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« Toujours elle » mais « jamais la même »: les mille visages de Cindy Sherman à la Fondation Vuitton

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Grimée en femme fatale, en demoiselle en détresse ou en grande bourgeoise sur ses autoportraits, l’Américaine Cindy Sherman ne cesse d’explorer les représentations féminines stéréotypées: cette photographe, parmi les plus reconnues de l’art contemporain, est à l’honneur d’une grande rétrospective à Paris.

Sobrement intitulée « Cindy Sherman à la fondation Louis Vuitton », l’exposition, qui débutera mercredi (jusqu’au 3 janvier), rassemble 170 œuvres de l’artiste réalisées entre 1975 et 2020.

« Ces 170 présences différentes de Cindy Sherman montrent aussi son évolution technologique: elle part de photos en noir et blanc, passe à la couleur puis intègre (le logiciel de retouche: ndlr) Photoshop et même Instagram », souligne auprès de l’AFP la directrice artistique de la fondation, Suzanne Pagé.

Devenue l’une des artistes contemporaines les plus admirées – et des plus cotées sur le marché de l’art – Cindy Sherman, 66 ans, est célèbre pour ses autoportraits à la mise en scène élaborée, qui jouent avec l’imagerie du cinéma et de la mode.

« Toujours elle » mais « jamais la même », l’artiste aux mille visages s’efface complètement grâce un travestissement savamment orchestré à l’aide de maquillage, costumes, perruques ou prothèses… Une transformation devenue sa marque de fabrique.

Stars de l’Age d’or

Imaginée avec la photographe, qui n’a pas pu faire le déplacement à cause de la crise sanitaire, l’exposition est globalement chronologique, hormis la première salle qui regroupe trois séries portant sur le cinéma, dont la plus célèbre « Untitled Film Still ».

Dans cette série réalisée de 1977 à 1980, Cindy Sherman travaille encore en noir et blanc et sur petit format. Elle se montre en femme fatale et s’inspire du néo-réalisme italien pour incarner Anna Magnani, ou se transforme en Brigitte Bardot dans une scénographie qui fait écho au film Le Mépris (1963).

Dans les séries « Rear Screen projections » (1980) et « Flappers » (2015-2018), elle adopte la couleur et passe à un format plus grand. Dans la seconde, elle se grime en stars de l’Âge d’or hollywoodien (les années 1930), à grands renforts d’étoles moirées, de breloques clinquantes et de paillettes.

Au total, l’exposition dévoile dix-huit séries très différentes mais qui poursuivent la même ambition: déconstruire les stéréotypes féminins. Une thématique « au cœur de la société » que Cindy Sherman explore, en précurseure, depuis la fin des années 1970, relève Suzanne Pagé.

Amener le spectateur à s’interroger sur les stéréotypes de genre sans jamais lui imposer une vérité, c’est l’une des règles que s’est fixée l’artiste, qui ne commente jamais ses oeuvres.

« Masculinité vulnérable »

Sa série « Men » (2019), encore inédite en France, qui clôt l’exposition, joue une fois encore et subtilement avec les codes du genre. Dans la peau de personnages androgynes, en costume ou en matador, elle semble exhorter le public à réfléchir à la notion même de masculinité.

Sur l’une d’elles, deux hommes réapparaissent en arrière-plan, presque fantomatiques dans une étonnante fluidité des genres. « Il y a toujours eu des hommes dans ses oeuvres, mais avec cette série, elle a voulu montrer une masculinité vulnérable », analyse la directrice artistique de la fondation.

Parallèlement à la rétrospective, la Fondation Louis Vuitton a imaginé une nouvelle présentation de « Crossing views », sélection des oeuvres de la collection de la Fondation en dialogue avec Cindy Sherman.

L’artiste y a même installé une autre de ses séries. Des portraits de femmes réalisés sur le réseau social Instagram, devenu le médium d’une beauté idéalisée et sans cesse retouchée.

