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Noires et vertes, les mystères des roses turques sauvées des eaux

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Elle pourrait s’appeler Moïse. La rose noire d’Halfeti, sauvée des eaux du barrage de Birecik, sur l’Euphrate, survit sur les hauteurs de ce village englouti du sud-est de la Turquie – et dans les crèmes glacées.

Noire en bouton, noire au séchage, pourpre foncé entre les deux, la Karagül (rose noire, en turc) au parfum remarquable et puissant est unique en son genre et ne pousse qu’ici.

Unique aussi mais beaucoup plus modeste, sans tenue ni parfum, ébouriffée à peine éclose, la rose verte d’Halfeti qui fait plutôt l’effet d’une mauvaise herbe a presque fait l’objet des mêmes attentions.

Il s’en est fallu de peu qu’elles disparaissent, noyées à jamais comme des dizaines de sites archéologiques de l’ancienne Mésopotamie. Mais la passion d’un responsable du département local de l’Agriculture qui a opéré leur transplantation sous une serre, quelques dizaines de mètres en surplomb du village submergé, leur a offert un destin.

Alors que sombrent leurs souvenirs, leur mémoire et les tombeaux des ancêtres, la Karagül ne suscitait qu’indifférence chez les villageois, se souvient le responsable, quadragénaire élancé contraint à l’anonymat par sa hiérarchie.

« Les gens d’ici ne se rendaient pas compte de son caractère unique. On a transporté une quarantaine de pieds sur les hauteurs et entretenu la production sous serre », montre-t-il en écartant les pans de plastique qui couvent ses trésors aux tiges frêles, plus carmin que noires en cette fin mai.

Dans les jardins

Son ami Bülent à ses côtés se souvient: « Elles étaient partout dans les jardins, mais personne n’y faisait attention ».

Le barrage de Birecik, mis en service en 2000 dans le cadre des grands projets de développement du sud-est anatolien, a noyé Halfeti et une dizaine de villages alentours.

A 20 minutes de bateau, seul émerge encore le minaret pointu comme un crayon de la mosquée de Savasan, village déserté par ses habitants.

Acclimatée sur les hauteurs du nouveau village d’Halfeti, la serre compte désormais un millier de rosiers.

« La Karagül pousse plus claire qu’en bas », prévient le professeur Ali Ikinci, botaniste de l’université de Harran, près de Sanliurfa.

« La Karagül n’est pas une espèce endémique à Halfeti » précise-t-il. « Mais l’écologie particulière, le climat et le sol, font qu’elle y fleurit plus foncée. Si vous plantez cette rose ailleurs, elle ne sera pas aussi foncée ou noire. »

Il précise encore que « vingt génotypes de roses noires ont été identifiés dans le monde, dont seize en Turquie ».

Mais, insiste-t-il, celle d’Halfeti est « unique ».

« Au fur et à mesure qu’on passe de Sanliurfa à la Syrie (à 60 km vers le sud, ndlr) sa couleur s’assombrit, tend vers le noir et son parfum augmente ».

Un phénomène dû, selon l’agronome sauveur de la Karagül, à une « différence de 4 à 5 degrés » entre les bords du lac et le nouveau village: « en bas, le sol est aussi plus acide à cause des eaux de l’Euphrate ».

Verte de Chine

Pour le Pr Ikinci qui cite l’éminence turque du rosier, le botaniste Turhan Baytop, décédé en 2002, la Karagül est issue de la rose « Louis XIV », créée en France en 1859.

Pour Frédéric Achille, directeur-adjoint des Jardins botaniques du Museum d’Histoire naturelle de Paris, « ça pourrait être la vraie +Louis XIV+, transformée par les eaux de l’Euphrate… et un peu de communication », s’amuse-t-il.

Quant à la rose verte d’Halfeti, entretenue le long de la serre aux Karagül et qui fait l’effet d’une mauvaise herbe, elle est bien réelle, mais rien à voir avec les photos retouchées des Instagrameurs.

« Elle reste mystérieuse. Quelques habitants l’avaient dans leur jardin. Mais, inodore, elle n’a pas retenu beaucoup d’attention », indique le Pr Ikinci.

« Parce qu’elle est assez laide », tranche Frédéric Achille. Introduite en Europe en 1856 par des pépinières britanniques, « elle fait juste figure de curiosité dans les roseraies ».

Mais Halfeti compte bien tirer partie de son vrai trésor: sur les bords du lac, quelques jardiniers amateurs proposent des rosiers karagül aux touristes.

A 28 ans, Devrim Tutus voit même plus grand: associé à une société stambouliote, il fournit les pétales pour des eaux de Cologne, des loukoums et des glaces à la Karagül dont la demande excède déjà ses capacités de production. En attendant un vin de rose.

Occitanie

Planète : Le port de Leucate adopte une innovation écologique pour le nettoyage des bateaux

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Planète : Le port de Leucate adopte une innovation écologique pour le nettoyage des bateaux

Dans le port de Leucate, les plaisanciers bénéficient désormais d’un système innovant de lavage de bateaux en circuit fermé, utilisant principalement de l’eau de mer, malgré les restrictions d’eau imposées par la sécheresse.

