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Singapour : les podcasts, nouvelle arène pour les voix dissidentes

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Dans un paysage médiatique très contrôlé, les plateformes audio deviennent un espace de débat politique inédit, à l’approche des élections.

À Singapour, où les médias traditionnels sont étroitement liés au pouvoir, une nouvelle génération de podcasts émerge comme un contre-pouvoir audacieux. Des émissions comme « Yah Lah Bu » bousculent les codes en donnant la parole à des figures de l’opposition, souvent absentes des grands canaux de diffusion. Les animateurs, anciens banquier et cadre de l’aviation, revendiquent une approche sans filtre, offrant des interviews approfondies avec des responsables politiques de tous bords.

Cette tendance reflète une évolution subtile dans un État connu pour son contrôle strict de l’information. Si le Parti d’action populaire (PAP), au pouvoir depuis des décennies, reste favori pour les prochaines élections, l’opposition profite de ces nouveaux relais pour se faire entendre. Des interviews de plusieurs heures avec des leaders contestataires, comme Chee Soon Juan, secrétaire général du Parti démocratique, attirent des centaines de milliers de vues, signe d’un public avide de perspectives alternatives.

Les podcasts ne se contentent pas de combler un vide médiatique : ils poussent aussi les plateformes traditionnelles à revoir leur ligne éditoriale. Des interviews rares, comme celle du Premier ministre Lawrence Wong sur « Daily Ketchup », montrent que même le pouvoir reconnaît l’influence croissante de ces formats. Pour les analystes, cette dynamique pourrait à terme reconfigurer le débat public, en brisant le monopole des récits officiels.

Malgré leur audience encore limitée, ces émissions incarnent une forme de résistance pacifique. Leur succès repose sur une liberté de ton inédite et une proximité avec les auditeurs, qui y découvrent le visage humain de personnalités souvent caricaturées. Dans un contexte où la presse classique peine à se renouveler, les podcasts s’imposent comme un laboratoire d’idées, ouvrant une brèche dans le paysage médiatique singapourien.

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