Sète – L’homme de paille fait la tournée des quartiers

À défaut de discours, la Ville de Sète inonde ses réseaux de photos léchées d’un maire sans mandat. Une stratégie de saturation pour masquer l’absence de projet et de légitimité.

Depuis la nomination de l’homme de paille de François Commeinhes au poste de maire, la page Facebook de la ville de Sète ne connaît plus de répit. Marquès au jardin, Marquès au vernissage, Marquès à la fête des voisins, Marquès au triathlon. Marquès partout, Marquès tout le temps. Une stratégie de saturation visuelle qui rappelle étrangement la série de livres pour enfants Martine, où l’on retrouvait l’héroïne dans des situations diverses et édulcorées. Ici, c’est Marquès jardine, Marquès rencontre des enfants, Marquès à l’école, Marquès à l’inauguration. Une collection municipale de clichés, digne des albums jeunesse, sauf qu’il ne s’agit pas d’un personnage de fiction, mais d’un maire imposé à une population que les élus de la majorité n’ont jamais choisie.

Car c’est bien cela que tente de masquer cette propagande outrancière. Derrière le nouveau visage placardé partout, les sétois n’ont toujours pas eu droit à une grande interview, à un échange franc, à une position claire sur les dossiers brûlants. Rien sur les logements, rien sur le prix de l’eau, rien sur la dette, rien sur l’avenir du territoire. L’homme de paille fait beaucoup de photos, mais il n’a toujours pas ouvert la bouche. En a-t-il seulement même le droit ?

Ce silence pèse. Et il est comblé par une stratégie politique ancienne mais redoutable, qui consiste à occuper le terrain, à noyer l’absence de fond sous la profusion d’images. Une mise en scène pensée pour installer rapidement une figure docile, taillée sur mesure pour la succession de l’ancien maire, condamné par la justice et dans l’obligation de démissionner. Car ne soyons pas dupes. Celui qui court aujourd’hui de quartier en quartier, en reprenant même le look de son prédécesseur, n’est autre que l’homme de paille d’un système épuisé, mais bien décidé à survivre. Jean-Claude Dugrip, toujours dans l’ombre depuis 24 ans, continue d’orchestrer les manœuvres. L’objectif est de faire oublier les divisions internes, de préparer les prochaines municipales, et de montrer que la maison en feu tient encore debout. Qu’importe le décor, pourvu que la façade brille.

Dimanche encore, c’est à la Clinique Sainte-Thérèse, propriété de l’ancien maire, que l’homme de paille a été envoyé poser devant les objectifs, relayé comme toujours sur les réseaux de la Ville. Une visite aux allures de promotion privée, qui brouille encore davantage la frontière entre communication municipale et affaires privées. Faut-il rappeler que cette même clinique est impliquée dans une affaire de détournement de déchets, révélée par Le Singulier [lire ici], et soupçonnée de pratiques de sous-pesage des balles de traitement, avec à la clé plusieurs centaines de milliers d’euros de manque à gagner pour la collectivité ?

Une page Facebook d’une commune doit-elle servir à valoriser un élu ou à informer objectivement les citoyens sur les décisions administratives ? Doit-elle se transformer en outil de campagne électorale financé par l’argent public ? Ce mélange des genres n’est pas seulement contestable. Il est contraire aux principes d’éthique démocratique.

Mais à Sète, tout cela semble secondaire. Il faut sauver le système, coûte que coûte. Même si les sétois n’y trouvent plus leur compte. Même si cette propagande ne trompe plus personne. Même si, derrière les sourires et les photos bien cadrées, il n’y a plus ni vision, ni souffle, ni débat. Seulement un réflexe désespéré de celui de préserver un pouvoir sans projet, un clan sans avenir. Et si ça ne vous plaît pas, tant pis. Parce qu’ici, ils n’ont même plus peur de choquer. Ils ont juste peur de perdre.

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