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Société

Au procès Charlie, huit heures d' »apnée » aux mains des frères Kouachi

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« J’ai arrêté de respirer »: l’ex-employé de l’imprimerie de Dammartin-en-Goële où s’étaient retranchés les frères Kouachi a raconté mercredi aux assises de Paris comment il était resté caché « sans bouger » huit heures sous un évier, grâce au « sacrifice » de son patron.

« C’est eux, ils ont des kalachnikov. Va te cacher, j’y vais ». Ce 9 janvier 2015, Chérif et Saïd Kouachi, traqués depuis la tuerie commise au siège de Charlie Hebdo deux jours plus tôt, viennent de sonner à l’interphone de l’imprimerie de Michel Catalano, en Seine-et-Marne.

Lilian, jeune graphiste de l’entreprise, obtempère et, « sans hésitation », « décide de (se) cacher sous l’évier ». « Grand bien m’en fasse, j’y avais pensé la veille si jamais ils venaient ici », confie-t-il devant la cour d’assises spéciale, d’une voix faible.

« Recroquevillé » dans une partie du minuscule meuble de cuisine, coincé près de flacons et de matériel d’entretien, il restera dissimulé « huit heures et demi » jusqu’à sa libération vers 17H00 par le GIGN, qui vient d’abattre les deux terroristes.

Pendant les longues heures d’angoisse passées dans sa cachette, paralysé par la peur d’être découvert, « je n’avais plus qu’un seul repère: mes oreilles », explique, tendu, le jeune homme, chemise à carreaux et cheveux longs coiffés en chignon.

Dans la pièce voisine, il entend « des bribes de conversations » entre Michel Catalano et les preneurs d’otages, et ce qui ressemble à « des sermons ». Puis le bruit de la machine à café et « des pas » se dirigeant vers lui.

Lilian a sa première frayeur: il pense à « une inspection », à son « manteau » et sa « sacoche » restés sur une chaise.

« Mon cœur s’est arrêté de battre. J’ai arrêté de respirer. Le moindre geste que je faisais aurait pu ouvrir la porte car j’étais vraiment collé à la porte. Puis j’ai entendu la porte se refermer et les pas repartir. J’ai ressenti un soulagement », se souvient le graphiste, partie civile au procès.

-C’est mon héros »

Le soulagement est de courte durée: cherchant de la nourriture pour lui et son frère blessé par un tir de riposte d’un gendarme, l’un des frères Kouachi s’approche à « 30 centimètres » du réduit où il est caché, laissant Lilian « tétanisé ».

« Il s’est lavé les mains, il y avait de l’eau partout. Je n’avais qu’une peur, qu’il voit de l’eau qui coule et ouvre la porte », témoigne le jeune homme, en fondant en larmes à la barre.

Les heures passent, son téléphone vibre de plus en plus d’appels inquiets de ses proches, et, sous l’évier, Lilian se « recroqueville encore plus ». Contacté par un responsable du GIGN, il implore: « Faites vite ».

Arrive finalement l’assaut. Redoutant d’être tué lors d’échanges de tirs, le jeune graphiste contredit les ordres de « ne pas bouger » et « rampe » hors de sa cachette.

Dehors, Michel Catalano, finalement relâché par les frères Kouachi, est « en apnée totale ». Jusqu’à ce message radio: « Cibles neutralisées, otage vivant ». « Là, j’ai respiré, enfin », a raconté plus tôt dans l’après-midi le gérant de l’imprimerie.

Les mains agrippées à la barre, M. Catalano assure avoir « pris énormément sur (lui) ce jour-là pour rester le plus calme possible ». « Mon objectif était qu’ils ne trouvent pas Lilian », explique le chef d’entreprise.

Entré à l’âge de 19 ans dans son entreprise, Lilian est « gentil, réservé ». « J’aurais tellement aimé qu’il ne soit pas là ce jour-là », ajoute M. Catalano, le regard embué et la gorge nouée.

Tout aussi ému, son ancien employé lui a rendu hommage: « Michel s’est sacrifié pour moi. Michel, c’est mon héros, c’est celui qui m’a sauvé la vie ».

