Politique
Près de 23.000 manifestants en France contre l’extrême droite, loin d’être pro-Macron
« Mieux vaut un vote qui pue qu’un vote qui tue ». A Paris et en régions, près de 23.000 manifestants sont allés samedi dire « non à l’extrême droite », sans pour autant soutenir Emmanuel Macron à huit jours du second tour de la présidentielle qui oppose le président sortant à Marine Le Pen.
Selon le ministère de l’Intérieur, 13.600 personnes se sont mobilisées dans plus de 50 manifestations en régions et 9.200 à Paris. Les organisateurs quant à eux revendiquent près de 40.000 participants à Paris et 150.000 personnes dans toute la France.
« Pas une voix pour Marine Le Pen! », ont martelé les organisateurs devant plusieurs centaines de manifestants à Lille.
« On est ici pour dire non à l’extrême droite. (…) pour la société, les libertés mais aussi le climat. Ce serait une vraie régression si elle arrivait au pouvoir », selon Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France interrogé à Paris; où plusieurs milliers de personnes ont défilé sous le soleil.
A Marseille aussi, ville où Emmanuel Macron tenait meeting ce samedi: Medina Bayoui, lycéenne, a manifesté « pour faire barrage à l’extrême droite ».
Dans les cortèges, beaucoup de jeunes. A Paris, ils scandaient « La jeunesse emmerde le Front national (sic) ». A Lyon, parmi les 2.000 manifestants, Emma, 23 ans, étudiante, mobilisée « contre la banalisation des idées dangereuses, (…) la dictature en puissance ».
Marine Le Pen, qui s’est exprimée devant la presse plus tôt dans la matinée à Saint-Rémy-sur-Avre (Eure-et-Loir), estime que « venir manifester contre les résultats d’une élection » est « profondément antidémocrate. Donc, je pense que les Français trouvent ça désagréable de voir que leur choix est ainsi contesté dans la rue, par l’intermédiaire de manifestations ».
« En rejetant Marine Le Pen, il s’agit d’empêcher l’avènement d’un projet de société destructeur de l’Etat de droit, de la république démocratique sociale et solidaire que nous défendons chaque jour », selon le communiqué de la trentaine d’organisations et syndicats, comme la LDH, SOS Racisme, la CGT, le Syndicat de la magistrature ou encore le syndicat national des journalistes, à l’origine de l’appel.
« C’est tout sauf un projet social comme il se prétend (…). On est là pour dire +il y a le feu, notre mouvement social doit réagir+ », rappelle Benoit Teste, secrétaire général de la FSU.
« Ni Le Pen, ni Macron »
Dans ces cortèges baignés de soleil, si les manifestants sont tous contre l’extrême droite, ils n’épargnent pas le président sortant, voire renvoient les deux prétendants dos-à-dos.
A Paris, le coprésident du Mrap François Sauterey résume: « nous ne voulons pas de Marine Le Pen à l’Élysée. Nous sommes là pour dire +utilisez votre bulletin de vote pour l’empêcher d’arriver au pouvoir+, on ne dit pas +votez Macron+, mais ça revient à ça ».
Bruno, enseignant de 60 ans, est venu de Chambéry à Lyon pour dire « non au nationalisme, au populisme, à la xénophobie ». Il votera Macron, « le danger est trop grand pour la démocratie ».
Voter Macron, c’est permettre « de choisir à qui on s’oppose. (…) On aura la possibilité d’organiser une opposition forte », selon Aneth Hambert, 25 ans et militante EELV à Lille.
Militant de SOS Racisme, Sasha Halgand, qui regrette d’être face à « un duel Macron/Le Pen dont la jeunesse ne veut pas, (…) le vote utile se porte sur lui. Si Marine le Pen arrivait au pouvoir, il y aurait des milices fascistes, des lois liberticides ».
Lucile Muller, 19 ans étudiante à Paris, « conteste les deux candidats »: « on avait déjà ce même résultat il y a cinq ans mais on ne connaissait pas Macron. Là, on a vu les violences policières, les lois liberticides (…) ».
A Saint-Etienne, 200 personnes, dont de nombreux jeunes, ont participé à un « Carnaval contre la mascarade électorale », arborant des masques d’Emmanuel Macron, et ces slogans « Ni Macron, ni Le Pen », « Non à la bourse », « Suspicion partout, liberté nulle part ».
