France
A Saintes, des chefs cuistots s’unissent pour se « sentir moins seul »
Une dizaine de cuistots en tablier blanc s’agitent dans une petite salle, maniant joues de boeuf braisées et dos de cabillaud. Chefs-propriétaires de restaurants à Saintes (Charente-Maritime), ils se sont lancés dans une « aventure humaine » pour « se sentir moins seul » après le « deuxième coup de massue » du reconfinement.
Pour 15 euros, ils proposent un menu déjeuner unique, de qualité, qui change quotidiennement, à déguster chez soi ou au bureau. Une centaine de repas par jour en moyenne. Moins le lundi mais « le vendredi c’est la folie ».
Avant l’arrivée des premiers clients, il faut finir de dresser les « assiettes » à emporter – des boîtes en bambou compostables — avec des mets préparés le matin même ou la veille.
Ce jour-là, le boeuf et sa sauce de cuisson gélifiée sont assortis d’une pomme de terre, d’oignons grelots sucrés et d’une mirepoix de légumes. Le cabillaud a droit à un jus de persil et un lit de riz cantonais. La crème verveine citronnée attend d’être empaquetée, comme la salade de lentilles et sa neige de curry.
« Le travail à la chaîne, on n’a pas l’habitude », s’amuse un chef. « On est une brigade mais qui n’est composée que de chefs », rit un autre. La bonne ambiance est au rendez-vous, l’efficacité aussi. En un tournemain, entrées-plats-desserts sont emballés, les sacs marqués au nom du client.
Malgré le reconfinement, et les personnels au chômage partiel, « c’était vital » de continuer à cuisiner, explique Anne Chatel, membre comme les autres du « Cercle des restaurateurs saintongeais ».
« Pour la deuxième fois, on se retrouvait sans travail du jour au lendemain, alors que décembre est notre mois le plus important… Il fallait qu’on fasse quelque chose ensemble ».
« On allait trop ruminer dans nos boutiques », reprend Séverine Tremblay, « d’autant qu’on a l’impression d’être les vilains petits canards alors que les clusters n’étaient pas dans les CHR (Cafés-Hôtels-Restaurants, ndlr).
« Une bonne action »
« Là, on se lève le matin avec un objectif en tête et on dort mieux la nuit », assure Mme Chatel. « On ne fait pas ça pour sauver les meubles financièrement ». Les bénéfices serviront à « un repas caritatif, pour les soignants, les écoles ou les personnes âgées ».
Quelques heures auparavant, c’était déjà l’effervescence dans les cuisines d’un restaurant saintais, quand la joue de boeuf finissait de mijoter : livraisons à réceptionner, factures à compiler et fourneaux à surveiller.
« On se sent utile, productif. On ne passe pas son temps à se demander quand on va rouvrir », souligne le chef Jean-Luc Bonedeau. « On a tous des comptes en banque qui baissent mais on se soutient, on s’entraide ».
« On apprend beaucoup des autres », relève Vincent Coiquaud: « +Tiens, tu fais ça comme ça, je ne connaissais pas, c’est sympa cette façon de faire+ »
« Je fais ce métier depuis mes 16 ans et là j’ai l’impression d’être en stage! », explique Olivier Pourpoit, parti chercher chez un grossiste les betteraves rouges qui serviront d’entrée le lendemain, avec de la feta.
Le dessert, concocté dans un autre restaurant, arrive à l’heure pour rejoindre entrées et plats dans la camionnette qui se dirige vers des locaux mis à disposition par la Ville pour l’emballage et la vente.
« C’est bien, ça évite à ma femme de faire la cuisine », glisse Michel Potiron, un brin taquin, en repartant avec deux repas. « Il faut bien que les gens travaillent », souligne un autre retraité, qui vient une fois par semaine.
Pour Laetitia Caillaud, « c’est la première fois mais ce ne sera pas la dernière! ». « Avec cette démarche, on n’est pas du tout dans l’individualisme mais dans la collectivité et c’est vraiment bien dans ce contexte particulièrement difficile », estime cette conseillère en viticulture.
Patron d’une agence immobilière, Cédric Bienvenu passe tous les jours. Il a droit à un petit coeur sur son sac papier. « Je préfère un vrai repas, ça évite la malbouffe », explique-t-il. « Avec cette initiative, on mange bien et on fait une bonne action ».
