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Économie

L’Europe déploie son bouclier pour préserver sa sidérurgie

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Face à la pression concurrentielle mondiale, l’Union européenne active des mécanismes de défense commerciale inédits destinés à sécuriser son approvisionnement en acier et maintenir sa base industrielle.

La Commission européenne présente ce mardi un dispositif de protection renforcé pour les producteurs d’acier du Vieux Continent. Ce nouveau cadre réglementaire, qui remplacera les clauses de sauvegarde en vigueur depuis 2019, entend réduire significativement les volumes d’importations tout en relevant substantiellement les barrières douanières. Les commissaires européens en charge du dossier exposeront devant le Parlement de Strasbourg les détails de cette stratégie industrielle, présentée comme la plus robuste jamais élaborée par l’institution.

Le mécanisme prévoit une diminution d’environ cinquante pourcent des quotas d’acier étranger admis sans majoration tarifaire sur le marché européen. Les dépassements de ces contingents se verront appliquer des droits de douane portés à cinquante pourcent, alignant ainsi le niveau de protection sur les standards en vigueur en Amérique du Nord. Les responsables européens insistent sur la nécessité de préserver une industrie jugée stratégique pour l’ensemble de l’économie continentale, tout en se démarquant des politiques commerciales unilatérales.

La situation de la sidérurgie européenne apparaît particulièrement fragile au regard des déséquilibres mondiaux. La production chinoise, qui représente plus de la moitié de la production mondiale, exerce une pression constante sur les marchés. Les surcapacités structurelles et les conditions de financement avantageuses dont bénéficient les acteurs asiatiques ont contribué à déstabiliser les équilibres économiques du secteur. Les producteurs européens, confrontés simultanément à la flambée des coûts énergétiques et à une demande atone, ont vu leur rentabilité s’effriter dangereusement.

Cette dégradation conjoncturelle se traduit par des restructurations industrielles et des suppressions d’emplois dans l’ensemble de l’Union. Le groupe allemand Thyssenkrupp étudie la cession de sa division sidérurgique à un opérateur indien, tandis qu’ArcelorMittal annonce six cents suppressions de postes en France et conditionne ses investissements dans la décarbonation à la mise en place d’un environnement économique favorable. L’enjeu dépasse la seule filière sidérurgique, celle-ci générant près de trois millions d’emplois directs et indirects à travers l’Europe.

Les milieux économiques accueillent favorablement l’initiative bruxelloise, perçue comme une réponse adaptée aux défis structurels du secteur. Les syndicats saluent un plan ambitieux, tandis que les marchés financiers réagissent positivement, comme en témoigne la progression de neuf pourcent de l’action d’ArcelorMittal sur la semaine écoulée. Cette politique commerciale active s’inscrit dans un contexte de négociations avec les États-Unis visant à obtenir des exemptions tarifaires réciproques, dans l’objectif de constituer un front commun face aux déséquilibres du marché mondial.

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