Monde
Mémoire vive dans l’ancien pensionnat autochtone de Mohawk
Le retour sur les lieux de Roberta Hill, survivante du système des pensionnats canadiens, ravive la douleur d’un passé que le pays ne peut oublier.
Roberta Hill, âgée de soixante-quatorze ans, parcourt les couloirs du vaste édifice qui fut jadis le pensionnat Mohawk. Chaque pas résonne comme un écho des années sombres qu’elle y a vécues. Comme des milliers d’autres enfants autochtones, elle fut arrachée à sa famille et placée dans cet établissement, dans le cadre d’une politique d’assimilation culturelle systématique.
De la fin du XIXe siècle jusqu’à la fin du XXe, près de cent cinquante mille jeunes Autochtones ont été contraints d’intégrer ces institutions à travers le Canada. Beaucoup n’en sont jamais revenus. Aujourd’hui, l’ancien pensionnat de Brantford, dans l’est du pays, ouvre ses portes au public en tant que lieu de mémoire, documentant les souffrances endurées pendant plus de cent quarante ans.
Pour Roberta Hill, les souvenirs affleurent à chaque recoin. Elle se remémore les adieux déchirants, les châtiments corporels, les agressions sexuelles subies peu après son arrivée. « J’étais une enfant, je ne comprenais pas ce qui m’arrivait », confie-t-elle, évoquant ces violences commises dans l’enceinte même de l’école. Placée ici en 1957, après le décès de son père, elle y passa quatre années avant d’être envoyée en famille d’accueil.
Dans les sous-sols, elle évite de s’attarder près de la chaufferie, espace où de nombreux garçons furent victimes d’abus. Non loin, une pièce exiguë et sans fenêtre servait de cachot. Une amie y fut enfermée plusieurs jours pour avoir tenté de s’enfuir. « Je ne rêvais que d’une chose, rentrer chez moi », murmure Roberta.
L’Institut Mohawk, le plus ancien et l’un des plus durables pensionnats du Canada, fut surnommé le « trou à bouillie » en raison de la monotonie des repas. Environ quinze mille enfants y ont séjourné. Geronimo Henry, aujourd’hui âgé de quatre-vingt-neuf ans, s’y est senti prisonnier pendant onze ans. Il se souvient des combats que les garçons étaient forcés de se livrer, dans une atmosphère de violence constante.
Après la fermeture définitive de l’établissement en 1970, des voix se sont élevées pour réclamer sa destruction. Mais une campagne, « Sauver les preuves », a permis de collecter des fonds afin de transformer les lieux en musée. Pour Sherri-Lyn Hill, cheffe des Six nations de la Grande rivière, ce lieu doit contribuer à une prise de conscience collective sur cette page sombre de l’histoire, dont les répercussions se font encore sentir.
Roberta Hill, bien qu’ayant reconstruit sa vie en devenant infirmière, souligne que le chemin vers l’apaisement reste long. Elle appelle aujourd’hui les autorités religieuses et gouvernementales à reconnaître pleinement leur responsabilité. « La vérité doit être dite par ceux qui ont orchestré ce système, insiste-t-elle. Nous, les survivants, ne pouvons porter seuls ce fardeau. »
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