Cinq ans plus tard, Lilian a toujours « peur dans les gares, les aérogares, le métro ». Michel Catalano a réussi à remettre sur pied son entreprise, détruite lors de l’intervention du GIGN, mais vit « à crédit ».

Quatorze personnes – dont trois en leur absence – sont jugées jusqu’au 10 novembre pour leur soutien logistique aux frères Kouachi et à Amédy Coulibaly, auteurs des attentats qui ont fait 17 morts en janvier 2015 et provoqué l’effroi dans le monde.

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France

Nouvelles révélations sur l’abbé Pierre, qualifié de « prédateur » par Emmaüs

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Nouvelles révélations sur l'abbé Pierre, qualifié de "prédateur" par Emmaüs

Les nouvelles accusations de violences sexuelles jettent une ombre sur l’héritage de l’icône humanitaire.

L’organisation Emmaüs, après avoir mandaté le cabinet Egaé pour enquêter sur les agissements de l’abbé Pierre, fait face à une série d’accusations troublantes. Le rapport publié lundi révèle neuf nouvelles plaintes pour violences sexuelles, portant à 33 le nombre de témoignages contre le fondateur du mouvement, décédé en 2007.

Les faits allégués s’étendent sur plusieurs décennies, de 1960 à 2000, et se sont déroulés majoritairement en France, mais également à l’étranger. Parmi les victimes présumées, on compte une mineure, membre de la famille de l’abbé Pierre, qui aurait subi des attouchements sexuels à la fin des années 90. Un autre témoignage, plus grave encore, fait état d’un acte sexuel avec pénétration sur un garçon mineur.

L’analyse des rapports successifs d’Egaé met en lumière des comportements de manipulation, de menaces et de chantage, décrivant une stratégie méthodique de l’abbé Pierre. « Tout cela dessine le portrait d’un prédateur », a déclaré Tarek Daher, délégué général d’Emmaüs France, soulignant la gravité des actes commis.

Les victimes viennent de divers horizons : des employées d’hôtel, des soignantes, des bénévoles, et même une hôtesse de l’air. Le cabinet Egaé a également eu connaissance d’au moins une autre victime au sein de la famille de l’abbé, sans pouvoir l’entendre.

Ce troisième rapport depuis juillet 2023 marque un tournant dans la perception de l’abbé Pierre. Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre, qui ont initialement commandé l’enquête, sont confrontés à une réalité difficile à accepter. La Fondation a déjà annoncé un changement de nom, et le lieu de mémoire à Esteville a été fermé.

La Conférence des évêques de France (CEF), exprimant son horreur face à ces révélations, encourage les victimes à se faire entendre. Elle a également ouvert ses archives pour aider à la compréhension de cette affaire.

Les témoignages recueillis par Egaé montrent une omerta généralisée à l’époque des faits. « J’ai eu envie de crier que cet homme n’est pas celui qu’il prétend être, mais qui m’aurait crue ? », témoigne Rachel dans l’émission « Les démons de l’abbé Pierre » sur France 2.

Emmaüs a mis en place une commission d’experts pour comprendre comment de tels actes ont pu rester impunis. Cette commission, dirigée par la sociologue Céline Béraud, devra enquêter sur les dysfonctionnements internes ayant permis à l’abbé Pierre de ne pas être inquiété. Tarek Daher admet que des personnes au sein de l’organisation étaient probablement au courant, soulignant la nécessité de comprendre comment une telle culture du silence a pu s’installer.

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Économie

Économie : Donald Trump menace les exportations de vins et spiritueux français

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Economie : Donald Trump menace les exportations de vins et spiritueux français

Le président élu des États-Unis menace d’augmenter les droits de douane sur les vins et spiritueux français, jetant une ombre sur l’avenir des exportations.

La perspective de voir Donald Trump de retour à la Maison-Blanche en tant que 45e président des États-Unis le 20 janvier prochain soulève des inquiétudes parmi les professionnels du vin et des spiritueux français. Lors de sa campagne électorale, Trump avait promis de renforcer les droits de douane sur les produits importés, une mesure qui pourrait avoir des répercussions importantes sur les exportations de vins et spiritueux français.