Les plaisanciers de Leucate peuvent désormais nettoyer leurs bateaux grâce à un dispositif innovant qui recycle l’eau utilisée. Cette solution permet de réduire la consommation d’eau douce, vitale en période de sécheresse. Le port a mis en place une cuve de 10.000 litres remplie en hiver, à partir de laquelle l’eau est pompée pour les nettoyages. L’eau utilisée est ensuite filtrée, dépolluée et réinjectée dans la cuve, permettant un fonctionnement en quasi-circuit fermé.

L’ingéniosité du système repose sur la compensation des pertes d’eau par évaporation, qui représentent environ 10% de la consommation totale. Ces pertes sont compensées par la récupération des eaux de pluie et un système de désalinisation de l’eau de mer. Ce dispositif, d’un coût de 170.000 euros, devrait permettre de réaliser environ 1.000 carénages annuels pour un port accueillant 1.500 bateaux.

Les autorités portuaires et les plaisanciers saluent cette innovation. Jean-Claude Pilon, un plaisancier de 79 ans venu spécialement du port de Canet-en-Roussillon, témoigne de la facilité retrouvée pour préparer son voilier pour l’été. Le maire de Leucate, Michel Py, souligne l’importance de cette initiative pour l’économie locale, fortement dépendante des activités de carénage.

Les niveaux des nappes phréatiques restant critiques, des solutions alternatives étaient nécessaires. Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) confirme que les pluies printanières n’ont pas suffi à recharger les nappes. Ainsi, la nouvelle installation à Leucate, utilisant une quantité d’eau équivalente à celle d’une piscine de 25 mètres par an, représente une avancée majeure pour la gestion durable des ressources en eau.

L’initiative est également saluée par les experts en traitement des eaux usées. Christelle Wisniewski, professeur à l’université de Montpellier, apprécie la vision circulaire du projet tout en soulignant la nécessité de surveiller la consommation énergétique et la gestion des déchets. Rellumix, l’entreprise derrière le dispositif, assure que la consommation énergétique reste inférieure à 90 kWh par jour et que les polluants sont correctement traités.

Simon Popy, président de la branche Occitanie-Méditerranée de France Nature Environnement, voit dans cette initiative un exemple à suivre pour une consommation d’eau plus responsable. Il suggère également que les plaisanciers pourraient optimiser leur consommation en utilisant davantage d’eau de mer pour les équipements moins fragiles.

Le port de Canet-en-Roussillon, quant à lui, envisage d’adopter une approche similaire, combinant lavage à l’eau de mer et rinçage à l’eau douce. Ces pratiques innovantes montrent qu’il est possible de concilier activités nautiques et préservation des ressources en eau, ouvrant la voie à de nouvelles solutions écologiques pour les ports de la région.

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Records de chaleur : juin 2024 devient le mois le plus chaud jamais mesuré

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Records de chaleur : juin 2024 devient le mois le plus chaud jamais mesuré

Sous l’effet des rejets de gaz à effet de serre de l’humanité, les records de températures mondiales continuent de tomber depuis plus d’un an : juin 2024 est devenu le mois de juin le plus chaud jamais mesuré, effaçant le record déjà battu en 2023.

Avec son cortège de canicules au Mexique, en Chine ou en Arabie saoudite, juin 2024 est le 13e mois consécutif à établir un record de température moyenne plus élevée que les mois équivalents, a annoncé lundi l’observatoire européen Copernicus. Cette série, alimentée par une surchauffe inédite des océans qui ont absorbé 90% de l’excès de chaleur provoqué par l’activité humaine, a entraîné une température moyenne mondiale sur les 12 derniers mois (juillet 2023 – juin 2024) jamais enregistrée, selon Copernicus.

Sur cette période, la température moyenne de la planète a été « 1,64°C au-dessus de la moyenne préindustrielle 1850-1900 », lorsque la déforestation et la combustion du charbon, du gaz ou du pétrole n’avaient pas encore réchauffé le climat de la Terre. Juin 2024 est également « le 12e mois consécutif qui dépasse de 1,5°C les moyennes de l’ère préindustrielle », souligne Carlo Buontempo, directeur du service du changement climatique de Copernicus (C3S), dans un communiqué.

Ce seuil de 1,5°C est l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris de 2015, signé par la quasi-totalité des pays. Une telle anomalie devrait toutefois être observée en moyenne sur plusieurs décennies pour considérer que le climat s’est stabilisé à +1,5°C. Le climat actuel est déjà réchauffé d’environ 1,2°C par rapport à 1850-1900, et le Giec, groupe d’experts climatiques mandatés par l’ONU, prévoit que le seuil de 1,5°C a une chance sur deux d’être atteint en moyenne dès les années 2030-2035, au rythme actuel des émissions dont le pic est attendu d’ici 2025.