France
Dominique Pelicot condamné à 20 ans de prison, les autres accusés jugés coupables
Le tribunal d’Avignon a rendu son verdict dans l’affaire des viols de Mazan, marquant un tournant dans la lutte contre les violences conjugales.
La cour criminelle de Vaucluse a statué jeudi sur le sort de Dominique Pelicot, un septuagénaire accusé de viols aggravés et de tentatives de viol sur son ex-épouse, Gisèle. Durant une décennie, cet homme a administré des anxiolytiques à son épouse avant de la violer et de l’exposer à des inconnus recrutés via internet, une pratique qui a marqué les esprits par sa cruauté.
Lors de l’énoncé du verdict, le président de la cour, Roger Arata, a déclaré Pelicot coupable, soulignant ainsi la gravité des faits. « Monsieur Pelicot, vous êtes déclaré coupable de viol aggravé sur la personne de Gisèle Pelicot », a-t-il précisé, avant de réserver la lecture de la peine pour plus tard dans la matinée. Pelicot, impassible, a écouté sans broncher la sentence qui le condamne potentiellement à 20 ans de réclusion criminelle.
Outre les viols, l’accusé a également été reconnu coupable de détention et enregistrement d’images prises à l’insu de sa femme, de sa fille et de ses belles-filles. La salle d’audience était comble, la famille au complet, témoin silencieux d’une justice qui se rend.
Au cours du procès, Dominique Pelicot avait exprimé des regrets, demandant pardon à sa famille et reconnaissant le courage de son ex-épouse. « On m’a affublé de titres, j’ai plutôt l’intention de me faire oublier », avait-il déclaré, conscient de l’image monstrueuse qu’il projetait. Caroline, sa fille, n’a plus que des mots durs pour lui, le qualifiant de « géniteur » et le décrivant comme un des plus grands criminels sexuels des vingt dernières années.
L’affaire de Mazan, par son horreur et sa médiatisation, est devenue un symbole de la lutte contre les violences faites aux femmes. Elle met en lumière la nécessité d’une justice ferme et sans complaisance face à de tels actes. La condamnation de Pelicot, bien que ne pouvant réparer les traumatismes infligés, envoie un message fort : la société ne tolère pas l’impunité pour ces crimes odieux.
La peine de Dominique Pelicot, qui sera probablement lourde, ne sera pas seulement une punition, mais aussi une tentative de restauration de la confiance dans la justice par les victimes et la société.
France
Cyclone: les autorités redoutent des centaines de morts à Mayotte, dévasté
Le cyclone Chido, le plus violent en 90 ans, a dévasté Mayotte, laissant derrière lui des scènes de désolation et une estimation de plusieurs centaines, voire milliers de victimes.
Mayotte, département français le plus pauvre, a été frappé par le cyclone Chido, entraînant une dévastation sans précédent. Les autorités locales, sous la direction du préfet François-Xavier Bieuville, redoutent un bilan humain extrêmement lourd. « Nous envisageons un nombre de victimes qui pourrait s’élever à plusieurs centaines, voire atteindre le millier ou quelques milliers », a-t-il déclaré sur Mayotte la 1ère. La violence du cyclone rend le décompte final très compliqué, notamment en raison des traditions locales qui prévoient des inhumations rapides.
Les zones les plus touchées sont les bidonvilles où vivent une population estimée à plus de 100.000 personnes en situation irrégulière. Ces zones, déjà fragiles, ont été totalement anéanties, rendant les opérations de secours particulièrement difficiles. Les infrastructures en dur n’ont pas été épargnées non plus : hôpitaux, écoles, commerces, et même les bâtiments administratifs ont subi de graves dommages.
Face à l’urgence, un pont aérien et maritime a été mis en place depuis La Réunion pour acheminer du matériel et des secours. Dimanche, les premiers avions ont atterri à Mayotte, apportant une aide précieuse pour rétablir l’approvisionnement en eau, nourriture et électricité. Les forces de l’ordre, au nombre de 1.600, sont également sur le terrain pour prévenir les pillages.
