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Lassitude politique à Ungheni, entre l’Europe et Moscou

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Dans cette ville moldave frontalière de l’Union européenne, les électeurs expriment une fatigue palpable face au duel qui oppose, une fois encore, les partisans de l’intégration européenne aux forces pro-russes à la veille des législatives.

Valentina Safciuc, retraitée de 63 ans, n’a toujours pas arrêté son choix. Comme beaucoup d’habitants d’Ungheni, localité de l’ouest moldave proche de la Roumanie, elle affiche un certain écœurement face aux pressions qui l’invitent constamment à se positionner entre l’Europe et la Russie. « Il faut vivre en harmonie avec tous les pays », confie-t-elle, déplorant que les responsables politiques « affolent les gens » au lieu de s’attaquer aux difficultés quotidiennes, à commencer par l’inflation.

Ungheni, souvent présentée comme la « porte occidentale » du pays, arbore pourtant les marques tangibles du soutien européen. Des investissements financés par l’UE ont transformé le centre-ville, où trottoirs neufs, bancs publics et installations modernes côtoient les poubelles et panneaux signalétiques frappés du drapeau bleu étoilé. Ces dernières années, la région a bénéficié de dizaines de millions d’euros d’aides communautaires. Mais pour Valentina Safciuc, l’origine des fonds importe peu. Lors du référendum de 2024 sur l’adhésion à l’UE, elle a délibérément invalidé son bulletin, refusant de trancher.

Le scrutin de dimanche oppose le Parti d’action et de solidarité (PAS), au pouvoir depuis 2021, au Bloc patriotique de l’ancien président Igor Dodon, qui regagne du terrain. Le président du district d’Ungheni, Dionisie Ternovschi, affilié au PAS, reconnaît que le message pro-européen n’a pas été suffisamment convaincant localement. Lors du référendum, la majorité des électeurs du district ont rejeté l’objectif d’intégration, pourtant adopté de justesse au niveau national.

Le PAS a axé sa campagne sur les risques d’une rupture avec Bruxelles en cas de victoire des pro-russes. Son dirigeant, Igor Grosu, a exhorté les Unghenéens à rester les « gardiens » de la voie moldave vers l’Union. En face, le Bloc patriotique déploie une présence plus visible, avec panneaux et tentes électorales en nombre. Son candidat local, Ghenadie Mitriuc, se dit confiant. Il fustige la dépendance au financement européen, comparant le pays à un « drogué » recevant sa « dose mensuelle » de Bruxelles, et rejette les accusations d’ingérence russe dans le processus électoral.

Pourtant, pour certains habitants, comme Catalina, 25 ans, mère d’une petite fille, le choix est sans ambiguïté. Sans donner son nom complet, elle affirme que ces élections sont décisives pour l’avenir des jeunes générations. Dans cette ville divisée, le scrutin révèle moins un clivage idéologique tranché qu’une aspiration générale à une politique recentrée sur les préoccupations concrètes des Moldaves.

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