En juin, pendant que le thermomètre était proche ou inférieur aux normales de saison (période 1991-2020) en France et en Europe de l’Ouest, une majorité de l’humanité a subi des températures supérieures, voire exceptionnelles. En Arabie saoudite, plus de 1 300 personnes sont mortes lors du pèlerinage de La Mecque, où le thermomètre a atteint jusqu’à 51,8°C dans la Grande Mosquée de la ville sainte de l’islam. En Grèce, l’Acropole a dû être fermée mi-juin, sous plus de 44°C. Le nord de la Chine, dont Pékin, a été écrasé sous plus de 40°C, tandis que le sud du pays subissait des inondations.

Le Kenya, l’Afghanistan et la France ont aussi connu des inondations catastrophiques, autre phénomène accentué dans le monde par le réchauffement climatique, qui augmente l’humidité maximum dans l’air et donc l’intensité potentielle des pluies. Aux États-Unis et au Mexique, la vague de chaleur mortelle fin mai et début juin a été rendue 35 fois plus probable par le changement climatique, a estimé le réseau scientifique de référence World Weather Attribution (WWA).

Sur le front des incendies, juin a conclu en Amazonie, où sévit une sécheresse historique, le pire premier semestre depuis 20 ans et la « situation d’urgence » a été décrétée dans le Mato Grosso do Sul, au Brésil. Autre conséquence des canicules, les populations des Balkans, du Pakistan ou d’Égypte, ont souffert d’importantes coupures d’électricité, synonymes d’arrêt des indispensables ventilateurs, climatiseurs ou réfrigérateurs.

Avec l’arrivée prévue d’ici la fin de l’année du phénomène climatique cyclique La Niña, synonyme de températures mondiales plus fraîches, « on peut s’attendre à ce que la température mondiale diminue ces prochains mois », a déclaré Julien Nicolas, scientifique du C3S. La température mondiale de la fin 2024 dépendra en grande partie de l’évolution de la chaleur des océans, qui recouvrent 70% de la planète et dont la température de l’eau en surface se maintient très nettement au-dessus de toutes les annales depuis plus d’un an.

La chaleur hors norme à la surface de l’Atlantique nord a ainsi renforcé la puissance de Beryl, un ouragan exceptionnel qui a dévasté les Antilles début juillet. « Si ces températures record persistent, en dépit d’un développement de La Niña, 2024 pourrait être plus chaude que 2023 », l’année la plus chaude jamais mesurée, « mais il est trop tôt pour le dire, » selon Julien Nicolas.

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Planète : L’Amazonie connaît son pire début d’année en vingt ans en matière d’incendies

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Planète : L’Amazonie connaît son pire début d’année en vingt ans en matière d’incendies

Le premier semestre de 2024 marque une triste étape pour l’Amazonie avec un record de 13.489 foyers d’incendie, le pire chiffre depuis deux décennies. Cette hausse, exacerbée par une sécheresse historique, soulève des inquiétudes environnementales majeures malgré une réduction notable de la déforestation sous l’administration de Luiz Inacio Lula da Silva.

Le Brésil fait face à une situation préoccupante avec 13.489 foyers d’incendie enregistrés en Amazonie au cours des six premiers mois de l’année, selon les données de l’Institut brésilien de recherches spatiales (INPE). Ce chiffre est le plus élevé depuis 2004 et surpasse largement les 8.344 foyers de l’année précédente. Les experts attribuent cette augmentation dramatique à une sécheresse historique qui rend la végétation exceptionnellement vulnérable aux feux.

Paradoxalement, cette période a également vu une réduction significative de la déforestation. Entre janvier et juin, l’Amazonie a perdu 1.525 km² de forêts, soit une baisse de 42 % par rapport aux 2.649 km² déboisés durant le premier semestre 2023. Cette tendance positive est attribuée aux efforts du gouvernement de Lula, qui s’est engagé à éliminer la déforestation illégale d’ici 2030.

Cependant, la situation reste complexe. Romulo Batista de Greenpeace explique que si le changement climatique joue un rôle dans la multiplication des feux, la majorité des incendies sont d’origine humaine, souvent liés à l’agriculture sur brûlis. Le manque de précipitations a accentué le stress hydrique des biomes, rendant les écosystèmes brésiliens plus susceptibles aux incendies.

La crise ne se limite pas à l’Amazonie. Le Pantanal, plus grande zone humide du monde, a connu une explosion de foyers d’incendie, avec une augmentation de 2018 % par rapport à l’année précédente. Le seul mois de juin a vu 2.639 départs de feu, un chiffre six fois supérieur au précédent record. Face à cette urgence, l’État du Mato Grosso a déclaré l’état d’urgence et mobilisé des renforts de pompiers.

Le Cerrado, autre biome riche en biodiversité, n’est pas épargné, enregistrant presque autant de foyers d’incendie que l’Amazonie, avec 13.229 départs recensés. Ce chiffre dépasse le record établi en 2007, illustrant l’ampleur de la crise environnementale que traverse le Brésil.

Malgré les efforts de préservation et les engagements gouvernementaux, la combinaison des facteurs climatiques et des pratiques humaines continue de menacer gravement les écosystèmes vitaux du Brésil, soulignant l’urgence d’une action coordonnée et durable.

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