Société
« Carnets de profs »: quatre enseignants racontent leur quotidien en collège
Depuis des années, de nombreux profs le disent: ils sont « en première ligne ». En première ligne et parfois démunis, dans leur salle de classe, pour assurer leur mission et répondre à leurs élèves sur des sujets d’actualité brûlants.
Quatre enseignants de collège public ont accepté de confier, chaque semaine, leur expérience de terrain.
Pour leurs premiers « carnets de profs », ils racontent leur rentrée marquée par l’hommage à leur collègue Samuel Paty, décapité pour avoir montré des caricatures du prophète Mahomet, et s’interrogent sur leur formation à l’enseignement de la laïcité.
Peur des élèves d’être « associés aux terroristes »
Camille, 39 ans, enseigne depuis dix ans l’histoire-géographie dans un collège classé REP+ des Yvelines:
« Lors des attentats de Charlie Hebdo, la minute de silence avait été difficile à faire respecter. Il y avait un climat très électrique dans le collège et j’ai le souvenir d’un élève qui avait arraché une affiche +Je suis Charlie+. Je pense également que nous, les enseignants, étions très à fleur de peau.
Le dialogue s’est instauré une fois que chacun a pu prendre un peu de recul. Au fur et à mesure que les attentats se sont succédé, nous avons recueilli la peur (des élèves) d’être associés aux actes des terroristes ».
La semaine dernière, « les élèves se sont bien comportés ils ont notamment demandé si on avait vraiment le droit de faire des caricatures des religions.
Un élève, un peu fâché, m’a dit que si c’était comme ça, il allait faire une caricature d’Emmanuel Macron et j’ai répondu que tant que son dessin n’incitait pas à la haine ou n’était pas à caractère raciste… il pouvait. Il a semblé surpris, m’a demandé si il avait vraiment le droit de la faire. Quand je lui ai dit oui, il a semblé soulagé.
Finalement, le fait que les caricatures puissent toucher jusqu’au président de la République a apaisé leur sentiment que les musulmans étaient systématiquement pris pour cible ».
« Je n’utilise pas ces caricatures »
Céline, 45 ans, enseigne l’histoire-géographie dans un collège classé REP+ d’une ville moyenne du Haut-Rhin:
« J’ai très rarement été confrontée à des incidents alors que j’enseigne dans des établissements sensibles depuis vingt-et-un ans. La liberté d’expression implique qu’il faut aussi laisser les élèves s’exprimer, mais après il faut les cadrer, il faut rappeler sans cesse les limites.
On a bien expliqué que les caricatures, Samuel Paty les avait utilisées comme document de travail pour provoquer le débat, on ne sait pas si lui les appréciait !
Mais il était possible de les utiliser pour ça, comme document de travail pour lancer le débat. Moi je n’utilise pas ces caricatures, personne de mes collègues ne le fait. Peut-être par autocensure, je ne sais pas. »
« Ce qui me manque, c’est une formation »
Marie, 44 ans, professeure de français dont le prénom a été modifié, exerce depuis une dizaine d’années dans une grande ville d’Ile-et-Vilaine:
« Quand on est arrivés à 8H00, on était tous très, très fébriles. Le ministre avait annoncé qu’il y aurait deux heures de concertation pour la communauté enseignante pour qu’on puisse évoquer cet assassinat et préparer notre intervention, pour que chacun puisse exorciser aussi l’événement, parce qu’il est traumatisant pour tout le monde. Il s’est avéré que cet échange a été annulé en dernière minute.
J’ai abordé ce problème comme j’ai pu, je suis enseignante de français, pas d’éducation civique. Comme tous mes collègues, on a regardé sur internet, on s’est renseignés.
Le moins j’en parle, le mieux je me porte, ce qui me manque c’est une formation, une façon d’aborder ces thèmes-là, surtout pour pouvoir répondre à nos élèves. »
Pas de « crispation »
Philippe, 54 ans, enseigne l’histoire-géographie dans un village du Puy-de-Dôme:
« Dans mon collège rural, je n’ai jamais assisté à une crispation entre adultes ou avec des élèves sur le thème de la laïcité et des religions. Ce sont des faits religieux que j’enseigne et je n’ai jamais eu de remarques d’élèves sur ma manière de le faire, ni le pourquoi de cet enseignement. Pourtant, je me doute bien que, dans une classe, j’ai des élèves de croyances variées.
J’enseigne la question de la laïcité avec mes élèves plus âgés. Là non plus, je n’ai jamais été confronté à une opposition, à un doute d’élève sur le sens du mot ni sur ce que la laïcité permet dans la vie quotidienne.