L’ampleur des dégâts a suscité une réaction internationale. La Commission européenne, par la voix de sa présidente Ursula von der Leyen, a exprimé sa solidarité et sa volonté d’apporter un soutien dans les jours à venir. En France, les ministres de l’Intérieur et des Outre-mer, Bruno Retailleau et François-Noël Buffet, ainsi que le ministre de la Francophonie, Thani Mohamed-Soilihi, sont attendus sur place pour coordonner les efforts de secours.
Le pape François, en visite en Corse, a également exprimé son soutien aux victimes de cette tragédie. Le président Emmanuel Macron, rencontré par le souverain pontife, a réaffirmé l’engagement de la France à agir pour les habitants de Mayotte.
La députée Estelle Youssouffa a appelé à la déclaration de l’état d’urgence pour protéger les personnes et les biens. Bien que l’alerte cyclonique ait été abaissée de rouge à orange, la situation reste critique, avec des opérations de recherche de survivants encore en cours.
Le cyclone Chido, après avoir ravagé Mayotte, a poursuivi sa route vers le nord du Mozambique, causant au moins trois morts. Les îles des Comores, voisines de Mayotte, ont été relativement épargnées, enregistrant seulement des dégâts mineurs.
France
Angélique Angarni-Filopon, première Miss France de l’histoire trentenaire
À 34 ans, Angélique Angarni-Filopon devient la nouvelle Miss France, marquant une étape historique pour le concours en incarnant l’évolution des critères d’éligibilité et des aspirations contemporaines.
Angélique Angarni-Filopon, hôtesse de l’air martiniquaise de 34 ans, a été couronnée Miss France 2025 samedi soir lors de la cérémonie retransmise en direct depuis le Futuroscope de Poitiers. Première candidate de cet âge à remporter le titre, elle a conquis le public et le jury avec une éloquence et un parcours qui reflètent une modernisation assumée du célèbre concours. Sa victoire succède à celle d’Eve Gilles, Miss France 2024, et s’inscrit dans un contexte de profonde remise en question de la pertinence des concours de beauté en Europe.
En larmes au moment de son sacre, la nouvelle Miss France a tenu à remercier les Martiniquais : « Quand j’ai gagné le concours Miss Martinique, j’ai promis que nous réussirions ensemble. Aujourd’hui, c’est une victoire collective. » Une émotion renforcée par son histoire personnelle : Angélique avait déjà participé à l’élection Miss Martinique en 2011, finissant première dauphine. Son retour au concours, rendu possible par la suppression des anciennes limites d’âge, illustre sa persévérance et son engagement à briser les barrières.
Lors de son discours de présentation, elle a touché le cœur du public en évoquant son combat personnel et son souhait d’être une ambassadrice pour des causes variées. « Ma mère, qui a surmonté un cancer du sein, m’a appris que baisser les bras n’était jamais une option », a-t-elle confié avant d’élargir son engagement aux luttes portées par les Français.
La soirée, présidée par Sylvie Vartan et un jury exclusivement féminin comprenant des figures telles que Marie-José Pérec et Cristina Cordula, s’est déroulée sur le thème du « grand bal des miss ». Les candidates ont défilé dans des tableaux mêlant tradition et modernité, avec des costumes régionaux, des chorégraphies thématiques et même un concerto de Mozart.
Les dauphines de Miss France 2025 reflètent également cette diversité : Miss Nord-Pas-de-Calais, Sabah Aïb, 18 ans, décroche la première place, suivie de Miss Corse, Stella Vangioni, 27 ans, Miss Guadeloupe, Moïra André, 27 ans, et Miss Côte d’Azur, Lilou Emeline-Artuso, 21 ans.
Alors que les Pays-Bas abandonnent leur concours pour promouvoir des figures féminines inspirantes sans critères physiques, le comité Miss France persiste, tout en ajustant son image. Selon Frédéric Gilbert, président de la société Miss France, « les moments forts des émissions sont désormais les prises de parole des candidates, davantage que les défilés en maillot de bain ». Une évolution notable qui, tout en maintenant la tradition, tente de répondre aux critiques sur la place des femmes dans ces compétitions.
Le couronnement d’Angélique Angarni-Filopon marque un tournant pour Miss France, associant glamour et messages sociétaux. Salariée de la société Miss France pour l’année à venir, avec un appartement parisien et de nombreux avantages, elle incarne un modèle d’accomplissement et de résilience qui pourrait inspirer les futures générations de candidates.
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