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Le spectre de Pol Pot plane toujours sur le Cambodge

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Un mémorial controversé ravive les blessures du génocide khmer rouge, alors que le pays tente de se réconcilier avec son passé.

Dans la province reculée d’Oddar Meanchey, une structure métallique en forme de cercueil surplombe le site où Pol Pot, chef des Khmers rouges, a été incinéré en 1998. Ce lieu, à la fois sobre et symbolique, cristallise les tensions mémorielles qui traversent encore le Cambodge, près d’un demi-siècle après l’un des épisodes les plus sombres de son histoire.

Entre 1975 et 1979, le régime de Pol Pot a causé la mort de près de deux millions de Cambodgiens, exterminés par la famine, les travaux forcés ou les exécutions sommaires. Aujourd’hui, l’installation de ce mémorial, conçu pour résister aux intempéries, soulève des questions complexes. Pour certains, il s’agit d’un témoignage nécessaire, une preuve tangible de l’existence du bourreau. Pour d’autres, il risque de glorifier un criminel qui n’a jamais été jugé.

À Anlong Veng, ancien bastion des Khmers rouges, les avis divergent. Certains anciens combattants minimisent encore les atrocités commises, affirmant que Pol Pot « n’était pas si mauvais ». D’autres, comme les jeunes générations, préfèrent tourner la page, concentrés sur l’avenir. Pourtant, des initiatives pédagogiques tentent de maintenir vivante la mémoire des victimes. Des visites guidées organisées par des centres de documentation expliquent aux lycéens l’horreur du régime, tandis que des vestiges, comme les cages à chiens utilisées pour torturer les opposants, rappellent crûment la barbarie passée.

Le débat dépasse les frontières du village. Sur les réseaux sociaux, des critiques fusent contre ce mémorial, accusé de bafouer les traditions bouddhistes que Pol Pot avait violemment réprimées. Les concepteurs se défendent, arguant que la transparence du plastique utilisé symbolise une ouverture vers un monde meilleur, loin des ténèbres du passé.

Pendant ce temps, à quelques mètres du site, un casino flamboyant contraste étrangement avec l’austérité révolutionnaire prônée jadis par les Khmers rouges. Un ironique pied de nez à l’histoire, dans un pays encore hanté par ses fantômes.

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