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« Printemps noir »: il y a 20 ans, la Kabylie défiait le pouvoir dans la rue

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Il y a vingt ans éclatait le « Printemps noir » en Kabylie, des émeutes nées de la mort d’un lycéen dans une gendarmerie, réprimées dans le sang par le régime. Une révolte au nom de l’identité berbère, pionnière de la contestation dans la rue.

Le 18 avril 2001, Massinissa Guermah, 18 ans, est grièvement blessé par une rafale de kalachnikov dans la gendarmerie de Béni-Douala, un bourg montagneux près de Tizi Ouzou, à l’est d’Alger.

Le lycéen avait été interpellé après une banale altercation entre jeunes et gendarmes. Deux jours après, il meurt dans un hôpital à Alger.

La Kabylie, qui s’apprêtait à célébrer le 21e anniversaire du « Printemps berbère » d’avril 1980 — des manifestations en faveur de la reconnaissance de la culture berbère — se soulève après les obsèques du jeune homme.

Un peu partout, les habitants descendent dans les rues des bourgs et des villages pour réclamer la fermeture de toutes les brigades de gendarmerie de la région.

Les manifestations tournent à l’affrontement avec les forces de l’ordre qui tirent à balles réelles. La répression fera 126 morts et plus de 5.000 blessés.

« Réaction de colère »

« Personne ne pouvait imaginer qu’un gendarme pouvait tuer de sang froid un jeune dans sa brigade », se souvient Saïd Sadi, une des figures emblématiques du mouvement identitaire et culturel berbère.

« La réaction de la population était une réaction de colère », affirme-t-il.

Le « Printemps noir » de 2001 est « l’acte de naissance d’une nouvelle forme de contestation (en Algérie) qui se traduit par l’occupation de la rue », explique M. Sadi, ex-président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), un parti d’opposition laïc, issu de la mouvance berbère en février 1989.

Depuis, le recours aux défilés est devenu un marqueur du mécontentement populaire quand il s’agit de transmettre un message aux autorités.

Ainsi, les tensions sociales, comme le problème de l’accès à l’eau potable et les difficultés de logement, donnent souvent lieu à des manifestations qui dégénèrent parfois en émeutes.

En 2011, l’année du « Printemps arabe » au Maghreb et au Moyen-Orient, l’Algérie a enregistré plus de 10.000 mouvements sociaux, rappelle Saïd Sadi.

« La quasi-totalité des revendications n’empruntent jamais le chemin de la légalité », observe-t-il.

Jusqu’au puissant mouvement de protestation populaire du Hirak, qui a obtenu le départ du président Abdelaziz Bouteflika en avril 2019 et qui continue, malgré l’interdiction des rassemblements, d’exiger un changement radical du « système » en place depuis l’indépendance en 1962.

« Crimes d’Etat »

Il y a vingt ans, le chef du RCD, alors membre de la coalition gouvernementale, avait interpellé M. Bouteflika, élu en 1999 sur la promesse de ramener la paix dans un pays en proie à une sanglante guerre civile avec les islamistes: « On ne peut pas continuer à siéger dans un gouvernement qui tire sur ses enfants! ».

Au printemps 2002, le mouvement des « aârchs » (tribus kabyles), une organisation ancestrale devenue le fer de lance de la contestation, obtient le départ de la majorité des brigades de gendarmerie de Kabylie.

Le tamazight, la langue berbère, est également reconnu comme « langue nationale » sur décision de M. Bouteflika, pourtant réfractaire à toute idée de pluralité.

« Il a accordé le statut de langue nationale au tamazight pour se dédouaner de la responsabilité des crimes d’Etat commis en Kabylie », juge aujourd’hui Saïd Sadi, qui vient de publier le deuxième tome de ses mémoires.

Le tamazight a ensuite été consacré deuxième langue officielle du pays avec l’arabe lors d’une révision de la Constitution en 2016.

Autre avancée: en décembre 2017, M. Bouteflika a décrété Yennayer, le Nouvel An berbère, jour férié en Algérie « pour conforter l’unité nationale ».

Certes, la reconnaissance de la langue berbère n’a rien changé sur le terrain. Car le fait que son enseignement soit resté facultatif l’a reléguée au rang d’accessoire dans les programmes scolaires.

Mais dans la vie d’une nation qui se construit comme l’Algérie, il n’est pas inutile d’avoir des « référents symboliques », relève M. Sadi, ajoutant qu’il est « important que le Front de libération nationale (FLN), l’ex-parti unique, qui a stigmatisé cette question (identitaire) pendant des décennies ait été acculé à la reconnaître ».

