Politique
Débats houleux à l’Assemblée sur un texte d’abrogation de la réforme des retraites
Présenté par le groupe centriste Liot, un texte d’abrogation de la controversée réforme des retraites était au cœur des débats, mardi, à l’Assemblée nationale avec en toile de fond la question de « la recevabilité » de cette proposition de loi soutenue par l’opposition de gauche, le RN et certains députés LR.
Les députés peuvent-ils voter une loi pour annuler une autre loi ? Déclaré « recevable » mais sujet à un vif débat sur sa constitutionnalité, un texte d’abrogation de la retraite à 64 ans était plus que jamais, mardi 30 mai, au cœur d’un bras de fer entre les oppositions et un camp présidentiel déterminé à empêcher un vote à l’Assemblée nationale.
La proposition de loi présentée par le groupe centriste Liot (Libertés, Indépendants, Outre-mer, Territoires) doit être examinée mercredi en commission des Affaires sociales, avant d’arriver le 8 juin dans l’Hémicycle.
Et malgré de faibles chances d’aboutir sur le plan législatif, elle maintient la flamme des opposants à la réforme promulguée mi-avril et porte une dimension politique telle qu’elle inquiète le gouvernement.
« On ne ment pas aux Français en portant, avec la plus grande démagogie, un texte dont chacun sait ici, pertinemment, qu’il serait censuré par le Conseil constitutionnel », a lancé mardi la Première ministre, Elisabeth Borne, devant les députés lors de la séance des questions d’actualité au gouvernement.
La présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, est aussi montée au créneau. « Il ne doit pas y avoir de débat sur cet article qui est clairement inconstitutionnel », a-t-elle dit sur France 2 en référence à la mesure d’abrogation au cœur du texte soutenu par la gauche, le Rassemblement national (RN) et certains députés Les Républicains (LR).
Mais l’Insoumis Éric Coquerel a rapidement répliqué depuis le Palais Bourbon : « J’ai décidé de rendre recevable la proposition de loi ». Il livrait devant la presse une décision sans surprise, après avoir été saisi en tant que président de la commission des Finances par des élus de la majorité l’appelant à faire barrage au nom de la Constitution.
Entouré de plusieurs élus de la coalition de gauche Nupes, Éric Coquerel a dénoncé des « pressions qui ont été faites ces derniers jours », notamment de la part d’Élisabeth Borne. « Je trouve un peu paradoxal que l’exécutif se mêle à ce point d’une décision purement parlementaire », a-t-il attaqué.
Un alourdissement des charges publiques ?
C’est une « décision partisane et politicienne » d’Éric Coquerel, une « atteinte grave à nos institutions », ont riposté les présidents des groupes de la majorité (Renaissance, MoDem, Horizons). Ce texte est « incontestablement irrecevable », a renchéri le rapporteur général du budget, Jean-René Cazeneuve (Renaissance).
Au cœur de ces joutes aux apparences très juridiques, l’article 40 de la Constitution. Il dispose que les initiatives des parlementaires ne sont pas recevables si elles entraînent un alourdissement des charges publiques. Or le texte de Liot coûte « plus de 20 milliards », martèle le camp présidentiel.
Éric Coquerel, se défendant de toute « logique partisane », a argumenté en faveur de la recevabilité en faisant valoir « les droits des oppositions » et la « souplesse » traditionnelle sur les propositions de loi.
Quelle issue à ce dialogue de sourds ? Après le feu vert d’Éric Coquerel, le camp présidentiel garde des atouts dans sa manche pour tenter d’empêcher un vote.
Il espère dans un premier temps réussir à supprimer, mercredi, l’article d’abrogation des 64 ans lors de son examen en commission. Ce qui obligerait le groupe Liot à réintroduire sa mesure par un amendement avant le 8 juin. Un scénario qui autoriserait la présidente de l’Assemblée à brandir elle-même le couperet de la recevabilité financière.