En opposition à cette vision, l’artiste prend les traits de femmes défigurées par l’usage excessif de filtres en tout genre, ridées, au maquillage outrancier. « Pour elle, c’est une façon de dire qu’elle refuse la beauté idéalisée », détaille Suzanne Pagé.

Cette série, encore peu connue du grand public, demeure aussi unique. Car ces oeuvres ne sont pas des photos mais des tapisseries. « Ultime provocation » d’une artiste qui, 45 ans après ses débuts, ne cesse de se réinventer, relève Mme Pagé.

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Culture

Rachida Dati annonce un label pour « soutenir » et « valoriser » les discothèques

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Rachida Dati annonce un label pour "soutenir" et "valoriser" les discothèques

La ministre de la Culture, Rachida Dati, dévoile un nouveau label pour reconnaître et encourager les discothèques qui contribuent à la création artistique et à la sécurité.

Le 29 novembre 2024, la ministre de la Culture et du Patrimoine, Rachida Dati, a annoncé la création d’un label baptisé « Club Culture ». Cette initiative vise à identifier et à promouvoir les discothèques qui jouent un rôle actif dans le soutien à la création artistique et à la scène des DJs. Lors d’une allocution au club Mazette, situé dans le 12e arrondissement de Paris, elle a souligné l’importance de cette reconnaissance pour les acteurs de la vie nocturne.

L’objectif du label « Club Culture » est double : d’une part, il s’agit de valoriser les établissements qui s’engagent dans la lutte contre les violences et le harcèlement sexistes et sexuels, et d’autre part, de reconnaître leur contribution à la scène artistique. Rachida Dati a affirmé que ce label offrira aux discothèques un soutien tangible, en augmentant leur visibilité et en les protégeant face aux défis actuels du secteur. Elle a également mentionné que des critères précis seraient prochainement établis pour déterminer les établissements éligibles.

Ce label, qui sera attribué pour une période de trois ans, permettra aux clubs d’afficher fièrement l’appellation « Clubs Culture – lieux d’expression artistique et de fête ». Les discothèques sélectionnées seront listées dans un annuaire en ligne, accessible via le site du ministère de la Culture, facilitant ainsi leur identification par le public et les professionnels du secteur.

Rachida Dati a également mis l’accent sur l’importance de l’accessibilité pour tous les publics et de la parité dans la programmation artistique. Ces éléments seront pris en compte dans les critères d’attribution du label, soulignant ainsi l’engagement du gouvernement à faire des discothèques des espaces culturels inclusifs et dynamiques.

Cette annonce marque une reconnaissance officielle de l’importance des discothèques dans le paysage culturel français, les positionnant comme des acteurs essentiels de la création et de la diffusion artistique, tout en renforçant leur rôle social et culturel.

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Affaire Slimane : une seconde plainte pour harcèlement sexuel déposée contre le chanteur

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Affaire Slimane : une seconde plainte pour harcèlement sexuel déposée contre le chanteur

Après une première plainte pour harcèlement sexuel, le chanteur Slimane est à nouveau mis en cause pour des faits d’agression sexuelle survenus lors d’une fête post-concert.

La carrière de Slimane, révélé par l’émission The Voice, est ébranlée par une série d’accusations de harcèlement sexuel. Le chanteur de 35 ans est désormais confronté à une seconde plainte, déposée cette fois pour agression sexuelle et tentative d’agression sexuelle. Les événements en question se seraient produits lors d’une célébration privée après un concert au Zénith de Saint-Étienne.

Cette nouvelle plainte a été déposée par un technicien lumière, âgé de 33 ans, qui travaillait pour Play Two, la société productrice de la tournée de Slimane. La nuit du 17 décembre 2023, après un spectacle réussi, une fête en coulisses a été organisée pour l’équipe technique et l’artiste. C’est dans ce contexte festif que l’agression aurait eu lieu. Selon le plaignant, Slimane l’aurait saisi par les hanches, une action qui a été interrompue par l’intervention du frère du chanteur. Des témoins auraient capturé la scène sur vidéo, mais à la demande du frère de Slimane, ces preuves auraient été effacées.

