Monde
Poursuite des combats au Karabakh, les séparatistes sous le feu azéri
Les combats entre Arméniens et Azerbaïdjanais se poursuivaient samedi sur le front du Nagorny Karabakh en dépit des appels internationaux à un cessez-le-feu, les autorités du territoire séparatiste prévenant que la « dernière bataille » pour la région a commencé.
Si aucun camp n’a pris un avantage décisif sur l’autre au septième jour des affrontements, Stepanakert, la capitale du Karabakh, touchée à plusieurs reprises vendredi par des bombardements azerbaïdjanais, a de nouveau été la cible de tirs samedi et les combats violents impliquant l’aviation et les chars azerbaïdjanais étaient en cours sur « toute la ligne de front », selon les autorités séparatistes.
Des tirs d’artillerie lourde – une première – ont déjà endommagé vendredi plusieurs bâtiments de Stepanakert. « Je suis sorti de chez moi et 5 ou 10 minutes plus tard, boum, une explosion. Heureusement, il n’y avait personne à la maison », raconte à l’AFP Nelson Adamian, 65 ans.
Dans ce contexte, la diplomatie de la région séparatiste a appelé samedi la communauté internationale à « reconnaître l’indépendance » du Nagorny Karabakh, en qualifiant cette mesure de « seul mécanisme efficace pour rétablir la paix ».
Le Nagorny Karabakh, en majorité peuplé d’Arméniens, a fait sécession de l’Azerbaïdjan, entraînant au début des années 1990 une guerre qui avait fait 30.000 morts. Le front est quasi-gelé depuis malgré des heurts réguliers, aucun traité de paix n’ayant jamais été signé.
« Objectif historique »
« L’ennemi a déployé des troupes renforcées. Nos soldats font preuve d’une résistance héroïque », a déclaré sur Facebook le porte-parole de l’armée arménienne Artsroun Hovhannissian, assurant que « des combats féroces persistent ».
Même tonalité inquiète chez le président du Nagorny Karabakh, Arayik Haroutiounian, qui a déclaré aux journalistes que « la nation et la mère patrie sont en danger » et annoncé son intention d’aller sur le front.
« C’est notre dernière bataille, que nous allons assurément gagner », a-t-il ajouté.
Pour sa part, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a réitéré son appel au retrait des forces arméniennes des « territoires occupés » azerbaïdjanais comme « précondition » à un cessez-le-feu.
« Nous allons reprendre nos territoires, c’est notre droit légitime et notre objectif historique », a-t-il déclaré dans un entretien à la chaîne de télévision Al Jazeera.
« Nous ne pouvons pas attendre 30 ans de plus (…) Il faut que le conflit du Karabakh soit réglé maintenant », a-t-il souligné.
L’armée azerbaïdjanaise a de son côté affirmé que 19 villages azerbaïdjanais avaient été la cible de tirs arméniens dans la nuit et assuré prendre des « mesures de riposte résolues », en revendiquant notamment la prise de positions séparatistes.
Depuis le début des hostilités dimanche, seuls des bilans partiels sont communiqués, faisant état au total de 191 morts: 158 soldats du Karabakh, 14 civils arméniens, et 19 civils azerbaïdjanais, Bakou ne communiquant pas ses pertes.
Chaque camp revendique en revanche des succès démentis par l’autre et fait état de centaines de soldats ennemis tués chaque jour. Les Arméniens assurent ainsi que plus de 3.000 soldats azerbaïdjanais ont péri depuis la reprise des hostilités le 27 septembre, Bakou disant avoir tué 2.300 militaires arméniens.
Puissances étrangères « préoccupées »
Les deux camps ont largement ignoré les multiples appels de la communauté internationale à faire taire les armes, tel celui vendredi du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, réclamant « une fin immédiate des hostilités ».
Le président russe Vladimir Poutine a exprimé sa « profonde préoccupation » quant à la présence supposée de combattants pro-Turcs envoyés de Moyen-Orient par Ankara, soutien indéfectible de Bakou.
Mohammad Javad Zarif, le ministre des Affaires étrangères de l’Iran voisin des deux pays en guerre, s’est lui aussi dit « préoccupé » lors d’un entretien avec son homologue Sergueï Lavrov, selon un communiqué de Moscou.
