Monde
Minneapolis reste sous tension après la mort d’un jeune homme noir tué par la police
Minneapolis restait mardi sous tension après une deuxième nuit consécutive de manifestations malgré l’entrée en vigueur d’un couvre-feu dans cette ville du nord des Etats-Unis, indignée par la mort d’un jeune homme noir abattu par la police en plein procès sur le meurtre de George Floyd.En plus du couvre-feu dans toute l’agglomération décrété par les maires des villes jumelles de Minneapolis et de Saint-Paul, un millier de soldats de la Garde nationale sont à pied d’oeuvre pour empêcher de nouveaux débordements.
Une quarantaine de personnes ont été arrêtées dans la nuit de lundi à mardi et des policiers ont été légèrement blessés à l’occasion d’un rassemblement en face du commissariat de Brooklyn Center, dans la banlieue de Minneapolis, ont annoncé les forces de l’ordre, qui ont utilisé à plusieurs reprises du gaz lacrymogène.
C’est à cet endroit que Daunte Wright, un Afro-Américain de 20 ans qui circulait en voiture avec sa petite amie, a été tué « par accident » dimanche, au cours d’un banal contrôle lié à des plaques d’immatriculation invalides, a expliqué la police locale. Une agente avait alors « sorti son arme à feu à la place de son Taser », un pistolet à impulsion électrique censé être non létal, selon la même source.
Lundi soir, peu avant 21H00 (02H00 GMT mardi), près de deux heures après l’entrée en vigueur du couvre-feu, des dizaines de manifestants ont continué de brandir leurs pancartes et de scander des slogans à proximité du poste de police de Brooklyn Center, tout en s’abritant de la pluie sous des parapluies et des capuches
Ils ont nargué les policiers à travers le grillage nouvellement érigé autour du commissariat et portaient des pancartes clamant « Emprisonnez tous les flics tueurs racistes », « Suis-je le prochain ? » et « Pas de justice, pas de paix ».
Des pillages sporadiques ont également eu lieu ailleurs à Brooklyn Center, ont raconté des responsables chargés de la sécurité.
Deuxième nuit d’affilée
Des centaines de personnes se sont aussi rassemblées pour une veillée dans cette localité du nord-ouest de l’agglomération de Minneapolis.
Une sculpture commémorative représentant un poing serré a été transportée du site où George Floyd a été tué jusqu’au lieu de ce nouveau drame.
« Etre une personne de couleur est fatigant », a dit à l’AFP Butchy Austin, un employé de commerce de 37 ans devenu un militant depuis ce meurtre il y a près d’un an dans cette même ville de Minneapolis. « Nous voulons savoir que nous pouvons être en sécurité ».
Il s’agissait de la deuxième nuit d’affilée de protestations après la mort de Daunte Wright.
Lundi soir, les autorités judiciaires de l’Etat du Minnesota ont transmis l’identité de la policière impliquée dans un communiqué. Kimberly Potter, une employée des services de police de Brooklyn Center depuis 26 ans, a été suspendue administrativement, ont-elles souligné.
Pour étayer ses propos sur une « mort accidentelle », le chef de la police locale Tim Gannon a présenté l’enregistrement réalisé par la caméra-piéton de la policière.
Sur ces images, on voit des agents extraire le jeune homme de sa voiture et lui passer des menottes. Celui-ci oppose alors une résistance et se rassoit dans son véhicule. On entend la policière crier « Taser, Taser », pour signaler qu’elle va tirer. A la place, un coup de feu résonne.
« Putain de merde, j’ai tiré sur lui », réagit alors cette dernière, tandis que Daunte Wright, mortellement blessé, démarre au volant de sa voiture qui s’écrase quelques rues plus loin.
La façon dont la policière a confondu son arme avec son taser demeure entourée de flou.
Le chef de la police locale a déclaré que les policiers étaient formés pour placer les armes de poing « sur notre côté dominant et le Taser sur notre côté faible ».
Le président Joe Biden a qualifié lundi le meurtre de « tragique », mais a mis en garde contre toute agitation violente potentielle. « Je pense que nous devons attendre et voir ce que l’enquête montre », a-t-il déclaré.
« Les manifestations pacifiques sont compréhensibles » a-t-il ajouté, se disant conscient de « la colère et la douleur » vécues par les Afro-Américains.
Ce drame a ravivé la colère à Minneapolis, qui avait connu plusieurs nuits d’émeutes après la mort de George Floyd, le 25 mai dernier, sous le genou du policier blanc Derek Chauvin.
Des matches de basket, notamment de la NBA, mais aussi de baseball ou de hockey, prévus pour la soirée de mardi, ont pour leur part été reportés.
