n’a pas baissé par rapport à fin 2022, stable à 4,5 milliards d’euros. Les résultats financiers du groupe pèsent sur le cours de bourse de Casino, qui tutoyait les 80 euros au milieu des années 2010 et s’échange autour des 7 euros aujourd’hui.
France
Perquisition à l’IHU de Marseille : les pratiques de Didier Raoult remises en question

Une perquisition est en cours depuis mercredi matin à l’IHU Méditerranée Infection fondé par le professeur Didier Raoult, dans le cadre de l’information judiciaire ouverte en 2022 par le parquet de Marseille.
L’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée infection (IHU) de Marseille, déjà secoué par les récentes accusations d’essais cliniques controversés, a été perquisitionné aujourd’hui par des enquêteurs de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP). Cette perquisition intervient dans le cadre de l’information judiciaire en cours ouverte l’année dernière, comme l’a précisé la procureure de la République de Marseille, Dominique Laurens.
L’institut dirigé autrefois par le Professeur Didier Raoult est au cœur d’une controverse croissante depuis que des allégations d’essais cliniques sauvages ont été portées à sa connaissance. Ces essais auraient été réalisés sur pas moins de 30 000 patients pendant l’épidémie de Covid-19. À l’époque, le virus venait d’arriver en France et le Professeur Didier Raoult, alors directeur de l’hôpital, avait annoncé avoir trouvé un traitement prometteur : l’hydroxychloroquine.
Cependant, plusieurs médecins et pharmacologues ont vivement critiqué les méthodes utilisées par certains biologistes et cliniciens de l’IHU, notamment pendant la crise sanitaire. Dans une tribune publiée dans Le Monde le 28 mai, ces professionnels de la santé dénoncent de graves manquements aux règles élémentaires de la réglementation en matière de santé et de recherche.
Suite à la parution de cette tribune, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a annoncé qu’elle allait saisir la justice concernant ces essais cliniques présumés, qui semblent avoir été menés en dehors des cadres juridiques régissant ce type d’expériences. Cette décision de l’ANSM marque une nouvelle étape dans l’enquête en cours et reflète la volonté de faire toute la lumière sur ces pratiques médicales controversées.
L’IHU de Marseille, renommé pour ses travaux de recherche dans le domaine des maladies infectieuses, est désormais confronté à un défi majeur pour regagner la confiance du public et rétablir sa réputation. Les résultats de l’enquête en cours permettront de déterminer les éventuelles responsabilités et conséquences légales découlant de ces essais cliniques présumés.
France
TotalÉnergies, assigné en justice pour « inaction climatique », au tribunal ce mercredi

Ils appellent un géant pétrolier à réduire urgemment son empreinte carbone. Sous pression, TotalEnergies retrouve ce mercredi 31 mai les militants du climat au tribunal de Paris : une coalition d’ONG et de collectivités, dont les villes de Paris et de New York, demande à la justice de contraindre le géant pétrogazier à aligner sa stratégie climatique sur l’Accord de Paris.
La décision des juges n’est pas attendue avant 2024 ou même 2025. Mais l’audience de mercredi, sera une des premières occasions de voir ferrailler le groupe français contre la coalition de six ONG (Sherpa, France Nature Environnement,…) et seize collectivités (les villes de Grenoble, Bayonne ou Nanterre, notamment) qui l’accusent d’« inaction climatique ».
Suspension des nouveaux projets pétroliers et gaziers
Sans attendre, la coalition demande au juge de la mise en état – un magistrat chargé de trancher des questions préalables à l’examen du dossier – de prendre une mesure provisoire exceptionnelle : ordonner à TotalEnergies de « suspendre les projets d’exploration et d’exploitation de nouveaux gisements d’hydrocarbures n’ayant pas fait l’objet d’une décision finale d’investissement », et ce jusqu’au jugement de l’affaire sur le fond.
Pour justifier l’urgence, la coalition, rejointe en 2022 par New York et Paris, invoque, entre autres, les propos du chef de l’ONU : Antonio Guterres pointait du doigt en janvier ces entreprises qui promeuvent un modèle économique « incompatible avec la survie de l’humanité ».
La coalition s’appuie aussi sur l’Agence internationale de l’énergie (AIE), qui a jugé nécessaire en 2021 de cesser tout nouveau projet d’exploration d’hydrocarbures pour respecter l’accord de Paris.
Procédure déboutée pour Eacop
En face, les avocats de TotalEnergies plaideront pour contester la recevabilité de l’action judiciaire. Celle-ci remonte à janvier 2020 quand la coalition a assigné TotalEnergies pour manquement à « son devoir de vigilance » sur l’impact environnemental de ses activités. Un devoir imposé depuis 2017 par une loi française pionnière sur la responsabilité des entreprises.
Pour la coalition, la stratégie climat de TotalEnergies, un des 20 plus gros émetteurs de CO2 au monde, était « clairement insuffisante » au regard de l’accord de Paris.
Elle espère obtenir un équivalent français de l’affaire Shell : en 2021, un tribunal des Pays-Bas, saisi par des ONG, avait condamné le géant pétrolier à accélérer son plan de réduction de gaz à effet de serre. Shell a fait appel.
Dans une autre procédure menée en France au nom du « devoir de vigilance », les ONG qui attaquaient TotalEnergies pour son mégaprojet pétrolier Tilenga-Eacop en Ouganda et en Tanzanie, ont été déboutées en février par le tribunal de Paris.
Face aux pressions de l’opinion, du gouvernement ou même de certains actionnaires, le PDG de TotalEnergies Patrick Pouyanné a défendu pied-à-pied vendredi sa stratégie climatique, pendant l’assemblée générale du groupe. Le groupe prévoit de consacrer un tiers de ses investissements aux énergies bas carbone dans la décennie, mais reste associé au pétrole et bientôt encore plus au gaz, sa priorité.
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