Cette menace d’une augmentation de 10% des taxes sur les vins et spiritueux français n’est pas à prendre à la légère. Elle pourrait entraîner une diminution significative des ventes sur le marché américain, l’un des plus lucratifs pour les producteurs français. L’impact financier serait immédiat et considérable, mettant en péril la stabilité économique de nombreuses entreprises du secteur.

Nicolas Palazzi, gérant de la société PM Spirits, a exprimé son inquiétude face à cette éventualité. « Cela va constituer un séisme dans notre secteur », a-t-il déclaré à La Dépêche, soulignant que l’industrie espérait une année 2025 relativement normale après les turbulences passées. Cette nouvelle donne pourrait rendre les années à venir encore plus ardues pour les acteurs du marché.

Bien que l’administration Trump ne soit pas encore officiellement en place, certains professionnels ont déjà pris des mesures préventives. Des stocks ont été accumulés en prévision de l’entrée en vigueur des nouvelles taxes, tandis que d’autres cherchent à réduire les coûts ou à intégrer dès maintenant les 10% supplémentaires dans leurs prix de vente.

Il est à noter que lors de son précédent mandat, Donald Trump avait déjà augmenté les droits de douane sur les produits français, notamment en réponse à un différend commercial avec Boeing. Cette fois, bien que les États-Unis se concentrent principalement sur leurs relations avec le Canada, le Mexique et le Groenland, les vins et spiritueux français restent dans le collimateur de l’administration américaine.

L’ombre de Trump plane sur les vignobles français, créant une incertitude qui pourrait peser lourdement sur l’économie du secteur vinicole et spiritueux. Les professionnels espèrent que des négociations diplomatiques pourront atténuer ces mesures protectionnistes avant qu’elles ne prennent effet, mais l’heure est à la préparation et à l’adaptation face à un avenir potentiellement tumultueux.

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France

Vigilance grand froid : huit départements concernés pour ce week-end en France

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Vigilance grand froid : huit départements concernés pour ce week-end en France

Pour la première fois cet hiver, Météo France a mis en place une alerte pour affronter des températures glaciales, visant à protéger les plus vulnérables.

Ce week-end, la France s’apprête à affronter une vague de froid intense, un phénomène exceptionnel pour la saison. Dimanche 12 janvier 2025, le pays sera touché par un épisode de gel généralisé, incitant Météo France à déclencher la vigilance grand froid dans huit départements. Cette mesure est destinée à prévenir les risques sanitaires associés à des températures particulièrement basses, qui peuvent atteindre des niveaux dangereux pour la santé.

Les départements concernés par cette vigilance sont l’Aveyron, le Cantal, la Corrèze, la Creuse, le Doubs, la Haute-Loire, la Loire, et la Lozère. Ces zones, principalement situées dans le centre et l’est de la France, sont exposées à des températures extrêmement froides, augmentant les risques d’hypothermie et d’engelures, particulièrement chez les personnes sans-abri, les personnes âgées, et les nourrissons.

La persistance de conditions météorologiques froides est prévue pour toute la durée du week-end, avec des températures qui chuteront de manière significative dans le nord et le nord-est du pays. Guillaume Séchet, météorologue, explique que ce refroidissement est dû à l’absence de nuages la nuit et à l’arrivée d’une masse d’air froid en provenance du nord-est de l’Europe.

Face à cette situation, les autorités locales sont prêtes à activer le plan grand froid. Ce plan implique l’augmentation des capacités d’hébergement d’urgence, le renforcement des services d’aide aux sans-abri, et la mise en place de mesures spécifiques pour aider les populations les plus fragiles. L’objectif est de prévenir les situations d’urgence liées au froid extrême.

Les conséquences du froid sur la santé peuvent être graves, avec des risques d’hypothermie et d’engelures. Météo France recommande la prudence, surtout pour les personnes vulnérables, et invite les citoyens à limiter leurs déplacements et à se protéger efficacement contre le froid.

Cet épisode de grand froid, bien que rare pour cette période de l’année, rappelle l’importance de la préparation et de la solidarité face aux caprices de la météo. Les citoyens sont invités à se tenir informés et à respecter les consignes de sécurité pour traverser ce week-end glacial en toute sécurité.

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