Politique
A la barre, le singulier plaidoyer de Sarkozy pour les écoutes, preuves de sa « transparence »
Des débats, souvent confus, au procès de Nicolas Sarkozy, s’est dégagé mercredi un paradoxe. Pour établir sa « transparence », l’ex-président a appelé la cour d’appel à se référer au socle même de l’accusation: les écoutes de ses conversations avec son avocat Thierry Herzog.
« Puisque vous avez ces écoutes, lisez-les vraiment! », a-t-il lancé aux trois magistrats qui le rejugent à Paris pour corruption et trafic d’influence, aux côtés de Me Herzog et de l’ancien avocat général à la Cour de cassation Gilbert Azibert.
Captés début 2014 sur la ligne officieuse « Paul Bismuth », ces échanges accréditent pourtant, selon l’accusation, l’existence d’un pacte de corruption aux termes duquel M. Sarkozy aurait promis une intervention en faveur de M. Azibert, en rétribution d’informations sur une affaire alors examinée par la Cour de cassation.
Tout au long de la procédure, la défense a d’ailleurs, en vain, tenté de faire annuler ces écoutes et a de nouveau déposé des recours en ce sens lundi, au premier jour des débats, au motif qu’elles violeraient la confidentialité des échanges entre un avocat et son client.
L’ancien président a lui-même souvent dénoncé « l’infamie » d’avoir été écouté – « pendant sept mois », souligne-t-il – et s’était dit mardi « stupéfait » après leur diffusion dans la salle d’audience.
Mais il leur a toutefois trouvé quelques vertus mercredi après-midi.
« A charge et à décharge »
« Les écoutes, il y a des éléments à charge mais aussi à décharge », a-t-il ainsi déclaré à la barre en se référant spécifiquement à certaines des accusations de trafic d’influence qui pèsent sur lui et ses deux coprévenus.
A l’époque des écoutes, Nicolas Sarkozy a formé un pourvoi devant la Cour de cassation pour faire invalider la saisie de ses agendas présidentiels et il est soupçonné d’avoir, via Me Herzog et M. Azibert, eu connaissance d’un document lié à ce recours et couvert par le secret: l’avis du rapporteur.
Gilbert Azibert « a eu accès à l’avis qui ne sera jamais publié du rapporteur destiné à ses collègues » et « cet avis conclut (…) au retrait de toutes les mentions relatives à tes agendas », affirme ainsi Me Herzog à l’ancien président le 30 janvier.
A la barre, M. Sarkozy a posé sur son pupitre la retranscription des écoutes qui prouvent, selon lui, qu’il n’avait aucune conscience du caractère secret de cet avis et qu’il n’a donc alors commis aucun délit.
« Mes réponses montrent que je n’y comprends rien », assure l’ancien président qui en fait alors la lecture : « Pourquoi? Hmm? Est-ce que ça, ça a été publié ça? »
Selon ses explications, l’ancien chef de l »Etat mélange alors trois documents aux libellés assez proches: « l’avis » de l’avocat général, le « rapport » du rapporteur et « l’avis » du rapporteur. Seul ce dernier est confidentiel.
Encore une fois, l’ancien président veut qu’on s’en tienne aux retranscriptions. « A tous les moments (dans les écoutes, ndlr), on voit que je ne fais pas la différence entre le rapport, l’avis et l’avis du rapporteur », soutient-il, confessant son « incompétence » sur la procédure, très particulière, à la Cour de cassation.
La présidente de la cour s’étonne un peu: « C’est compliqué mais ce n’est tout de même pas de la mécanique quantique ».
Très combatif, l’ex-chef d’Etat insiste: sa bonne foi est attestée par la nature même des interceptions. « Je ne pose (à Me Herzog, ndlr) aucune question (sur l’avis) alors que je suis sur une ligne où je ne pense pas être écouté ». Et de conclure: « Ces écoutes montrent ma parfaite transparence ».
Il n’est pas le seul prévenu à avoir usé de ce paradoxe mercredi, au cours de débats qui se sont souvent perdus dans les méandres de la Cour de cassation. Gilbert Azibert, 75 ans, a ainsi livré une étrange confession. « Mon regret, c’est de ne pas avoir été sur écoutes » plus tôt, a-t-il lâché.
Des conversations qu’il a eues avec Me Herzog quelques semaines avant le « branchement » de sa ligne auraient permis, selon lui, d’établir qu’il n’a jamais franchi la ligne « jaune ».
Fin des débats prévue le 16 décembre.
Politique
Le PS prêt à négocier avec les macronistes et LR sur la base « de concessions réciproques »
Le Parti Socialiste, sous la direction d’Olivier Faure, se dit prêt à entamer des pourparlers avec les macronistes et la droite pour former un gouvernement temporaire.
Dans une démarche inédite, le Parti Socialiste (PS) montre une ouverture significative envers les macronistes et Les Républicains (LR) pour constituer un gouvernement d’unité nationale. Olivier Faure, Premier secrétaire du PS, a exprimé lors d’une interview sur franceinfo sa volonté de négocier des « concessions réciproques » afin de sortir de l’impasse politique actuelle. Cette proposition intervient dans un contexte où le pays ne peut se permettre de rester paralysé par les querelles partisanes.
La stratégie du PS repose sur un compromis temporel, envisageant la formation d’un gouvernement à durée limitée. Ce gouvernement serait le fruit d’une négociation préalable, orchestrée par un « préfigurateur » désigné par Emmanuel Macron. L’objectif est de trouver un terrain d’entente sur des sujets cruciaux, tels que les retraites, où le PS propose un gel de la réforme plutôt qu’une abrogation immédiate, afin de permettre une conférence de financement ultérieure. Cette approche pragmatique reflète une volonté de dialogue et de recherche de solutions concrètes.
