Économie
Ant Group, la fourmi qui a fait son trou dans la caverne d’Alibaba
Le chinois Ant, qui s’apprête à réaliser la plus grosse entrée en Bourse de l’histoire, est un géant du paiement électronique dans son pays, mais la marque à la fourmi bleue reste peu connue à l’étranger.
Ant Group, qui prévoit de lever la somme record de 34 milliards de dollars lors d’une double opération à Hong Kong et Shanghai, est affilié au leader chinois du e-commerce Alibaba.
Ce groupe a été fondé en 1999 par Jack Ma, l’homme le plus riche de Chine.
Portefeuille 2.0
Ant Group est le propriétaire d’Alipay, une plateforme de paiement rapidement devenue indispensable dans le quotidien des Chinois.
Ce système se présente sous la forme d’une application pour smartphone. Alipay permet de régler ses achats en ligne directement sur son écran ou dans les commerces au moyen de codes QR à scanner.
Son principal concurrent en Chine est WeChat Pay, détenu par le géant de l’internet Tencent.
Ces deux plateformes ont en quelques années fait basculer la Chine d’un pays où l’argent liquide régnait en maître, à une société qui vit pratiquement sans cash. Même au marché, la plupart des gens règlent leurs achats de fruits et légumes à l’aide de leur téléphone.
Plus fort que PayPal
Alipay est la plus grande plateforme de paiement au monde.
Présent dans plus de 80 millions de magasins, ce système est utilisé chaque mois par plus de 700 millions de personnes, selon les chiffres communiqués par l’entreprise.
Ant revendique un volume annuel de transactions dépassant les 118.000 milliards de yuans (14.400 milliards d’euros), soit cinq fois plus que le géant américain PayPal.
Alipay est également à l’origine de « Yu’e Bao », un fonds de placement géant qui permet à tout un chacun de faire fructifier son argent depuis son téléphone portable. Les taux d’intérêt pratiqués y sont bien plus avantageux que ceux des banques traditionnelles.
Alipay a révolutionné ce secteur en Chine, où environ 10% de la population n’a pas de compte en banque.
Fourmi bleue
Symbole par excellence de l’épargne et de la prévoyance, c’est une fourmi bleue tout sourire qui incarne le logo d’Ant (« fourmi » en anglais, « mayi » en chinois).
Le choix de cet insecte s’est vite imposé comme une évidence pour l’entreprise: « Ce qui est petit est beau, et ce qui est petit est puissant », explique Ant dans sa présentation.
Créé en 2014, Ant Group est formellement séparé d’Alibaba depuis quelques années. Le groupe était auparavant connu sous le nom Ant Financial.
Alibaba comme parrain
En deux décennies, l’emblématique Jack Ma a fait d’Alibaba un mastodonte du commerce en ligne, diversifié dans le cinéma, les contenus vidéo, une application mobile de livraison de repas, mais aussi… les magasins traditionnels.
La révolution numérique et le boom des services en ligne ont poussé le milliardaire à repenser la manière d’effectuer des achats.
Comment instaurer de la confiance pour les transactions entre clients et commerçants?
La réponse sera à l’origine d’Alipay: la plateforme servira d’intermédiaire et de garantie. Les commerçants ne pourront toucher leur rémunération qu’une fois les marchandises réceptionnées et ils seront notés par leurs clients.
Aujourd’hui, les achats se font en ligne sur Alibaba et sont payés avec Alipay.
Une idée loin d’avoir fait, semble-t-il, l’unanimité à ses débuts.
« C’est le système le plus stupide qu’on ait jamais vu, personne ne l’utilisera », s’est ainsi entendu dire Jack Ma selon la légende.
Économie
Ryanair menace d’arrêter de desservir dix aéroports régionaux français
En réponse à une hausse de la taxation aérienne, Ryanair envisage de réduire sa présence dans les régions françaises dès janvier 2025.