Enfin à Marseille, une banderole du NPA proclamait: « Contre Le Pen et l’extrême droite, contre Macron et sa politique antisociale, ne comptons que sur nos luttes ».
A Rennes, des incidents se sont produits entre manifestants de l’ultra-gauche et policiers lors d’un rassemblement interdit tandis que se déroulait sans incident, en un autre point de la ville, une manifestation autorisée contre le racisme et le fascisme.
Quelques incidents également ont éclaté à Paris en fin de manifestation entre les forces de l’ordre et une centaine de personnes. Avec des jets de projectiles, un vélo et des déchets incendiés d’un côté, l’utilisation de lacrymogènes de l’autre.
Et si à Paris une pancarte rappelait « 2002 (NDLR: Jean-Marie Le Pen contre Jacques Chirac au deuxième tour) c’était non, 2022, c’est toujours non », à Nice, une centaine de personnes se sont rassemblées là où, en 2002, « on était 20.000 entre les deux tours », se souvient Jean-Pierre Lamort, 77 ans.
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France
Emmanuel Macron atteint un seuil historique d’impopularité
Malgré son retrait de la scène politique intérieure, Emmanuel Macron enregistre un nouveau recul dans les sondages. Avec seulement 17% d’opinions favorables, il connaît l’un des plus bas niveaux de popularité jamais atteints par un président en exercice.
La dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier continue de peser lourdement sur la popularité d’Emmanuel Macron. Un récent baromètre révèle que seulement 17% des Français ont aujourd’hui une opinion favorable du chef de l’État. Ce chiffre marque une chute sans précédent pour le président, qui traverse désormais une crise de confiance plus marquée que lors de la période tendue des « Gilets jaunes ». L’étude met en lumière le fossé grandissant entre le président et l’opinion publique, alimenté par son retrait de la gestion des affaires intérieures depuis la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre, qui concentre désormais l’essentiel du pouvoir exécutif.
Le désenchantement des Français ne se limite pas à une simple baisse de popularité. Selon le sondage, 78% des personnes interrogées déclarent ne plus faire confiance à Emmanuel Macron. Un chiffre élevé, mais qui ne dépasse pas le record d’impopularité enregistré par François Hollande en 2016, où ce dernier avait culminé à 87% de défiance. Cet ancrage persistant d’une méfiance vis-à-vis du chef de l’État traduit un mécontentement profond, notamment au sein des classes populaires et de certaines franges de l’électorat centriste, qui semblent aujourd’hui désillusionnées par les promesses initiales de renouveau portées par le président.
Le sondage illustre également la montée du Rassemblement national (RN) dans le paysage politique français, avec Jordan Bardella et Marine Le Pen occupant les deux premières places du classement de popularité. La progression de figures de droite, comme Marion Maréchal en cinquième position et Éric Ciotti en dixième, témoigne d’un basculement notable de l’opinion publique en faveur des idées portées par le RN, et de la stratégie d’alliances qui semble désormais porter ses fruits. Gabriel Attal, quant à lui, peine à consolider sa base de soutien, fragilisée par sa posture ambiguë de critique du gouvernement tout en menant ses troupes à l’Assemblée nationale. Les tensions entre ses engagements et les attentes de ses partisans l’ont conduit à perdre 4 points auprès des centristes et 21 points à gauche, reflétant la difficulté de maintenir une ligne cohérente dans un contexte politique polarisé.
Cette baisse de popularité et la montée en puissance de l’extrême droite dessinent un paysage politique français de plus en plus incertain, marqué par une désaffection à l’égard de l’exécutif et un attrait croissant pour des alternatives radicales.
Politique
Le gouvernement Barnier prêt à dégainer le 49.3 pour le budget 2025
Face à l’impasse parlementaire, le gouvernement de Michel Barnier envisage l’utilisation de l’article 49.3 pour imposer le budget 2025. Malgré sa volonté affichée de laisser les débats se poursuivre, les fragilités de la coalition pourraient précipiter cette décision.
