Viticulture et santé publique : une étude nationale révèle l’exposition accrue des riverains aux pesticides

Les habitants résidant à proximité des vignobles présentent des niveaux d’imprégnation significativement plus élevés que le reste de la population. Ces résultats, issus d’une enquête d’envergure, soulèvent des interrogations sans établir de lien direct avec des pathologies.

Une étude conduite par les autorités sanitaires françaises a mesuré la présence de cinquante-six substances phytopharmaceutiques chez près de deux mille adultes et sept cents enfants résidant dans six régions viticoles. Les analyses ont porté sur des prélèvements biologiques ainsi que sur la qualité de l’air intérieur et extérieur, les poussières domestiques et certains potagers.

Les conclusions indiquent une imprégnation nettement supérieure chez les personnes vivant dans un rayon de cinq cents mètres des parcelles viticoles. Les taux enregistrés dans les urines dépassent de quarante-cinq pour cent ceux observés chez les habitants éloignés de toute culture. Les écarts sont encore plus marqués dans les poussières domestiques, avec des concentrations dépassant parfois mille pour cent, et dans l’air ambiant, où les niveaux peuvent être multipliés par douze.

L’exposition s’avère particulièrement accentuée pendant les périodes de traitement. Les relevés montrent alors une augmentation pouvant atteindre soixante pour cent pour certains marqueurs urinaires et jusqu’à quarante-cinq fois pour les composés présents dans l’air. Les enfants de trois à six ans apparaissent plus touchés, en raison de comportements spécifiques comme le contact direct avec le sol ou la tendance à porter les mains à la bouche.

Les agences sanitaires soulignent que ces observations ne permettent pas, à ce stade, d’évaluer les conséquences sanitaires potentielles. Elles recommandent néanmoins de réduire l’usage des produits phytopharmaceutiques au strict nécessaire et de renforcer l’information des populations riveraines avant les épandages. Des mesures simples, comme le nettoyage des sols ou le séchage du linge à l’intérieur, sont préconisées pour limiter l’exposition domestique.

Le secteur viticole, pour sa part, met en avant les progrès accomplis ces dernières années dans les pratiques culturales et appelle les industriels à développer des solutions moins impactantes. La question des distances de traitement et de la transition vers l’agriculture biologique reste au cœur des débats entre professionnels, associations et pouvoirs publics.