Un texte « populiste », selon la majorité
« Je prendrai mes responsabilités », a dit mardi Yaël Braun-Pivet, laissant entendre qu’elle allait le faire, après avoir été critiquée dans son propre camp pour ne pas avoir fait barrage plus tôt. « J’entends des gens dire : ‘ce serait anti-démocratique d’empêcher le vote’ (de la proposition Liot), je trouve ça dingue parce que c’est l’application de la loi et il n’y a rien de plus démocratique que d’appliquer la loi », a-t-elle insisté.
La présidente « a changé de pied, rappelée par la patrouille de l’Élysée et de Matignon », a commenté le député Liot, Benjamin Saint-Huile.
La majorité taxe le texte d’abrogation de « populiste » et d' »arnaque ». Car même adopté par l’Assemblée, il n’aurait « aucune chance » d’aller au bout de son parcours parlementaire, plaide-t-elle.
Mais l’argument n’est pas bon, selon le groupe Liot emmené par le député Bertrand Pancher, confiant en une possible victoire le 8 juin en fédérant les voix de la gauche, du RN et de certains LR. « Je ne vois pas comment le président Macron pourrait ne pas tenir compte » d’un vote de l’Assemblée, ce serait un « séisme politique ».
« La macronie veut encore imposer la volonté du monarque présidentiel. Sommes-nous encore en démocratie ? En République non », a lancé sur Twitter le leader insoumis, Jean-Luc Mélenchon.
Si la majorité parvient à éviter un vote le 8 juin, « ce serait un approfondissement de la crise démocratique », a tonné le député communiste Sébastien Jumel.
Politique
Soutien à l’Ukraine : Macron évoque l’envoi de troupes et la menace nucléaire
Emmanuel Macron détaille sa stratégie face à la crise ukrainienne lors d’une interview télévisée, mettant l’accent sur le soutien à Kiev et la réponse à la menace russe.
Jeudi soir, Emmanuel Macron a pris la parole lors d’une interview diffusée sur TF1 et France 2, détaillant sa stratégie de soutien à l’Ukraine après la signature d’un accord de sécurité et évoquant des propos controversés sur un éventuel envoi de militaires occidentaux. Voici ce qu’il faut retenir de cette intervention cruciale.
Le président français a souligné les enjeux majeurs du soutien à l’Ukraine face à une Russie de plus en plus « menaçante » en Europe. Alors que l’Assemblée nationale et le Sénat ont approuvé l’accord de sécurité avec Kiev, Macron a abordé plusieurs points cruciaux lors de son entretien.
Interrogé sur la possibilité d’un envoi de troupes au sol, Macron a affirmé que la situation ne le nécessitait pas actuellement, mais il n’a pas exclu cette possibilité. Il a souligné la nécessité de ne pas limiter les options de réponse face à une Russie qui durcit ses positions.
Le président a réaffirmé que la France ne prendrait jamais l’initiative de la guerre contre la Russie, insistant sur son rôle de force de paix. Toutefois, il a averti que la sécurité des Français dépendait de la défaite de la Russie en Ukraine, soulignant les conséquences d’une victoire russe sur la crédibilité de l’Europe.
Emmanuel Macron a également critiqué ceux qui posent des limites à l’engagement pour soutenir l’Ukraine, affirmant qu’ils choisissent l’abandon de souveraineté et la défaite. Il a insisté sur l’importance de ne pas être faible face à l’agression russe.
Face à la menace nucléaire agitée par Vladimir Poutine, Macron a assuré que la France était prête à répondre à toute escalade de la part de la Russie, tout en soulignant la responsabilité qui accompagne la possession de l’arsenal nucléaire français.
Enfin, Macron a abordé les efforts pour fournir à l’Ukraine les munitions dont elle a besoin, notant que la production avait été considérablement augmentée. Il a également évoqué la possibilité de financer de nouvelles initiatives pour soutenir Kiev.
Cette interview intervient à un moment crucial, alors que la crise ukrainienne continue de s’intensifier et que les élections européennes se rapprochent. Macron a clairement établi sa position en faveur du soutien à l’Ukraine, marquant ainsi le début de la campagne présidentielle.
France
L’Assemblée soutient largement l’accord avec l’Ukraine, sans le RN ni LFI
Le texte, soutenu par une majorité de députés, suscite des critiques de l’opposition en vue des élections européennes.