Face à la perspective d’une augmentation significative de la taxation du secteur aérien inscrite dans le budget 2025, la compagnie aérienne low-cost Ryanair a publiquement menacé de cesser ses opérations dans dix aéroports régionaux français. Cette décision, si elle est mise à exécution, pourrait avoir des répercussions importantes sur la connectivité aérienne des régions françaises, déjà fragilisées par des défis économiques et concurrentiels.
Le gouvernement, dans une tentative de combler un déficit budgétaire plus élevé que prévu, propose un triplement de la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA) et une augmentation de la taxation des passagers de jets privés, visant à collecter un milliard d’euros supplémentaires. Cette mesure, bien que destinée à renforcer les finances publiques, pourrait entraîner une réduction drastique des services aériens dans les régions, selon Jason McGuinness, directeur commercial de Ryanair. Il a souligné que cette augmentation des taxes rendrait de nombreuses routes non viables économiquement, affectant particulièrement les zones rurales et moins desservies.
Ryanair, qui dessert actuellement 22 aéroports en France, dont deux près de Paris, envisage de réduire sa capacité de 50% dans les aéroports régionaux si le projet de taxation se concrétise. Cette menace n’est pas isolée; le PDG de Ryanair, Michael O’Leary, avait déjà indiqué des réductions de capacités en France et en Allemagne en réponse à des politiques fiscales similaires.
La compagnie aérienne, déjà confrontée à des défis opérationnels tels que des retards de livraison d’appareils et une demande en baisse, considère que l’augmentation de la TSBA représente un « problème fondamental pour la connectivité des régions françaises ». McGuinness a souligné l’intense concurrence entre les aéroports européens pour attirer des lignes aériennes, indiquant que Ryanair orienterait ses ressources vers les régions et pays offrant des conditions fiscales plus favorables.
Les impacts potentiels de cette réduction de service ne sont pas seulement économiques pour les régions concernées, mais également culturels et sociaux, en isolant davantage des territoires déjà en marge. La Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (Fnam) a également mis en garde contre une baisse du trafic aérien pouvant atteindre 2% sur l’ensemble du territoire, avec des conséquences encore plus marquées pour les aéroports accueillant des compagnies à bas coûts.
Économie
Après Michelin, ArcelorMittal envisage la fermeture de deux sites en France
Après Michelin, le géant ArcelorMittal annonce la possible cessation d’activité de ses centres de Reims et Denain, menaçant 130 emplois.
La sidérurgie française fait face à un nouveau coup dur avec l’annonce d’ArcelorMittal, deuxième sidérurgiste mondial, qui envisage la fermeture de deux de ses sites en France. Cette décision, motivée par une baisse significative de la demande dans les secteurs de l’industrie et de l’automobile, pourrait entraîner la suppression de 130 emplois, principalement à Reims et à Denain.
Le 19 novembre 2024, lors d’une réunion avec le Comité Social et Économique (CSE), ArcelorMittal Centres de Services a présenté un projet de réorganisation et d’adaptation de ses capacités de production. Cette réorganisation inclut potentiellement la cessation d’activité des sites de Reims et de Denain. La direction a expliqué que cette mesure était rendue nécessaire par une « forte baisse d’activité chez ses clients de l’industrie et de l’automobile », soulignant que cette situation s’était aggravée ces derniers mois.
Les répercussions sociales de cette annonce sont immédiates et profondes. Environ 100 emplois seraient menacés à Reims et 30 à Denain. David Blaise, délégué syndical central CGT, et Xavier Le Coq, coordinateur CFE-CGC, ont exprimé leur inquiétude face à cette situation, pointant du doigt une gestion de crise qui, selon eux, ne prévoit pas suffisamment de solutions alternatives. Blaise critique notamment l’absence d’anticipation de la part de la direction, déplorant que « rien n’a été anticipé » pour faire face à la crise de l’automobile.