Climat tendu
Dans ce climat tendu, l’avocat de Derek Chauvin avait demandé de placer les jurés à l’écart pour empêcher qu’ils subissent des pressions. « Je comprends qu’il y ait des troubles civils » mais « je ne crois pas que cela soit un motif d’inquiétude supplémentaire », avait répondu le juge Peter Cahill.
Lundi, l’accusation a appelé à la barre un cardiologue, qui a mis à mal la ligne de défense de Derek Chauvin, dont l’avocat soutient que George Floyd a succombé à une overdose combinée à des faiblesses cardiaques.
Le quadragénaire noir a « fait un arrêt cardiaque en raison d’un manque d’oxygène » lié à la pression exercée sur lui par les policiers, a assuré Jonathan Rich. « Je peux affirmer avec un haut niveau de certitude médicale que George Floyd n’a pas fait de crise cardiaque simple ni d’overdose », a-t-il ajouté.
L’accusation doit boucler son exposé mardi et il reviendra alors à la défense de convoquer ses propres témoins.
Quelque 260 personnes ont été tuées par des policiers depuis le début de l’année, a souligné la puissante association de défense des droits civiques ACLU.
Europe
Accord UE-Mercosur: von der Leyen veut avancer, un bloc de pays autour de la France entend bloquer
À Montevideo, Ursula von der Leyen tente de faire avancer l’accord UE-Mercosur, mais un front de résistance mené par la France menace de le faire échouer.
L’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur, un projet ambitieux visant à créer un marché de plus de 700 millions de consommateurs, se trouve à un tournant décisif. Alors que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’efforce de finaliser les négociations lors du sommet du Mercosur à Montevideo, une coalition de pays européens, emmenée par la France, s’emploie à bloquer le processus.
Les discussions autour de cet accord, initiées en 1999, ont récemment connu un regain d’intérêt sous l’impulsion de plusieurs pays clés. Le Brésil, l’Allemagne et l’Espagne notamment, souhaitent conclure avant l’entrée en fonction de Donald Trump, qui menace de renforcer les droits de douane. Le ministre uruguayen des Affaires étrangères, Omar Paganini, a évoqué des « détails minimes » restant à régler, laissant entendre que l’accord pourrait être scellé dès vendredi. Cependant, la réalité des négociations est plus complexe.
Von der Leyen, optimiste quant à la finalisation de l’accord, a posté sur X : « La ligne d’arrivée est en vue. Travaillons ensemble, franchissons-la. » Pourtant, cette perspective est loin de faire l’unanimité. En France, le président Emmanuel Macron a clairement exprimé son opposition, déclarant que l’accord est « inacceptable en l’état ». Il a réitéré son engagement à défendre la « souveraineté agricole » française, une position soutenue par l’Elysée sur les réseaux sociaux.
Cette opposition n’est pas isolée. La France a réussi à rallier d’autres pays européens à sa cause. Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, et l’Italie, par la voix de ses sources gouvernementales, ont également manifesté leur désapprobation. Ces pays exigent des garanties supplémentaires pour protéger leurs secteurs agricoles, craignant une concurrence déloyale de la part des produits sud-américains. Pour bloquer l’accord, il suffirait que la France et trois autres pays représentant plus de 35% de la population de l’UE s’y opposent.
Les défenseurs de l’accord mettent en avant les avantages économiques, notamment pour les exportateurs européens qui pourraient bénéficier de nouveaux débouchés, et l’importance de ne pas laisser le champ libre à la Chine. Toutefois, les critiques, principalement des ONG et des mouvements de gauche, soulignent les risques environnementaux, notamment l’accélération de la déforestation en Amazonie et l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Greenpeace a qualifié le texte de « désastreux » pour l’environnement, privilégiant les profits des entreprises.
En France, les agriculteurs, inquiets de la concurrence que pourrait engendrer cet accord, ont multiplié les manifestations pour exprimer leur désaccord. La tension autour de cet accord illustre les divergences d’intérêts entre les besoins économiques à court terme et les considérations écologiques et sociales à long terme.
L’avenir de l’accord UE-Mercosur dépendra donc non seulement des négociations techniques, mais aussi de la capacité des pays européens à concilier leurs intérêts divergents. La conférence de presse conjointe prévue à l’issue du sommet pourrait apporter des éclaircissements, mais il est clair que la route vers la ratification est encore semée d’embûches.
Europe
Grève au journal britannique The Guardian contre la vente de son édition dominicale
En réponse à la vente potentielle de The Observer, les journalistes du Guardian et de son édition dominicale entament une grève inédite depuis un demi-siècle.