Avec l’expérience, je suis devenu plus attentif à mon discours sur la laïcité à l’école pour ne pas en rester à ce qu’elle interdit: j’insiste sur les libertés que cette laïcité permet. »
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Planète
Gâter ses animaux à Noël, une tendance qui perdure
À l’approche des fêtes, les propriétaires d’animaux de compagnie ne lésinent pas sur les dépenses pour choyer leurs compagnons à quatre pattes, une tendance qui se confirme d’année en année.
Les festivités de fin d’année ne sont plus uniquement réservées aux humains. En France, où la moitié des foyers possèdent au moins un animal de compagnie, les chiens, chats et autres compagnons à poils ou à plumes sont de plus en plus intégrés aux célébrations de Noël. Cette coutume, qui perdure et se renforce, s’accompagne d’une véritable explosion des ventes dans les magasins spécialisés.
Les enseignes dédiées à l’animalerie, comme Maxi Zoo France et Animalis, constatent une hausse significative de leur chiffre d’affaires en décembre. Jean-Philippe Blasco, directeur commercial de Maxi Zoo France, souligne que « les animaux sont désormais considérés comme des membres à part entière de la famille, il est donc naturel de les inclure dans les festivités de Noël ». En effet, les ventes de ces enseignes augmentent de 20% durant cette période festive, avec une prédilection marquée pour les jouets et les accessoires, dont les chiffres peuvent doubler.
Cette tendance est illustrée par des exemples concrets. Astrid Brunet, par exemple, prévoit d’offrir un jouet à son berger australien, Mamen, pour le plaisir de l’animal et pour éviter qu’il ne s’en prenne aux paquets cadeaux des autres membres de la famille. Baptiste Gautier, quant à lui, hésite encore entre un coussin et un jouet pour son golden retriever, Tao. Les friandises et les calendriers de l’avent pour animaux sont également très populaires, montrant que l’anticipation des fêtes commence bien avant le jour J.
Cette évolution dans le statut des animaux de compagnie est analysée par le sociologue Christophe Blanchard, qui explique que « depuis trente ans, le rôle des chiens et chats a considérablement changé. Ils ne sont plus vus comme des gardiens ou des chasseurs de souris, mais comme des membres de notre intimité ». Cette intégration des animaux dans les rituels familiaux est désormais perçue comme normale.
Cependant, cette période de générosité ne se limite pas à l’achat de cadeaux pour les animaux de compagnie. Les dons aux associations de protection animale connaissent également un pic. La SPA et la Fondation 30 millions d’amis notent une augmentation significative des contributions en décembre, qui représentent respectivement 20% et 36% de leurs collectes annuelles. Les refuges reçoivent aussi davantage de dons en nature, une aide précieuse pour les animaux en attente d’un foyer.
Malgré cette vague de générosité, Reha Hutin, présidente de la Fondation 30 millions d’amis, rappelle que « faire des cadeaux à ses animaux est devenu la norme, mais l’animal n’est pas un cadeau ». Elle insiste sur l’importance de l’engagement à long terme lorsqu’on adopte un animal, soulignant que l’abandon, même après les fêtes, est inacceptable. La SPA, qui a pris en charge près de 45 000 animaux abandonnés ou maltraités l’an dernier, dénonce cette pratique.
Ainsi, si Noël est devenu une période de festivités pour tous les membres de la famille, y compris les animaux de compagnie, il est crucial de se rappeler que l’adoption d’un animal est un engagement sérieux et durable, et non un simple caprice saisonnier.
France
Dominique Pelicot condamné à 20 ans de prison, les autres accusés jugés coupables
Le tribunal d’Avignon a rendu son verdict dans l’affaire des viols de Mazan, marquant un tournant dans la lutte contre les violences conjugales.
La cour criminelle de Vaucluse a statué jeudi sur le sort de Dominique Pelicot, un septuagénaire accusé de viols aggravés et de tentatives de viol sur son ex-épouse, Gisèle. Durant une décennie, cet homme a administré des anxiolytiques à son épouse avant de la violer et de l’exposer à des inconnus recrutés via internet, une pratique qui a marqué les esprits par sa cruauté.
Lors de l’énoncé du verdict, le président de la cour, Roger Arata, a déclaré Pelicot coupable, soulignant ainsi la gravité des faits. « Monsieur Pelicot, vous êtes déclaré coupable de viol aggravé sur la personne de Gisèle Pelicot », a-t-il précisé, avant de réserver la lecture de la peine pour plus tard dans la matinée. Pelicot, impassible, a écouté sans broncher la sentence qui le condamne potentiellement à 20 ans de réclusion criminelle.