Mercredi, le gouvernement de Michel Barnier se prépare à une délibération du Conseil des ministres qui pourrait aboutir à l’activation de l’article 49.3 pour faire passer le projet de loi de finances. Ce recours constitutionnel permettrait l’adoption du budget sans vote à l’Assemblée nationale, exposant néanmoins l’exécutif à une motion de censure. La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a précisé que cette option, bien que sur la table, n’est pas souhaitée par le Premier ministre, Michel Barnier, qui espère laisser les débats se poursuivre autant que nécessaire.
Cependant, la nécessité de recourir à cet outil controversé semble se renforcer face aux difficultés rencontrées par la majorité. Les divisions internes au sein du socle de soutien au gouvernement sont de plus en plus visibles, comme en témoigne le vote de la pérennisation d’une surtaxe sur les hauts revenus, contre l’avis de l’exécutif, grâce aux voix du MoDem, membre de la coalition. Le président de la Commission des finances, Éric Coquerel, a ironisé sur un socle « tout fissuré » et a exprimé sa conviction que le gouvernement accumulerait d’autres échecs.
Outre les questions budgétaires, les désaccords au sein de la majorité se sont également manifestés lors de l’élection à la vice-présidence de l’Assemblée nationale, un poste clé qui a échappé à la candidate des Républicains au profit d’un écologiste, illustrant encore la fragilité de la coalition Barnier. Si l’exécutif devait recourir au 49.3, une motion de censure serait inévitable, avec un risque accru pour le gouvernement. L’opposition, tant de gauche que du Rassemblement national, reste en embuscade, menaçant de faire tomber le gouvernement en cas de recours à cet article, déjà perçu comme une brutalité parlementaire.
La situation politique devient ainsi de plus en plus tendue pour Michel Barnier, qui se trouve confronté à un choix délicat pour faire passer son budget tout en évitant une crise gouvernementale.
Politique
L’Assemblée nationale clôt la tentative de destitution d’Emmanuel Macron
La proposition de destitution du président Emmanuel Macron, portée par La France insoumise (LFI), ne sera pas débattue à l’Assemblée nationale. La décision de la conférence des présidents met un terme à cette initiative, malgré les critiques de certains groupes politiques.
La tentative de destituer Emmanuel Macron, initiée début septembre par LFI, n’aboutira pas. La conférence des présidents, qui organise les travaux de l’Assemblée, a décidé de ne pas inscrire cette proposition à l’ordre du jour, bloquant ainsi toute possibilité de débat en séance plénière. Cette décision intervient après le rejet massif du texte en commission parlementaire.
Mathilde Panot, cheffe de file du groupe LFI, a dénoncé cette décision, affirmant que le président Macron échappe ainsi à un débat nécessaire sur son « comportement dangereux et erratique » à la suite des législatives. Cependant, le rejet en commission n’avait laissé que peu d’espoir à cette proposition. Selon les règles de l’Assemblée, le texte aurait dû être inscrit au plus tard le 15 octobre pour être discuté, ce qui ne sera finalement pas le cas.
Plusieurs groupes parlementaires, notamment ceux issus de l’ancienne majorité présidentielle (EPR, MoDem, Horizons) ainsi que les Républicains et l’UDR, ont fermement refusé la tenue de ce débat. De son côté, Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national (RN), s’est abstenue, ce qui a suscité de vives critiques de la part de Mathilde Panot. Cette dernière a estimé que l’abstention du RN avait permis à Emmanuel Macron d’échapper à la procédure de destitution. Léa Balage El Mariky, porte-parole du groupe écologiste, a également accusé l’extrême droite de double jeu, arguant que Marine Le Pen se présente comme l’opposante principale à Macron tout en lui épargnant une épreuve institutionnelle.
La décision de la conférence des présidents met ainsi un terme définitif à cette initiative. Les chances de succès étaient de toute manière extrêmement limitées, la destitution nécessitant une majorité des deux tiers tant à l’Assemblée qu’au Sénat. Eric Ciotti, chef du groupe UDR, s’est félicité de ce dénouement, rappelant qu’il avait voté contre la procédure. Opposant déclaré à Emmanuel Macron, Ciotti a toutefois affirmé que l’intégrité des institutions devait primer, condamnant ce qu’il a décrit comme une tentative de « jouer avec la Constitution » de la part de LFI et de Jean-Luc Mélenchon.
La fermeture de cette voie de destitution confirme la difficulté pour l’opposition d’imposer un débat de cette envergure dans un contexte politique où les alliances et les abstentions jouent un rôle déterminant.
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