Monde
A San Francisco, la rentrée sous le signe du départ
« Les gens quittent San Francisco, et ils emmènent leur travail avec eux », constate Kilby Stenkamp, agente immobilière de la ville californienne où on croise désormais plus de « camions de déménagement » que de « grues ».
La capitale de la Silicon Valley est en train de changer de visage, à mesure que de nombreux employés du secteur des technologies quittent la ville pour des logements moins chers et plus grands, au nord, à l’est et même dans d’autres Etats américains.
Mi-mars, San Francisco a été l’une des toutes premières villes américaines à mettre en place le confinement partiel et à adopter des mesures de distanciation sociale, pour contrer la pandémie de coronavirus.
Près de 6 mois plus tard, nombre d’entre elles sont toujours en place, et certains habitants ont passé l’été à se poser la question: partir ou rester ?
« A une autre époque, on n’aurait pas voulu bouger parce qu’on voyait tout le temps nos amis avec des enfants du même âge que les nôtres. Mais maintenant, on est à peine en contact avec eux », raconte Kyla Brown, pendant que les déménageurs installent ses meubles dans sa nouvelle maison à El Cerrito, à 25 km au nord-est de San Francisco.
Pour cette consultante et son mari, ingénieur dans la tech, la fermeture prolongée des écoles a été un facteur déterminant.
« Nous faisons tous les deux du télétravail, et mes parents habitent à 10 minutes… ça nous permet d’avoir une solution de garde d’enfants à proximité. »
Déplacer des octets, pas des atomes
San Francisco abrite le siège de nombreuses entreprises technologiques.
En centre-ville, Twitter et Slack (logiciel collaboratif pour les entreprises) ont annoncé que la plupart de leurs employés pouvaient désormais travailler de chez eux indéfiniment. La plateforme de photos Pinterest a payé près de 90 millions de dollars pour annuler un bail de location de bureaux en construction.
Au sud de la ville, la Silicon Valley est le royaume des géants des technologies, qui ont facilement mis en place le télétravail. Chez Google et Facebook, le retour à Mountain View et Menlo Park n’aura pas lieu avant l’été 2021, au mieux.
Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, prévoit que la moitié de ses dizaines de milliers de salariés puissent travailler de chez eux de façon permanente d’ici 5 à 10 ans.
« Aujourd’hui, il est plus facile de déplacer des octets que des atomes, donc je préfère que nos équipes se téléportent par vidéo ou réalité virtuelle plutôt qu’elles soient coincées dans les embouteillages à polluer l’environnement », avait plaisanté le PDG.
Beaucoup d’employés du réseau social sont en effet ravis d’échapper aux deux heures quotidiennes dans les bus spécialement affrétés.
Romain Daubec, un analyste financier français, et sa femme américaine, salariée de Facebook, habitent dans le quartier de Mission, idéalement situé pour prendre la navette. Ils ont obtenu une baisse de loyer de 13% pendant la crise, mais ont quand même décidé de partir.
« Le coût de la vie reste très élevé, il n’y a plus grand-chose à faire en ville, beaucoup de nos amis sont partis… », énumère Romain.
Rebattre les cartes
Le couple a jeté son dévolu sur Denver, dans le Colorado, à quelque 2.000 km, pour « rester dans un fuseau horaire proche », « profiter de la montagne tout autour », et aussi faire des économies, en habitant dans un trois pièces équivalent, mais 30% moins cher.
A terme, les sociétés veulent ajuster les salaires en fonction du lieu de résidence. Mais des Etats comme le Colorado ou le Texas, autre destination populaire qui cherche à attirer les développeurs, imposent aussi beaucoup moins fiscalement leurs habitants.
A San Francisco, dans le centre-ville, l’exode des « techies » se traduit par des gratte-ciel en bonne partie désertés, des commerces qui ne rouvrent pas, et certaines rues principalement occupées par les SDF.
