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Le retour des cistudes d’Europe sur les rives du Rhin

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Une opération transfrontalière inédite permet la réintroduction de ces tortues aquatiques menacées dans leur habitat historique, marquant une étape cruciale pour la biodiversité rhénane.

Dans les eaux calmes du Rhin, près de Neuburg am Rhein, vingt jeunes cistudes d’Europe ont récemment retrouvé la liberté. Ces reptiles aquatiques, reconnaissables à leur carapace sombre et leurs marques jaunes, avaient disparu de la région il y a plus de cent cinquante ans en raison des aménagements fluviaux. Leur retour progressif constitue l’aboutissement d’un programme de conservation initié en 2013, mobilisant des acteurs français et allemands.

Pour la première fois, des spécimens nés et élevés en France ont été introduits sur la rive allemande du fleuve. Cette démarche vise à enrichir la diversité génétique des populations réintroduites, condition essentielle à leur pérennité. Les tortues proviennent du parc zoologique et botanique de Mulhouse, où elles ont été élevées pendant trois ans avant leur libération dans la zone alluviale de Woerr, ancienne gravière reconvertie en espace naturel.

Le projet s’inscrit dans une stratégie plus large de restauration des écosystèmes rhénans. La réhabilitation des zones humides bénéficie non seulement aux cistudes mais également à de nombreuses autres espèces amphibies et invertébrés aquatiques. Ces tortues omnivores pourraient également contribuer à réguler certaines espèces invasives comme les moules zébrées ou les écrevisses calicot.

Cependant, le succès de l’opération reste incertain. Le taux de survie des individus relâchés avoisine les quarante pour cent, selon les observations scientifiques. La prédation exercée par les ratons laveurs, récemment implantés dans la région, s’ajoute aux menaces traditionnelles que représentent les renards et les échassiers. Par ailleurs, la maturation lente de ces reptiles – ils n’atteignent leur maturité sexuelle qu’après une décennie – ralentit considérablement le repeuplement.

Un suivi scientifique rigoureux accompagne le programme. Les animaux, équipés de puces électroniques, font l’objet de recaptures régulières permettant d’évaluer leur croissance, leurs déplacements et leur reproduction. Les chercheurs estiment que des réintroductions complémentaires pourraient s’avérer nécessaires pour assurer la viabilité à long terme de l’espèce dans ce milieu.

Pour les soigneurs et conservationnistes impliqués, chaque libération représente un moment empreint d’émotion et de signification. La participation active des professionnels du zoo de Mulhouse témoigne de l’engagement collectif en faveur de la préservation de la biodiversité locale. Cette collaboration transfrontalière illustre la nécessité d’une approche coordonnée pour relever les défis environnementaux contemporains.

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