Faure reconnaît que les discussions excluront les forces du Nouveau Front populaire, notamment les Insoumis, qui se sont auto-exclus du processus. Cependant, il invite Laurent Wauquiez et LR à participer aux négociations, sous réserve de concessions mutuelles. Cette ouverture illustre une flexibilité politique rare, où le PS accepte de faire des compromis sur des positions traditionnellement fermes, comme la réforme de l’ISF, où il envisage un rétablissement rapportant 15 milliards d’euros au lieu des trois initialement proposés.
Le PS, sans majorité absolue, se trouve contraint de naviguer dans un paysage politique fragmenté. Faure insiste sur le fait que son parti n’abandonne pas ses valeurs, mais qu’il est prêt à faire des concessions pour le bien commun. « Je suis prêt à entrer en discussion. Ça ne veut pas dire que je suis prêt à dire que je suis devenu macroniste », souligne-t-il, marquant ainsi une distinction claire entre compromis et reniement idéologique.
France
« Bavardage creux », « dérive préoccupante » : les politiques réagissent à l’allocution d’Emmanuel Macron
Emmanuel Macron, dans son allocution, promet un gouvernement d’intérêt général, mais les critiques fusent de tous bords politiques.
Dans son discours adressé à la nation, Emmanuel Macron a esquissé une vision de la France unie sous un « gouvernement d’intérêt général », une rhétorique qui se veut rassembleuse. Pourtant, ce message semble avoir rencontré un mur de scepticisme et de critiques de la part de ses adversaires politiques.
Adresse aux Français. https://t.co/irpXQN9qfN
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) December 5, 2024
Jean-Luc Mélenchon, leader de la France Insoumise, a vivement critiqué le discours présidentiel, le qualifiant de « bavardage creux et prétentieux ». Pour lui, l’utilisation de l’article 49.3 pour imposer des lois sans vote parlementaire est une atteinte directe à la démocratie, justifiant ainsi la censure du gouvernement Barnier. Cette censure, selon Mélenchon, n’est pas dirigée contre Barnier, mais contre la politique d’Emmanuel Macron lui-même.
De l’autre côté de l’échiquier politique, Jordan Bardella du Rassemblement National a également exprimé son inquiétude face à ce qu’il perçoit comme une « dérive préoccupante » de la macronie. Il suggère que le président s’éloigne des réalités du terrain et du peuple français.
Boris Vallaud du Parti Socialiste a quant à lui voté la motion de censure comme une « sanction d’un mauvais budget de la sécurité sociale », tout en appelant à un Premier ministre issu de la gauche. Cette critique vise non seulement le fond du discours mais aussi la forme, dénonçant une politique qui, selon lui, manque de considération pour les besoins sociaux.
Marine Tondelier, d’Europe Écologie Les Verts, a salué la prudence de Macron dans la nomination de son Premier ministre, mais n’a pas manqué de critiquer le ton « condescendant » du discours. Elle semble apprécier la retenue du Président dans sa précipitation à nommer un successeur à Barnier, mais déplore le manque de respect perçu dans son allocution.
Enfin, Rachida Dati, ancienne ministre, a indiqué que Macron devrait agir rapidement pour nommer un nouveau Premier ministre, reflétant une attente de décisions concrètes et rapides de la part du Président.
L’allocution d’Emmanuel Macron, bien que visant à rassurer et à fédérer, a plutôt suscité un concert de critiques, reflétant un fossé grandissant entre le chef de l’État et les représentants de diverses tendances politiques. Ce discours, loin de combler les divisions, semble les avoir accentuées, laissant le public informé dans l’attente de voir comment le Président répondra à cette vague de scepticisme.
France
Macron face à la nation : un rendez-vous à 20h pour dissiper le flou
Après la chute historique du gouvernement Barnier, Emmanuel Macron s’adressera aux Français jeudi soir. Une allocution attendue qui pourrait définir l’avenir politique du pays et du président lui-même.
La chute du gouvernement de Michel Barnier, renversé par une motion de censure à l’Assemblée nationale, a plongé la France dans une crise politique sans précédent depuis des décennies. Cette situation met également le président Emmanuel Macron sous une pression inédite, alors qu’il doit gérer à la fois une majorité relative fragilisée et des appels de l’opposition à sa démission.
Dans ce contexte tendu, l’annonce de l’Élysée d’une allocution présidentielle prévue à 20h jeudi suscite une attente considérable. Le chef de l’État, récemment rentré d’Arabie Saoudite, devra non seulement répondre à l’urgence politique créée par la chute de son Premier ministre, mais aussi rassurer un pays en quête de stabilité. Le silence persistant sur la nomination d’un successeur à Michel Barnier alimente les spéculations, renforçant l’importance de cette prise de parole.
Pour Emmanuel Macron, ce discours est une occasion cruciale de reprendre la main sur le récit politique. Il devra convaincre qu’il est encore en mesure de gouverner face à une Assemblée nationale frondeuse et une opinion publique de plus en plus critique. Ses opposants, notamment La France insoumise, ne manqueront pas de scruter chaque mot, prêts à amplifier la contestation si le message présidentiel ne répond pas aux attentes.
Alors que l’histoire de la Ve République n’a que rarement connu de telles impasses, l’intervention de 20h pourrait être déterminante pour définir non seulement les prochaines étapes institutionnelles, mais également l’avenir d’un mandat déjà marqué par des défis multiples. La France attend des réponses, et c’est désormais à Emmanuel Macron de les fournir.
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