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43 ans derrière les barreaux : le calvaire du plus ancien prisonnier politique syrien

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Libéré après des décennies de souffrance, cet ancien militaire brise le silence sur l’horreur des geôles du régime Assad.

Pilote de l’armée de l’air syrienne à 26 ans, Raghid Tatari a vu sa vie basculer en 1981. Arrêté pour des accusations fabriquées de toutes pièces, il devient le détenu politique le plus ancien du pays, survivant à quatre décennies d’emprisonnement sous les régimes successifs de Hafez puis Bachar al-Assad. Sa libération en décembre 2024, lors de la chute du pouvoir, met fin à un cauchemar marqué par la torture, l’isolement et la privation de toute humanité.

Les murs des prisons syriennes ont enfermé bien plus qu’un homme : ils ont scellé le destin de millions de personnes. Selon les organisations de défense des droits humains, plus de deux millions de Syriens ont connu la détention sous le joug des Assad, dont des centaines de milliers y ont laissé la vie. Raghid Tatari, lui, a miraculeusement survécu à l’enfer de Palmyre, célèbre pour ses exécutions sommaires et son régime de terreur. « Les gardiens tuaient pour un rien », confie-t-il, évoquant à peine les sévices subis qui lui ont laissé des séquelles physiques permanentes.

Son crime ? Avoir refusé de se plier aux ordres du régime, notamment lors de l’intervention syrienne au Liban en 1976 et de la répression sanglante contre les Frères musulmans. Après une tentative de fuite à l’étranger, il est contraint de revenir en Syrie sous la pression des services de sécurité. Son arrestation le prive de tout : il ne verra son fils qu’après seize ans d’attente, lors d’une visite furtive sous surveillance.

Aujourd’hui âgé de 70 ans, l’ancien aviateur ne réclame pas la vengeance, mais la justice. « Chaque criminel doit répondre de ses actes », insiste-t-il, tout en gardant des photos jaunies de sa jeunesse en uniforme comme ultime preuve d’une vie volée. Dans son modeste appartement damascène, il se souvient de ces années passées à dessiner pour tenir bon, sans jamais oser espérer la chute du régime.

Son histoire symbolise l’ampleur des crimes commis par un pouvoir désormais déchu, mais aussi l’immense défi qui attend la Syrie : rendre justice aux disparus, aux survivants et à des familles entières brisées par quatre décennies de terreur.

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