Suite à cet incident, le technicien et trois de ses collègues ont décidé de rompre leur contrat avec l’artiste. Ils reprochent à Play Two d’avoir minimisé l’incident, le qualifiant de simple « fête ». Cette réaction a visiblement contribué à l’escalade des tensions et à la décision des plaignants de quitter la tournée.

L’enquête préliminaire ouverte à la suite de la première plainte pour harcèlement sexuel se trouve maintenant élargie avec ces nouvelles accusations. Le parquet de Saint-Étienne est désormais saisi de l’affaire, et l’entourage de Slimane reste silencieux face à ces allégations.

Cette série de plaintes soulève des questions sur le comportement du chanteur et sur la gestion de ces incidents par les structures qui l’entourent. L’industrie du spectacle, souvent sous le feu des projecteurs pour des raisons similaires, se voit une fois de plus confrontée à la nécessité de réexaminer les conditions de travail et les rapports de pouvoir au sein des équipes artistiques.

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Slimane sacré aux NRJ Music Awards malgré une plainte pour harcèlement sexuel

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Slimane, visé par une plainte pour harcèlement sexuel, remporte un NRJ Music Award

Sous le feu des projecteurs pour la première fois depuis l’annonce d’une plainte pour harcèlement sexuel, Slimane a remporté vendredi soir le trophée de l’artiste masculin francophone aux NRJ Music Awards. Une victoire teintée d’émotion et d’introspection pour le chanteur, qui a exprimé sa gratitude et son espoir pour l’avenir.

La soirée des NRJ Music Awards a consacré Slimane, une figure incontournable de la scène musicale francophone, malgré une situation personnelle délicate. Le chanteur, actuellement en tournée pour son « Cupidon tour », a été salué par le public pour sa contribution à la chanson française, décrochant ainsi le prestigieux prix de l’artiste masculin francophone de l’année. En recevant son trophée, Slimane a partagé un message touchant à l’attention de sa fille : « Ma fille, quand tu vas grandir, j’espère vraiment que tu seras fière de ton papa ». Manifestement ému, il a également remercié son public pour son soutien, prononçant un sincère « merci du fond du cœur » qui a résonné avec une gravité particulière.

Cette récompense survient alors qu’une plainte pour harcèlement sexuel a été déposée contre lui par un technicien ayant travaillé sur l’une de ses tournées. Le Parisien a révélé les accusations la semaine dernière, précisant que la plainte avait été transmise au parquet de Saint-Etienne. Selon l’avocate de l’accusateur, le chanteur aurait commis des actes de harcèlement lors d’un concert au Zénith de Saint-Etienne en décembre 2023. Le parquet a indiqué attendre des éléments de preuve sous forme d’enregistrements, que l’avocate s’est engagée à fournir, avant de décider de l’ouverture éventuelle d’une enquête préliminaire.

Révélé en 2016 grâce à l’émission The Voice sur TF1, Slimane a depuis enchaîné les succès, notamment avec son duo avec la chanteuse Vitaa, avec qui il avait atteint la première place des ventes d’albums en France en 2020 grâce à leur opus commun « Versus ». Cette même soirée des NRJ Music Awards a par ailleurs vu Vitaa triompher dans la catégorie de l’artiste féminine francophone de l’année, tandis qu’Indochine a été désigné meilleur groupe. La cérémonie a également célébré Pierre Garnier, issu de la Star Academy, avec deux distinctions pour son titre Ceux qu’on était, dans les catégories révélation francophone et meilleure chanson.

Le parcours de Slimane, bien que marqué par une récente polémique, reste indéniablement lié à un large succès populaire, que ce nouveau prix vient couronner. Reste à voir comment le chanteur gérera à la fois ses succès artistiques et les défis que soulèvent les accusations qui pèsent désormais sur lui.

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