L’Assemblée nationale a exprimé mardi soir un large soutien à l’accord de sécurité entre la France et l’Ukraine, lors d’un vote qui a vu l’abstention du Rassemblement national (RN) et l’opposition de La France insoumise (LFI). Malgré les divergences d’opinions, le texte a recueilli un soutien massif avec 372 voix pour et 99 voix contre, lors de ce scrutin non contraignant.
Le président Emmanuel Macron prendra la parole jeudi dans les journaux télévisés de 20 heures de TF1 et France 2 pour aborder la question de l’Ukraine, ont annoncé les deux chaînes peu après le vote.
Le Premier ministre Gabriel Attal a ouvert les débats en critiquant sévèrement le RN, les Insoumis et les communistes, dénonçant leur attitude face aux risques concrets d’une victoire russe pour la vie quotidienne des Français. Il a affirmé que la France ne se fixait aucune limite face à la Russie et a souligné le caractère décisif du moment actuel dans le conflit.
Tandis que Marine Le Pen a accusé l’exécutif d’instrumentaliser la crise à des fins électoralistes, le ton est monté entre le Premier ministre et les opposants à l’accord. Gabriel Attal a défendu une position ferme face à la Russie, affirmant qu’aucune négociation n’était possible avec Vladimir Poutine.
La gauche a manifesté ses divisions, avec un vote contre de La France insoumise et des communistes, qui ont critiqué le discours « va-t-en-guerre » d’Emmanuel Macron. Les socialistes ont quant à eux voté pour l’accord, tout en critiquant la rhétorique belliciste du président.
À droite, Les Républicains ont apporté leur soutien à l’accord tout en critiquant les tactiques électorales de l’exécutif. Ils ont demandé des actions concrètes en faveur de l’Ukraine, notamment des livraisons d’armes. Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a clarifié que les trois milliards d’euros de soutien supplémentaire promis à l’Ukraine en 2024 correspondent à la valeur maximale de l’aide militaire, et non à un simple chèque. Il a également affirmé que l’envoi de troupes au sol combattantes n’était pas à l’ordre du jour.
Europe
Ukraine: un débat mouvementé attendu à l’Assemblée
L’issue du vote symbolique reste incertaine dans un contexte de tensions politiques.
L’Assemblée nationale se prépare à un débat mouvementé ce mardi concernant la stratégie d’aide à l’Ukraine, suivi d’un vote symbolique, alors que la campagne des élections européennes bat son plein. Le Premier ministre, Gabriel Attal, ouvrira les débats vers 16h30, suivi des interventions des groupes politiques et d’un vote prévu aux alentours de 20h00, bien que non contraignant.
Le soutien attendu de LR pourrait donner une issue favorable au vote, bien que certains membres du groupe exigent des engagements concrets en matière d’exportations d’armes. De leur côté, les macronistes espèrent souligner les « ambiguïtés » du RN et de LFI vis-à-vis de la Russie.
La déclaration du Premier ministre portera sur l’accord de sécurité franco-ukrainien du 16 février, incluant un renforcement de la coopération militaire pour une durée de dix ans. Cet accord prévoit un soutien financier supplémentaire pouvant aller jusqu’à trois milliards d’euros en 2024, un point qui suscite des interrogations au vu des récentes coupes budgétaires annoncées par le gouvernement.
Alors que l’Ukraine est devenue un enjeu clé de la campagne européenne, les propos d’Emmanuel Macron sur un éventuel envoi de troupes au sol ont suscité des réactions contrastées. Si certains voient cette initiative comme une nécessité, d’autres, comme Manuel Bompard de LFI, dénoncent une « folie totale » et accusent le président de devenir le « leader du camp de la guerre ».
La division est également présente à gauche, avec des positions divergentes au sein du PS. Raphaël Glucksmann soutient l’accord et appelle à voter en sa faveur, tandis que le groupe socialiste attendra la déclaration de Gabriel Attal avant de se prononcer.
Après le débat à l’Assemblée, une discussion similaire est prévue au Sénat mercredi, soulignant l’importance et la complexité de la question de l’aide à l’Ukraine dans le paysage politique français.
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