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Europe

Rome envisage de faire payer l’accès à la fontaine de Trevi

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Rome envisage de faire payer l'accès à la fontaine de Trevi

Face à l’afflux massif de visiteurs à la fontaine de Trevi, la municipalité de Rome étudie l’idée d’instaurer un accès payant pour les touristes. Cette mesure vise à protéger ce site emblématique tout en préservant l’expérience locale et culturelle des Romains.

La fontaine de Trevi, chef-d’œuvre baroque et symbole incontournable de la Ville éternelle, attire chaque année des millions de touristes. Afin de répondre au défi croissant du surtourisme, les autorités romaines envisagent de mettre en place un système de gestion plus strict de l’accès à ce lieu mythique. Alessandro Onorato, adjoint au tourisme à la mairie, a ainsi suggéré l’instauration d’horaires d’accès précis et de quotas de visiteurs pour mieux encadrer la foule et limiter les débordements.

Cette initiative, encore à l’étude, proposerait aux visiteurs de réserver des créneaux horaires, un dispositif permettant de contrôler non seulement le flux des touristes, mais aussi leurs comportements souvent inappropriés. L’un des objectifs principaux est d’éviter des scènes de désordre, telles que la consommation de nourriture sur les marches entourant la fontaine. Onorato a précisé que ce système de réservation ne serait pas une source de revenus pour la ville : les Romains auraient un accès gratuit, tandis que les touristes étrangers se verraient demander un modeste droit d’entrée d’un euro.

Toutefois, il n’y a encore aucune décision ferme. Un porte-parole de la municipalité a tempéré l’enthousiasme autour de ce projet en rappelant qu’il ne s’agit pour l’instant que d’une ébauche d’idée. Pourtant, le problème du tourisme de masse devient de plus en plus pressant, avec un nombre croissant de visiteurs dans la capitale italienne. Ce phénomène devrait s’intensifier à l’approche du Jubilé de 2025, une année sainte qui pourrait attirer près de 30 millions de personnes à Rome et au Vatican.

Rome n’est pas la seule ville italienne confrontée à ce défi. Venise, autre site emblématique, a déjà testé un système de billets payants pour les visiteurs à la journée lors des périodes d’affluence, une mesure destinée à canaliser les flux touristiques. Parallèlement, le gouvernement de Giorgia Meloni réfléchit à une hausse significative de la taxe de séjour, une proposition qui suscite la colère des professionnels du secteur touristique, craignant une baisse de la fréquentation.

Outre la gestion des flux, les autorités romaines veulent également préserver le centre historique de la capitale en limitant l’ouverture de nouvelles structures d’hébergement touristique. Toutefois, ce pouvoir échappe pour l’instant à la municipalité. Si elle peut encadrer l’implantation de nouveaux restaurants et fast-foods dans cette zone, elle n’a pas la compétence pour réguler le développement des chambres d’hôtes ou des logements de vacances.

La volonté de Rome d’encadrer l’accès à ses trésors culturels illustre bien le dilemme auquel sont confrontées les grandes métropoles européennes : préserver leur patrimoine tout en accueillant un tourisme toujours plus florissant.

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Europe

Ukraine : Zelensky appelle à plus d’armements alors que Moscou intensifie son offensive

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Ukraine : Zelensky appelle à plus d'armements alors que Moscou intensifie son offensive

Alors que la guerre en Ukraine s’enlise et que Moscou renforce ses frappes dans l’est du pays, Volodymyr Zelensky a lancé un appel pressant à ses alliés pour obtenir davantage d’armements. Le président ukrainien demande également l’autorisation d’utiliser ces armes sur le sol russe, une demande qui divise les puissances occidentales.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a réclamé vendredi un renforcement urgent des livraisons d’armes de la part de ses alliés, lors d’une réunion internationale à la base aérienne de Ramstein, en Allemagne. Cet appel intervient à un moment critique, alors que la Russie intensifie ses frappes et continue de progresser dans la région du Donbass, à l’est du pays. Zelensky a particulièrement insisté sur la nécessité d’équipements militaires, notamment des systèmes de défense aérienne, pour protéger l’Ukraine des bombardements incessants de Moscou, dont le plus récent a dévasté un institut militaire à Poltava, causant au moins 55 morts.

Parallèlement à ces demandes, le dirigeant ukrainien a renouvelé sa requête controversée de pouvoir frapper des cibles non seulement en Ukraine, mais également en Russie, à l’aide des armes fournies par les Occidentaux. Cette requête divise les alliés de Kiev, dont les États-Unis et l’Allemagne, en raison des risques d’escalade avec Moscou, qui continue de brandir la menace nucléaire.