Le président français Emmanuel Macron avait affirmé précédemment que 300 combattants « jihadistes » avaient quitté la Syrie pour rejoindre l’Azerbaïdjan en passant par la Turquie, une « ligne rouge » selon lui.
La Russie avait fait état d’informations similaires, sans accuser directement Ankara avec qui elle a une relation compliquée mais pragmatique.
Malgré les dénégations de Bakou, Ankara restant muet sur la question, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a dénombré la mort sur le front au Karabakh d’au moins 28 combattants pro-Ankara depuis le début des hostilités.
Monde
Le réseau social X rétabli au Brésil après un bras de fer juridique
Après plusieurs mois de tensions, la Cour suprême brésilienne autorise la reprise des activités de X, ex-Twitter, suite à la satisfaction des exigences judiciaires, dont le paiement d’amendes et la suppression de comptes associés à la désinformation.
Le réseau social X, propriété d’Elon Musk, est de nouveau accessible au Brésil après une suspension imposée en août par la Cour suprême, motivée par la lutte contre la désinformation. Le juge Alexandre de Moraes, qui avait ordonné cette suspension, a finalement levé l’interdiction ce mardi, estimant que toutes les conditions légales avaient été respectées par la plateforme. Parmi celles-ci, le versement d’amendes s’élevant à 28,6 millions de réais (environ 4,8 millions d’euros) ainsi que la suppression de comptes diffusant de fausses informations, souvent liés à l’extrême droite brésilienne.
Cette décision marque la fin d’un long bras de fer entre le réseau social et les autorités judiciaires brésiliennes. Accusé d’ignorer des injonctions de justice visant à bloquer certains comptes, X avait été pointé du doigt par le juge Moraes pour son rôle présumé dans la diffusion de contenus menaçant la démocratie. Musk avait même qualifié ces actions de « censure », comparant Moraes à un dictateur. Toutefois, après des mois de résistance, la plateforme a fini par se conformer aux demandes de la Cour, facilitant ainsi la réactivation de ses services pour les 22 millions d’utilisateurs brésiliens.
Ce conflit juridique s’inscrit dans un contexte politique tendu, où les plateformes numériques sont de plus en plus impliquées dans la lutte contre la désinformation. Le président brésilien Lula da Silva, soutenant fermement la position de la Cour suprême, a rappelé que les entreprises ne sont pas au-dessus des lois. En revanche, l’ancien président Jair Bolsonaro, allié de Musk, avait vivement critiqué ces restrictions, les assimilant à une atteinte à la liberté d’expression.
Malgré cette période tumultueuse, X semble prêt à reprendre ses activités tout en promettant de respecter les cadres légaux. L’impact de cet épisode sur l’usage de la plateforme reste à déterminer, alors qu’une partie des utilisateurs avait commencé à explorer des alternatives comme Threads ou Bluesky sans succès notable.
Monde
Mexique: Sheinbaum officiellement investie première présidente
Claudia Sheinbaum, ancienne maire de Mexico, a officiellement pris ses fonctions en tant que première présidente de l’histoire du Mexique ce mardi. Elle a prêté serment devant le Congrès et s’est engagée à poursuivre les politiques de son prédécesseur, tout en affirmant sa volonté de garantir les libertés et la justice sociale.
Claudia Sheinbaum, 62 ans, a fait son entrée dans l’histoire en devenant la première femme présidente du Mexique, succédant à Andres Manuel Lopez Obrador. Après avoir prêté serment devant les députés et sénateurs réunis, elle a affirmé avec émotion : « Je suis mère, grand-mère, scientifique, et à partir d’aujourd’hui, présidente par la volonté du peuple du Mexique ». Son élection, marquée par un large soutien populaire avec près de 60 % des voix, est un moment historique pour le pays.
Sous la bannière du parti de gauche au pouvoir, Morena, Sheinbaum a bénéficié de l’héritage laissé par son prédécesseur, Lopez Obrador, qui demeure très populaire. Avec 36 millions de voix, elle devient la candidate la mieux élue de l’histoire mexicaine, portée par des slogans comme « D’abord les pauvres » et « austérité républicaine ». Son programme s’articule autour de la continuité des réformes sociales et économiques initiées sous le mandat précédent.