Outre les viols, l’accusé a également été reconnu coupable de détention et enregistrement d’images prises à l’insu de sa femme, de sa fille et de ses belles-filles. La salle d’audience était comble, la famille au complet, témoin silencieux d’une justice qui se rend.
Au cours du procès, Dominique Pelicot avait exprimé des regrets, demandant pardon à sa famille et reconnaissant le courage de son ex-épouse. « On m’a affublé de titres, j’ai plutôt l’intention de me faire oublier », avait-il déclaré, conscient de l’image monstrueuse qu’il projetait. Caroline, sa fille, n’a plus que des mots durs pour lui, le qualifiant de « géniteur » et le décrivant comme un des plus grands criminels sexuels des vingt dernières années.
L’affaire de Mazan, par son horreur et sa médiatisation, est devenue un symbole de la lutte contre les violences faites aux femmes. Elle met en lumière la nécessité d’une justice ferme et sans complaisance face à de tels actes. La condamnation de Pelicot, bien que ne pouvant réparer les traumatismes infligés, envoie un message fort : la société ne tolère pas l’impunité pour ces crimes odieux.
La peine de Dominique Pelicot, qui sera probablement lourde, ne sera pas seulement une punition, mais aussi une tentative de restauration de la confiance dans la justice par les victimes et la société.
Société
Tendance : Les parfums de niche en odeur de succès
Les parfums de niche, autrefois confidentiels, connaissent aujourd’hui une croissance phénoménale, séduisant une clientèle en quête d’exclusivité et de personnalisation.
Le marché des parfums de niche, souvent qualifiés de « haute couture olfactive », connaît une expansion remarquable. Sans recourir à des campagnes publicitaires massives ni à des figures emblématiques pour les représenter, ces fragrances haut de gamme, vendues à des prix pouvant atteindre plusieurs centaines d’euros, captivent une audience désireuse de se démarquer. Julien Sausset, directeur général de Parfums Marly, souligne cette dynamique en évoquant des croissances annuelles vertigineuses, prévoyant de dépasser les 600 millions de dollars de ventes en 2024.
Les parfums de niche se distinguent par leur exclusivité et leur capacité à offrir une expérience sensorielle unique. Ils ne sont pas seulement des produits de beauté, mais des vecteurs d’expression personnelle. Julien Sausset explique que les consommateurs recherchent désormais à affirmer leur identité à travers des senteurs qui ne se contentent pas de suivre la mode, mais la créent. Ce segment de marché, bien que représentant encore une part modeste du marché global des parfums, croît à un rythme de 13% par an, contre 3 à 5% pour les parfums conventionnels.
Les Parfums Marly, avec des prix de départ à 250 euros, sont particulièrement prisés aux États-Unis et présents dans plus de 80 pays. À Paris, la marque s’apprête à ouvrir une nouvelle boutique dans le Triangle d’or, un quartier synonyme de luxe, pour offrir une immersion complète dans l’univers olfactif de la marque. L’objectif est clair : créer un espace où le produit peut être mis en scène, raconté et vendu par des experts passionnés.
L’inspiration de la marque, fondée par Julien Sprecher, puise dans l’histoire et l’élégance du XVIIIe siècle, période où la parfumerie moderne a pris son essor. Les parfums de niche promettent non seulement une durabilité exceptionnelle mais aussi une qualité supérieure des ingrédients et des concentrations plus élevées, justifiant ainsi leur positionnement sur le segment du luxe.
Julie El Ghouzzi, spécialiste du luxe, rappelle que dans les années 90, face à la démocratisation du parfum, certains parfumeurs ont voulu se démarquer en créant des fragrances uniques, souvent unisexes, axées sur des ingrédients nobles plutôt que sur des marques. Cette tendance a été ensuite imitée par les grandes maisons de luxe, qui ont adopté le code du flacon minimaliste pour signaler une offre exclusive.
Chez L’Oréal, les parfums « haute couture » sont conçus pour offrir une expérience sensorielle inégalée, où chaque détail, de la qualité des ingrédients à la conception du flacon, est soigné pour répondre aux attentes d’une clientèle exigeante. La personnalisation est également au cœur de l’offre avec des créations sur mesure, comme celles proposées par Sylvaine Delacourte, qui après une consultation approfondie, compose un parfum unique pour chaque client.
Les parfums de niche ne sont plus un phénomène marginal mais une tendance forte et croissante du marché du luxe, séduisant non seulement les amateurs de parfums mais aussi les jeunes générations et les marchés émergents, comme la Chine, qui voient dans ces fragrances une manière de s’exprimer de manière singulière et sophistiquée.
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