Pour la première fois depuis des années, les loyers ont baissé, d’en moyenne 10%. En parallèle, au nord de la baie, dans les comtés ruraux de Marin, Sonoma et Napa, les prix des maisons grimpent à vue d’oeil, d’après plusieurs agents immobiliers.
Même les incendies annuels qui sévissent dans ces régions ne semblent pas décourager la demande.
Dans les quartiers résidentiels de San Francisco, en revanche, les prix à la vente baissent peu, et les commerçants ne s’inquiètent pas outre mesure.
« Les cartes sont rebattues », abonde Kilby Stenkamp. « Mais c’est le moment d’investir. Parce qu’à la fin, après les tremblements de terre, après la bulle internet, les gens reviennent toujours ».
Europe
La Suède rend hommage aux victimes de la pire tuerie de masse de son histoire
Au lendemain de l’attaque meurtrière dans un centre d’enseignement à Örebro, la Suède rend hommage aux dix victimes. Le pays, sous le choc, tente de comprendre les motivations du tireur, qui s’est vraisemblablement suicidé.
La Suède observe un deuil national après la fusillade qui a coûté la vie à dix personnes à Örebro, marquant la pire tuerie de masse de son histoire. Mercredi, le roi Carl XVI Gustav, la reine Silvia et le Premier ministre Ulf Kristersson ont déposé des gerbes de fleurs près du lieu du drame, où se sont accumulés bouquets et bougies en mémoire des victimes. « Nous sommes extrêmement choqués », a déclaré le souverain, exprimant son soutien aux proches endeuillés.
Les drapeaux ont été mis en berne sur les bâtiments officiels, tandis qu’une cérémonie religieuse devait être organisée dans l’après-midi. « Aujourd’hui, toute la Suède se rassemble pour soutenir les personnes touchées et déplorer ce qui s’est passé », a déclaré Ulf Kristersson, appelant à l’unité nationale face à cette tragédie.
L’auteur de l’attaque, un homme de 35 ans, a été retrouvé mort sur les lieux, laissant penser à un suicide. Les autorités, qui confirment qu’il a agi seul et sans motif idéologique apparent, poursuivent leurs investigations pour comprendre les circonstances du drame. Inconnu des services de police et sans lien avec les gangs criminels qui secouent la Suède depuis plusieurs années, il possédait un permis de port d’arme et n’avait aucun antécédent judiciaire. Selon des proches, il menait une vie recluse, sans emploi ni contacts avec sa famille.
Six personnes, gravement blessées par balles, sont toujours hospitalisées, tandis que les enquêteurs appellent les témoins à fournir toute information ou vidéo pouvant aider à éclaircir le déroulement des faits. Le pays, habituellement épargné par ce type de violences dans les établissements scolaires, reste abasourdi face à ce cauchemar devenu réalité.
Économie
La Chine ouvre une enquête antimonopole contre Google
La Chine lance une offensive réglementaire contre Google et d’autres entreprises américaines.
Dans un contexte de tensions commerciales exacerbées, la Chine a décidé d’ouvrir une enquête antitrust contre Google, tout en ciblant également des sociétés américaines du secteur de la mode et de la biotechnologie. Cette action s’inscrit dans une stratégie plus large de riposte face aux sanctions douanières imposées par les États-Unis.
L’enquête sur Google, annoncée par le ministère chinois du Commerce, vise à vérifier si le géant de la technologie a enfreint les lois anti-monopole du pays. Cette initiative fait suite à la mise en place de nouvelles taxes par les États-Unis sur les produits chinois, illustrant une escalade dans les frictions économiques entre les deux puissances. La Chine, en lançant cette enquête, cherche non seulement à protéger ses intérêts nationaux, mais également à envoyer un message clair de rétorsion face à ce qu’elle perçoit comme des pratiques commerciales déloyales.
Par ailleurs, l’ajout de PVH Corp., propriétaire de marques comme Tommy Hilfiger et Calvin Klein, ainsi que du géant de la biotechnologie Illumina, à une liste d’entités considérées comme « peu fiables », marque une nouvelle étape dans cette confrontation économique. La Chine accuse ces entreprises de pratiques discriminatoires et d’interruption de transactions avec des entreprises locales. PVH Corp. fait déjà l’objet d’une enquête pour son boycott du coton du Xinjiang, région où la Chine est accusée de graves violations des droits de l’homme.