En matière de sécurité, l’un des dossiers les plus épineux au Mexique, la nouvelle présidente a réaffirmé sa volonté de lutter contre la narco-violence. Face à un bilan de plus de 400 000 morts et 100 000 disparus depuis 2006, elle a mis l’accent sur le renforcement des services de renseignement et de la Garde nationale, qui passera désormais sous le contrôle de la Défense. Cette décision a suscité des préoccupations, notamment de la part de l’ONU, qui a souligné l’importance de ne pas militariser la sécurité publique.
Claudia Sheinbaum a également rassuré les investisseurs nationaux et internationaux, en promettant un cadre économique stable et sécurisé. « Notre gouvernement garantira toutes les libertés », a-t-elle insisté, rejetant les accusations d’autoritarisme.
Son élection intervient dans un contexte de réforme controversée du pouvoir judiciaire, qui prévoit, à partir de 2025, l’élection populaire des juges, une première mondiale qui inquiète notamment les États-Unis. Cependant, le président américain Joe Biden a réaffirmé son engagement à collaborer avec le Mexique, soulignant les liens profonds qui unissent les deux nations.
Claudia Sheinbaum succède à Lopez Obrador, son mentor, et prend la tête d’un pays confronté à de nombreux défis, notamment les relations bilatérales avec les États-Unis, les questions de sécurité, et la gestion des catastrophes naturelles. Dès mercredi, la nouvelle présidente se rendra à Acapulco pour évaluer les dégâts causés par l’ouragan John, qui a récemment frappé le Mexique, faisant 15 morts.
Cet événement marque une nouvelle ère pour le Mexique, avec une dirigeante déterminée à poursuivre l’œuvre de son prédécesseur tout en adressant les préoccupations sociales, économiques et sécuritaires du pays.
Europe
Julian Assange plaide pour la liberté d’informer lors d’une audition au Conseil de l’Europe
Dans sa première apparition publique depuis sa libération, Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, a appelé à la défense de la liberté d’informer. Se décrivant comme victime d’une persécution par les États-Unis, il a insisté sur l’importance de continuer à lutter pour la vérité.
Mardi, Julian Assange, qui a passé plus d’une décennie cloîtré entre l’ambassade d’Équateur à Londres et la prison de Belmarsh, est intervenu devant une commission du Conseil de l’Europe à Strasbourg. Cette audition, consacrée à l’impact de sa détention et de sa condamnation sur les droits de l’homme, marque sa première déclaration publique depuis sa sortie de prison en juin dernier. Arrivé tôt dans la matinée, il a été accueilli par des applaudissements à son entrée dans l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), levant le poing en signe de détermination.
Durant son discours, Assange a exprimé ses regrets quant à l’évolution des conditions de transparence et de liberté d’expression. « Dire la vérité est de plus en plus stigmatisé, attaqué et affaibli », a-t-il affirmé. Il a également insisté sur le fait que sa libération n’était pas le résultat d’un système judiciaire juste, mais d’un plaidoyer en faveur du journalisme.
Condamné pour avoir publié des documents classifiés révélant les opérations militaires et diplomatiques américaines, Assange avait, en juin dernier, conclu un accord de plaider-coupable avec la justice américaine. Cet accord lui a permis de purger une peine déjà effectuée en détention provisoire et d’éviter une longue incarcération aux États-Unis. De retour en Australie depuis sa libération, il a toutefois réitéré devant le Conseil de l’Europe que son emprisonnement résultait de persécutions politiques, en lien avec son travail pour WikiLeaks.
Assange a rappelé les débuts de WikiLeaks en 2010, lorsque le site avait publié des centaines de milliers de documents sensibles, révélant des abus, des exécutions extrajudiciaires et des opérations de collecte de renseignements. Si ces révélations lui ont valu le soutien des défenseurs de la liberté de la presse, elles lui ont aussi attiré les foudres des autorités américaines, qui l’accusent d’avoir mis des vies en danger.
Dans un appel poignant, il a exhorté les institutions comme l’APCE à faire en sorte que des situations similaires ne se reproduisent pas, appelant à la défense de la liberté d’expression et à la poursuite de la quête de vérité. Il a également mis en garde contre l’influence d’une minorité d’individus cherchant à faire taire les voix critiques.
Alors que l’APCE doit débattre de son cas sur la base d’un rapport le qualifiant de « prisonnier politique », le plaidoyer de Julian Assange pourrait avoir un impact sur sa demande de grâce présidentielle auprès de Joe Biden.
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