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Washington sous le choc : une capitale en deuil face aux vagues de licenciements sous Trump

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La capitale américaine, profondément marquée par les coupes budgétaires et les licenciements massifs, vit au rythme d’une morosité grandissante. Les habitants, majoritairement démocrates, se sentent impuissants face à cette nouvelle ère politique.

Dans un studio de yoga de Washington, Jennifer Nikolaeff respire profondément, cherchant un peu de répit. Cette ancienne fonctionnaire de l’Agence américaine pour le développement (USAID), licenciée récemment, participe à une séance gratuite organisée pour les habitants touchés par les vagues de licenciements. « C’est une manière de se rassembler, de partager un moment de calme », confie-t-elle. Comme elle, des milliers de fonctionnaires fédéraux et contractuels ont été mis à la porte depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, plongeant la capitale dans une atmosphère pesante.

Washington, ville intimement liée à l’administration fédérale, compte parmi ses 700 000 habitants près de 70 000 fonctionnaires fédéraux, sans compter les 110 000 résidents des banlieues environnantes. Ces derniers, souvent passionnés de politique et majoritairement de gauche, voient leur quotidien bouleversé par les réformes rapides et radicales du président républicain. Jennifer Nikolaeff, 53 ans, raconte avoir traversé toutes les étapes du deuil depuis son licenciement en février. « Chaque jour, je passe de la tristesse à la colère », explique-t-elle.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En février, les inscriptions au chômage ont triplé par rapport à l’année précédente. Pourtant, malgré l’ampleur des licenciements, aucune grande manifestation n’a éclaté. « Tout le monde semble épuisé », observe Nick McFarland, serveur dans un bar local. Le sujet est omniprésent dans les conversations. Certains ont déjà perdu leur emploi, d’autres attendent le courriel fatidique. Certains sont contraints de retourner au bureau après des années de télétravail, tandis que d’autres se battent devant les tribunaux pour conserver leur poste.

Elana Woolf, psychologue à Washington, constate une augmentation significative des cas d’anxiété et de dépression dans son cabinet. « L’atmosphère a changé, les gens sont sous pression », explique-t-elle. Face à cette détresse, des commerces locaux ont décidé de montrer leur solidarité en offrant des réductions aux fonctionnaires licenciés, comme des consultations vétérinaires à prix réduits ou des ateliers pour rédiger des CV.

Sur le marché de l’emploi, la concurrence est féroce. Seth Commichaux, un ancien employé fédéral rencontré lors d’une manifestation, témoigne de la difficulté à trouver un nouveau poste. « Quand je postule, il n’est pas rare de voir un millier de candidatures en quelques jours », raconte-t-il.

L’impact de ces licenciements se fait également sentir sur l’économie locale. La municipalité anticipe une perte de recettes d’environ un milliard de dollars sur les quatre à cinq prochaines années. « Les gens sont choqués et beaucoup ont gelé leurs projets », explique Sarah Brown, une agente immobilière qui a financé la séance de yoga.

Enfin, un symbole fort de cette nouvelle ère politique est la disparition progressive de la fresque « Black Lives Matter » sur l’avenue face à la Maison Blanche. Retirée sous la pression budgétaire des élus républicains, cette inscription emblématique de l’opposition à Trump lors de son premier mandat marque un tournant dans l’histoire récente de la capitale.

Kristine Erickson, propriétaire du studio de yoga, résume le sentiment général. « À Washington, nous sommes majoritairement démocrates, et nous avons l’impression d’être punis », dit-elle. Dans une ville où le pouvoir fédéral domine, les habitants se sentent impuissants face à un avenir incertain.

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