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Économie

Luc Rémont, le PDG d’EDF qui n’a pas su séduire l’État-actionnaire

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Arrivé pour redresser EDF et relancer le nucléaire, Luc Rémont quitte ses fonctions après un mandat marqué par des tensions avec l’État et des défis colossaux.

Luc Rémont, nommé à la tête d’EDF en novembre 2022, a vu son mandat prendre fin sans être renouvelé. Cet ingénieur polytechnicien, ancien cadre du ministère des Finances et ex-dirigeant de Schneider Electric, avait pour mission de redresser le géant énergétique français et de relancer sa production nucléaire. Pourtant, malgré ses efforts, il n’a pas réussi à convaincre l’État, actionnaire unique du groupe depuis juin 2023, de le maintenir à son poste.

Dès son arrivée, Rémont a dû faire face à des défis monumentaux. Le parc nucléaire français, avec près de la moitié de ses 56 réacteurs à l’arrêt, nécessitait une remise en état urgente. En parallèle, il devait concilier les impératifs de l’État, soucieux de relancer l’atome pour décarboner l’industrie, avec la nécessité de préserver la viabilité financière d’EDF. « C’est peut-être la mission d’une vie », avait-il déclaré lors de sa nomination, conscient de l’ampleur de la tâche.

Malgré un parcours impressionnant, alliant expérience publique et privée, Rémont a souvent été critiqué pour sa gestion. Les relations avec les industriels français, principaux clients d’EDF, se sont dégradées en raison de tarifs jugés trop élevés. L’État, quant à lui, a régulièrement exercé une pression pour éviter une désindustrialisation tout en exigeant une augmentation des investissements dans le nucléaire. Ces tensions ont culminé lors d’un conseil d’administration en septembre 2023, où une altercation entre Rémont et une représentante de l’État a été rapportée.

Pourtant, sous sa direction, EDF a enregistré un bénéfice record en 2024, grâce à une hausse de la production nucléaire. Cela a permis à l’État de percevoir un dividende de 2 milliards d’euros, une première depuis plus de dix ans. Malgré ce succès financier, les syndicats ont souligné un manque de transparence dans sa communication interne, même s’ils ont salué son ouverture au dialogue social, contrastant avec le style plus fermé de son prédécesseur, Jean-Bernard Lévy.

En définitive, le départ de Luc Rémont illustre les difficultés de concilier les intérêts d’un groupe énergétique majeur avec les attentes d’un État-actionnaire déterminé à préserver à la fois la souveraineté énergétique et la compétitivité industrielle. Son successeur, issu de Framatome, devra relever ces mêmes défis dans un contexte toujours aussi complexe.

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