ArcelorMittal prévoit des négociations avec les syndicats pour discuter des mesures sociales visant à atténuer l’impact sur l’emploi. Cependant, les réactions sont vives : le site de Denain s’est mis en grève immédiatement, et des actions sont prévues sur l’ensemble des sites d’ArcelorMittal en France pour les prochains jours. Ces mouvements de protestation reflètent une frustration croissante parmi les salariés, encore marqués par la fermeture des hauts fourneaux de Florange en 2012.
Le contexte économique actuel, marqué par une réduction des ventes dans l’automobile, a déjà conduit Michelin à annoncer la fermeture de ses usines de Vannes et Cholet, affectant 1.254 emplois. Le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, a reconnu que d’autres annonces de fermetures pourraient suivre, soulignant néanmoins la nécessité de soutenir les secteurs industriels en croissance.
Cette situation illustre une crise plus large au sein de l’industrie manufacturière européenne, particulièrement dans l’automobile où 32.000 suppressions de postes ont été annoncées au premier semestre chez les équipementiers. La question de la diversification et de l’adaptation des entreprises à un marché en mutation est désormais plus que jamais d’actualité.
Économie
Climat, guerres, Trump: le G20 sous pression en sommet à Rio
Le sommet du G20 à Rio de Janeiro se tient sous haute tension, avec des enjeux climatiques et géopolitiques majeurs, et l’influence croissante de Donald Trump.
Le sommet du G20, qui réunit les dirigeants des économies les plus influentes du monde, a débuté à Rio de Janeiro dans un contexte marqué par des défis climatiques pressants et des tensions géopolitiques exacerbées. Les discussions, qui se déroulent dans un cadre de plus en plus instable, sont dominées par la nécessité de trouver des accords sur le financement climatique et la gestion des conflits internationaux, tout en anticipant le retour de Donald Trump à la présidence américaine.
Les dirigeants du G20, représentant une part significative du PIB mondial et des émissions de gaz à effet de serre, sont confrontés à l’urgence d’agir pour le climat. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé à des compromis pour garantir un résultat positif à la prochaine conférence sur le climat, la COP29. Cependant, les divergences sur les questions climatiques et les conflits en cours, notamment en Ukraine et au Proche-Orient, rendent les négociations particulièrement ardues. La Russie, absente du sommet, continue d’influencer les discussions par son conflit avec l’Ukraine, tandis que la situation à Gaza et au Liban ajoute une complexité supplémentaire.
Le président argentin Javier Milei, connu pour ses positions ultralibérales et climatosceptiques, introduit une incertitude supplémentaire. Buenos Aires a exprimé des réserves quant à l’adhésion à un communiqué commun, ce qui pourrait entraver les efforts de consensus. De son côté, le président brésilien Lula da Silva, hôte du sommet, souhaite recentrer les débats sur les enjeux sociaux et la lutte contre la pauvreté, avec le lancement d’une Alliance globale contre la faim et la pauvreté, et la proposition d’une taxation des plus riches, déjà discutée entre les ministres des Finances du G20.
L’ombre de Donald Trump, qui devrait revenir à la Maison Blanche en janvier, plane sur le sommet. Joe Biden, en visite en Amazonie, a envoyé un message fort sur la nécessité de protéger l’environnement, soulignant le risque d’un affaiblissement des ambitions climatiques mondiales sous une nouvelle administration républicaine. Cette perspective alimente les craintes d’une fragmentation internationale accrue et d’un retour en arrière sur les engagements climatiques.
Les discussions bilatérales de Xi Jinping avec d’autres dirigeants illustrent également l’importance croissante des pays émergents et des visions alternatives dans un ordre mondial en pleine mutation. Selon Oliver Stuenkel, professeur en relations internationales, le monde entre dans une phase d’imprévisibilité accrue, où les pays du Sud et la Chine auront plus d’espace pour articuler leurs propres stratégies.
Le G20 de Rio de Janeiro se tient à un moment critique où les leaders doivent naviguer entre les impératifs climatiques, les conflits internationaux et les changements politiques majeurs, tout en cherchant à maintenir un semblant d’unité et d’action collective.
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