Cette série d’actions reflète une volonté de la Chine de défendre sa souveraineté économique et de contrer ce qu’elle considère comme des attaques injustifiées contre son modèle économique. En ajoutant des entreprises américaines à une liste noire, Pékin cherche à dissuader d’autres acteurs internationaux de suivre l’exemple américain en matière de sanctions. La mesure contre Illumina, par exemple, pourrait affecter l’accès aux marchés chinois pour les entreprises de biotechnologie, un secteur stratégique pour l’avenir.
Le président américain, Donald Trump, a justifié les nouvelles taxes par le rôle présumé de la Chine dans le trafic de fentanyl et un déséquilibre persistant de la balance commerciale. Cependant, ces accusations n’ont pas empêché Pékin de riposter, illustrant la complexité des relations économiques sino-américaines, où chaque action entraîne une réaction, souvent dans un cycle de représailles qui risque d’affecter non seulement les entreprises directement concernées, mais aussi l’économie mondiale dans son ensemble.
Monde
Kiev et Moscou s’accusent mutuellement d’une attaque dans la région de Koursk
L’Ukraine et la Russie s’accusent mutuellement de bombardements meurtriers à Koursk, Washington appelle à des concessions.
Dans un contexte de conflit prolongé, Kiev et Moscou se rejettent la responsabilité de l’attaque d’une ancienne école dans la région de Koursk, tandis que les États-Unis suggèrent des compromis pour mettre fin aux hostilités.
La tension entre l’Ukraine et la Russie s’intensifie suite à des accusations croisées concernant une attaque meurtrière sur une ancienne école à Soudja, dans la région de Koursk. Cette école, transformée en abri pour civils, a été la cible de frappes qui ont coûté la vie à quatre personnes et blessé grièvement quatre autres. L’Ukraine affirme que l’attaque a été menée par l’aviation russe, tandis que la Russie impute la responsabilité à l’armée ukrainienne, allant jusqu’à ouvrir une enquête pénale contre un commandant ukrainien supposé responsable.
Malgré les dénégations de chaque côté, les conséquences humaines sont indéniables. Les images diffusées par le président ukrainien Volodymyr Zelensky montrent un édifice gravement endommagé et un homme blessé, soulignant la violence des frappes. Les accusations mutuelles ne font qu’exacerber les tensions dans une région où les combats se poursuivent sans relâche, malgré les promesses de paix.
De leur côté, les États-Unis, par la voix de l’émissaire Keith Kellogg, ancien général, appellent à des concessions de part et d’autre pour parvenir à un cessez-le-feu. Cependant, cette suggestion est accueillie avec scepticisme par Kiev, qui refuse catégoriquement toute concession territoriale. La pression sur le gouvernement ukrainien est cependant palpable, avec des pertes croissantes sur le champ de bataille et une incertitude quant à l’avenir du soutien américain.
Sur le front intérieur, l’Ukraine subit également de lourdes pertes civiles, avec au moins 23 personnes tuées lors de frappes russes ce weekend. Ces attaques ont visé des zones civiles, causant des destructions massives et des pertes humaines, notamment à Kherson, Poltava et Soumy. La Russie, quant à elle, rapporte des victimes dans des attaques de drones ukrainiens sur Belgorod, illustrant ainsi la nature bilatérale de la violence.
La situation à Koursk et dans l’ensemble de l’Ukraine reste extrêmement volatile. Les accusations mutuelles d’attaques contre des civils ne font qu’ajouter à la confusion et à la douleur des populations prises entre deux feux. Les appels à la paix et aux compromis de Washington semblent encore loin de se concrétiser, alors que chaque camp s’enfonce dans une guerre d’usure, où les pertes humaines et matérielles s’accumulent sans répit.
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