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Le deuil, un séisme silencieux pour la santé

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Les conséquences physiologiques et psychologiques de la perte d’un proche restent largement méconnues, alertent les spécialistes, qui réclament une prise en charge adaptée.

La perte d’un être cher provoque des bouleversements profonds, tant sur le plan psychique que physique. Les personnes endeuillées subissent fréquemment des perturbations du sommeil, une anxiété persistante et un isolement social, selon les observations des professionnels du secteur. Ces derniers dénoncent l’absence de reconnaissance institutionnelle de cet enjeu de santé publique.

Les données recueillies par le Crédoc révèlent l’ampleur du phénomène. Près de la moitié des personnes confrontées à un deuil déclarent avoir accru leur consommation de médicaments, tandis qu’une proportion similaire rapporte une augmentation de l’usage d’alcool ou de tabac. Les troubles dépressifs et l’épuisement physique inhabituel touchent respectivement six et huit personnes sur dix. Pour plus d’un Français sur cinq, ces symptômes se manifestent avec une intensité marquée.

Les répercussions sur la santé physique apparaissent particulièrement significatives. Des études citées par les experts indiquent un doublement du risque de mortalité chez les veufs et veuves dans l’année suivant le décès de leur conjoint. Dans le cadre du deuil périnatal, ce risque serait multiplié par quatre, avec un retour à la normale seulement deux décennies plus tard. Environ 10 % des personnes interrogées signalent par ailleurs l’apparition ou l’aggravation d’une pathologie suite à leur perte.

Sur le plan psychologique, si la majorité des endeuillés voient leurs symptômes s’atténuer après douze mois, une proportion non négligeable développe un trouble du deuil prolongé. Ce phénomène se caractérise par la persistance d’un sentiment de manque au-delà d’une année, nécessitant alors un accompagnement spécifique.

Le vécu des personnes concernées illustre ces difficultés. Certaines décrivent des manifestations somatiques tardives, comme des douleurs dorsales ou abdominales survenant plusieurs années après le décès, ainsi que des troubles mnésiques et un sentiment d’insécurité affectant leurs relations sociales. Beaucoup soulignent le manque d’information et de soutien adapté durant cette période.

Face à ce constat, les associations réclament une meilleure formation des professionnels de santé et la mise en place d’une politique nationale d’accompagnement du deuil. Elles regrettent que les initiatives publiques restent timides, malgré les annonces récentes incluant cette problématique dans le cadre législatif sur les soins palliatifs. La nécessité d’une approche préventive et d’une information systématique destinée aux personnes endeuillées est régulièrement mise en avant.

Les spécialistes insistent sur l’universalité de cette expérience et sur l’impérieuse nécessité de briser le tabou qui l’entoure. La reconnaissance du deuil comme enjeu de santé publique constitue, selon eux, une étape indispensable pour améliorer la prise en charge des millions de personnes confrontées chaque année à cette épreuve.

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