Les journalistes du journal britannique The Guardian, ainsi que ceux de son édition du dimanche, The Observer, se sont mobilisés pour une grève de 48 heures, un événement marquant car il s’agit de la première action de ce type en plus de cinquante ans. Cette grève, qui coïncide avec le 233ème anniversaire de la première parution de The Observer, vise à contester la décision du Guardian Media Group (GMG) de vendre ce vénérable hebdomadaire à Tortoise Media, un site d’actualité lancé en 2019.
Le GMG avait annoncé en septembre dernier son intention de céder The Observer, reconnu par le Guinness World Records comme le plus ancien journal dominical au monde. Le syndicat National Union of Journalists (NUJ) a réagi avec vigueur, appelant à cette grève pour exprimer le mécontentement général face à ce projet de vente. Laura Davison, secrétaire générale du NUJ, a souligné l’importance de The Observer dans le paysage médiatique britannique et a plaidé pour une réévaluation des options afin de garantir un avenir pérenne pour les deux publications.
La vente à Tortoise Media, dirigé par James Harding, ancien rédacteur en chef du Times et de la BBC, et Matthew Barzun, ancien ambassadeur des États-Unis au Royaume-Uni, soulève des inquiétudes quant à l’avenir éditorial et la ligne directrice de The Observer. Les journalistes craignent que cette transaction ne modifie l’identité unique et la mission de ce journal, qui a été acquis par le Guardian Media Group en 1993.
Cette action syndicale met en lumière les tensions croissantes entre les impératifs économiques des groupes de presse et les aspirations professionnelles des journalistes à préserver l’indépendance et l’intégrité de leur travail. La grève, bien que symbolique, témoigne d’un engagement profond des rédacteurs à défendre un journal qui a marqué l’histoire du journalisme britannique.
Le débat sur l’avenir de The Observer est loin d’être clos, et cette grève pourrait bien être le prélude à des négociations plus approfondies entre les parties prenantes pour trouver une solution qui respecte l’héritage de ce journal emblématique tout en répondant aux défis contemporains de l’industrie des médias.
Monde
Biden gracie son fils Hunter avant de quitter la Maison Blanche
Dans un geste inattendu, le président Joe Biden gracie son fils Hunter, malgré ses précédentes promesses de non-intervention. Cette décision soulève des questions sur l’impartialité du système judiciaire américain.
Dans les dernières semaines de sa présidence, Joe Biden a pris la décision controversée de gracier son fils Hunter, impliqué dans des affaires de fraude fiscale et de détention illégale d’arme à feu. Cette action, bien que conforme à la tradition des présidents américains d’accorder des grâces à des proches, remet en question l’intégrité du processus judiciaire et l’indépendance de la justice.
Hunter Biden, âgé de 54 ans, avait plaidé coupable en septembre pour fraude fiscale à Los Angeles, une affaire qui aurait pu lui valoir jusqu’à 17 ans de prison. De plus, il était également confronté à des accusations pour avoir menti sur son addiction aux drogues lors de l’achat d’une arme, un délit passible de 25 ans d’emprisonnement dans l’État du Delaware, où réside la famille Biden.
Joe Biden, dans un communiqué, a défendu la décision en affirmant que son fils a été ciblé uniquement en raison de son lien de parenté avec lui, qualifiant cette poursuite de « sélective et injuste ». Il a souligné que les accusations contre Hunter sont nées après que des opposants politiques au Congrès aient initié des enquêtes visant à attaquer sa présidence.
Cette grâce intervient dans un contexte politique tendu, où le système judiciaire est déjà sous le feu des critiques. Donald Trump, le président élu, a récemment nommé des fidèles à des postes clés au sein du FBI et du ministère de la Justice, ce qui a alimenté les débats sur l’indépendance de ces institutions. L’ironie réside dans le fait que Trump lui-même a promis de gracier les personnes impliquées dans l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021, un acte qu’il qualifie d’injustice judiciaire.
Les avocats de Hunter Biden ont toujours maintenu que leur client n’aurait pas été poursuivi s’il n’était pas le fils du président. Hunter a lui-même exprimé son intention de consacrer sa vie à aider ceux qui luttent contre les mêmes problèmes qu’il a affrontés, notamment la dépendance. Il a également remboursé ses arriérés d’impôts et les pénalités associées, bien que l’accord initial pour éviter la prison ait été rompu à la dernière minute.
Cette affaire a été une source de discorde pour la famille Biden, particulièrement pendant cette année électorale où les Républicains ont accusé le fils du président de bénéficier d’un traitement de faveur. La décision de Joe Biden de gracier Hunter, malgré ses précédentes déclarations de non-intervention, pourrait alimenter davantage les critiques sur la politisation du système judiciaire américain et l’utilisation de la grâce présidentielle pour des fins personnelles.
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