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La vigne face au défi climatique, l’innovation au service du terroir

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Alors que le réchauffement modifie les équilibres millénaires de la viticulture, chercheurs et vignerons mobilisent un arsenal technique pour préserver l’identité des grands crus.

Dans les vignobles girondins, une révolution silencieuse se prépare sous terre. Les porte-greffes, ces plants racinaires déployés depuis la crise du phylloxéra au XIXe siècle, font l’objet de nouvelles recherches pour leur capacité à résister aux stress hydriques. Sur le campus de l’Inrae près de Bordeaux, des sélections de cinquante-cinq variétés françaises et internationales sont testées en association avec cinq cépages majeurs, dans l’espoir d’identifier les combinaisons les plus résilientes.

Cette approche présente l’avantage de ne pas altérer les cépages emblématiques, tout en optimisant les performances agronomiques. Comme le soulignent les experts, un porte-greffe adapté réduit significativement les besoins en irrigation et en fertilisants, perpétuant ainsi une forme historique de lutte biologique. Elisa Marguerit compare son rôle à celui d’un doublure au cinéma, discret mais déterminant pour la qualité finale du produit.

La quête de solutions s’étend également au processus de vinification. Des levures spécialement sélectionnées sur des baies de raisin permettent désormais de restituer l’acidité perdue lors des fermentations, tandis que des études approfondies sur l’oxygénation démontrent l’influence déterminante du bouchon sur la préservation de la fraîcheur des vins durant leur vieillissement.

Alexandre Pons observe une évolution sensible des profils sensoriels, avec des vins développant des notes de fruits confits au détriment des arômes de fruits frais caractéristiques. Cette transformation, peu appréciée des consommateurs, menace le lien essentiel entre le produit et son terroir. Des expérimentations comme le vitivoltaïsme, combinant production viticole et énergie solaire, visent à atténuer ces effets tout en explorant de nouveaux modèles agricoles.

Si les innovations techniques permettent d’envisager une adaptation raisonnable dans la majorité des vignobles, les chercheurs alertent sur l’urgence climatique. Les températures estivales ayant atteint des niveaux critiques sur la peau des raisins, la pérennité même de la viticulture traditionnelle pourrait être compromise au-delà d’un réchauffement de deux degrés. La communauté scientifique insiste sur la nécessité d’une stabilisation rapide du climat pour préserver cet héritage culturel et économique plusieurs fois millénaire.

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