Les langues régionales sont « une chance pour la République et un trésor national ». Ce sont les mots employés par Jean Castex dans sa lettre au député de l’Hérault Christophe Euzet.
Écrite le 8 juin à Paris, elle fait l’objet d’une mission, confiée à Christophe Euzet ainsi que Yannick Kerlogot, député des Côtes d’Armor. Cette mission, c’est celle « d’analyser les effets concrets de cette décision au regard de sa portée juridique, tant sur le plan pédagogique que sur les aspects partenariaux et financiers. »
Le 8 avril 2021, la loi relative à la protection patrimoniale et la promotion des langues régionales proposée par le député Paul Molac a été adoptée. Acceptée par l’Assemblée Nationale, elle a pourtant causé du grabuge. Le 21 mai, un recours fut déposé et certains points de la loi, sont censurés car inconstitutionnel.
L’objectif est donc celui de mettre en place la loi n°2021-641 du 21 mai 2021, tout en respectant l’article 2 de la Constitution. Il a ainsi été demandé aux députés de formuler des propositions pour mettre en place ce projet. Avec ceci, il leur faudra accompagner leurs idées de calendriers de mise en œuvre.
Christophe Euzet, un choix précis
Député à l’Assemblée, il est très investi dans les questions qui touchent aux régions. Issu du groupe Agir Ensemble, il a défendu l’immersion dans l’hémicycle avec ferveur dans le cadre de la loi Molac. Il est aussi à l’origine de la loi contre la discrimination à l’accent (la glottophobie).
Il abordait cette loi avec quelques réserves, qui se sont révélées correctes : « Le conseil constitutionnel a fait ce que je craignais, en sanctionnant l’inconstitutionnalité, peut-être que les dispositifs de la loi n’étaient pas assez clairs. Maintenant, il faut voir s’il est possible de la rendre conforme à la constitution », nous explique Christhophe Euzet.
Si le Premier Ministre Jean Castex l’a choisi, c’est qu’il est bien placé pour trouver des solutions et faire valoir cette cause, notamment par son engagement dans la question. Par ses idées, dont avec Yannick Kerlogot, ils ne « manquent pas », et pourtant, faire valider définitivement cette loi ne sera pas une mince affaire.
La difficulté constitutionnelle : « c’est du travail d’orfèvre »
Il s’agit, malgré la censure, de trouver des réponses à des problèmes constitutionnel, et ce avant la mi-juillet : « S’agira-t-il de la voie législative, ou de plonger le nez dans les contrats des écoles qui y sont soumises, ou encore, comme certains proposent, réviser la constitution, mais ça ne sera évidemment pas possible. »
Le principal, c’est « de sécuriser la rentrée, aire le maximum pour que les préconisations de la loi Molac puissent entrer en vigueur d’une façon ou d’une autre. On voudrait voir jusqu’ou nous pouvons aller en respectant le droit constitutionnel constant, sans créer une menace pour les dispositifs déjà en place ». Il explique également qu’il faudra s’entretenir avec tous les interlocuteurs concernés, mais aussi des spécialistes de droit constitutionnel, pour avoir un point de vue technique.
Finalement, il s’agira probablement de « construire une fusée à plusieurs étages ».
Des changements qui s’opèrent dans la République, et dont il est porteur
Si d’un point de vue juridique, cette loi apparaît comme un casse-tête, du côté de l’opinion publique et du pouvoir, on comprend sa nécessité : « D’un point de vue politique, on voit que petit à petit on se retourne d’une période de jacobinisme fort. On a voulu effacer les nuances, et aujourd’hui il y a une demande d’identité territoriale. Ce n’est pas revendicatif mais c’est un état de fait. »
Cette situation il la comprend, lui-même porteur d’un accent du Sud : « J’ai dans ma voix l’héritage de mes aïeux qui parlaient Occitan et Catalan. On est immergés dans les langues régionales de nature. » c’est également pourquoi choisir Christophe Euzet est cohérent. Héraultais et fier, il a tous les arguments pour faire valoir l’identité locale, qui passe également par la langue.
« C’est un grand honneur que le Premier Ministre m’a fait »
Les choses changent dans le bon sens, et Jean Castex souhaite le faire valoir par ces choix : « Un député d’Occitanie avec un député breton, c’est un signe fort ». Pour Christophe Euzet, il s’agit d’un signal d’ouverture aux régions « manifestant une singularité, une authenticité », c’est une fierté de les représenter.
Il est finalement en quelque sorte le candidat idéal par sa compréhension du sujet : « Ça me parle, je suis sensible à cela, ajoute-t-il, on fait bien sûr partie de la communauté nationale, mais on a des spécificités ».
Si l’identité régionale est souvent jugée comme une sorte de communautarisme, l’époque permet de la défendre. Selon Christophe Euzet, « La république est maintenant suffisamment établie, forte et sûre d’elle-même pour lâcher du lest aux traditions et identités régionales ».
Les gens ont désormais besoin de cette identité locale, « ça fait parti de nous. », et c’est aussi ce que la loi Molac tend à faire valoir.
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