Dans ce contexte tendu, les États-Unis ont annoncé une nouvelle aide militaire de 250 millions de dollars pour l’Ukraine, dans l’espoir de répondre aux besoins urgents du pays. Londres et Berlin ont également réaffirmé leur soutien par l’envoi de nouveaux missiles et systèmes de défense aérienne, bien que la solidarité internationale commence à montrer des signes de fragilité. En effet, des débats internes agitent les gouvernements, notamment en Allemagne, où la montée de l’extrême droite pro-russe pose de nouveaux défis. La réduction prévue de l’aide à l’Ukraine dans le budget allemand de 2025, conjuguée aux incertitudes politiques aux États-Unis et en France, accentue les inquiétudes à Kiev.

Alors que la Russie poursuit son offensive et que Vladimir Poutine réaffirme son objectif de contrôler totalement le Donbass, la situation devient de plus en plus délicate pour l’Ukraine. L’effort de guerre semble s’enliser, et malgré le soutien occidental, l’avenir du conflit reste incertain.

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Un tireur de 14 ans fait quatre morts dans son lycée aux Etats-Unis

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Un tireur de 14 ans fait quatre morts dans son lycée aux Etats-Unis

Une nouvelle tragédie a frappé un lycée du sud-est des États-Unis. Un élève de 14 ans a ouvert le feu, tuant deux élèves et deux enseignants avant d’être appréhendé. Ce drame s’ajoute à une longue série de violences armées dans les établissements scolaires du pays.

Un établissement scolaire de Winder, dans l’État de Géorgie, a été le théâtre d’une fusillade qui a coûté la vie à quatre personnes : deux élèves et deux professeurs. Le tireur, un adolescent de 14 ans scolarisé dans le même lycée, a été arrêté sur les lieux. Les autorités locales, représentées par Chris Hosey, directeur du bureau des enquêtes de l’État de Géorgie, ont confirmé que le suspect serait jugé comme un adulte et poursuivi pour meurtre. Cet événement tragique ravive la problématique des fusillades en milieu scolaire, un fléau qui, année après année, endeuille les États-Unis de façon incomparable.

Les forces de l’ordre ont rapidement répondu aux appels d’urgence vers 10h20. Un agent de sécurité présent dans l’établissement a confronté le jeune tireur, qui, réalisant l’inévitabilité de la situation, a décidé de se rendre sans violence. Selon les premières informations, aucune cible particulière n’avait été identifiée par les enquêteurs.

Ce drame fait écho à un signalement antérieur en 2023 par le FBI, qui avait ouvert une enquête sur l’adolescent suite à des menaces publiées en ligne, accompagnées de photos d’armes. Pourtant, faute de preuves tangibles à l’époque, aucune arrestation n’avait été effectuée, bien que les écoles locales aient été alertées. Le FBI a confirmé qu’à ce moment-là, il n’y avait pas de raison légale pour intervenir davantage.

La réaction politique ne s’est pas fait attendre. Le président Joe Biden a exprimé sa colère face à la répétition de ces drames, soulignant l’urgence d’une régulation stricte des armes à feu. La vice-présidente Kamala Harris a également dénoncé l’épidémie de violence armée lors d’un discours, tandis que son adversaire républicain Donald Trump a fustigé le tireur, le qualifiant de « monstre malade ».

Ce nouveau massacre, survenu dans l’État clé de Géorgie à quelques mois des élections présidentielles, risque de raviver les débats sur la législation des armes, un sujet qui divise profondément la nation.

Des témoignages d’élèves présents lors de la fusillade ajoutent une dimension poignante au drame. Stephanie Folgar, 17 ans, se souvient des bruits assourdissants dans les couloirs et des ordres précipités de sa professeure les exhortant à courir et se cacher. Pour nombre d’élèves, ces instants de confusion ont d’abord été interprétés comme un exercice, avant que la panique ne s’installe. Pour tous, cette journée restera gravée dans leur mémoire, marquée par la peur et la douleur.

Les États-Unis demeurent, malgré les réformes sporadiques, l’un des rares pays au monde où les fusillades en milieu scolaire se produisent avec une telle fréquence, exacerbées par la libre circulation des armes à feu. Les images des élèves regroupés dans le stade, attendant de retrouver leurs familles, font écho à tant d’autres tragédies similaires, laissant planer une sombre ombre sur l’avenir des jeunes générations.

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