Planète
La mise en oeuvre des propositions de la Convention climat crée des remous
L’application des propositions de la Convention citoyenne pour le climat crée déjà des remous, entre « consultations » contestées pour les traduire dans la loi et déclarations d’Emmanuel Macron renvoyant à la « lampe à huile » les inquiétudes sur la 5G.
Le président de la République a déclenché un tollé en ironisant lundi soir sur « le modèle amish » des signataires d’une tribune réclamant un moratoire sur le déploiement de cette nouvelle technologie mobile.
Les 150 membres de la CCC, voulue par M. Macron, avaient pourtant réclamé cette mesure dans les 149 propositions remises en juin à l’Elysée. Propositions qu’il s’était engagé à reprendre, à l’exception de trois, sans citer la 5G.
« On se désole un petit peu de ces petites phrases qui tendent la situation », dit Grégoire Fraty, co-président de l’association de participants à la CCC « Les 150 ». « On ne veut pas entrer dans un débat stérile, mais on continue à demander un moratoire » en l’attente d’une expertise « indépendante ».
Même si le gouvernement a publié mardi une étude réalisée par l’administration concluant à l’absence d’impact sanitaire. Mais pas environnemental, souligne la CCC.
Parmi les autres propositions de la Convention, certaines doivent trouver leur place dans le plan de relance (comme la rénovation énergétique des bâtiments), d’autres dans un projet de loi spécifique. Initialement annoncé pour la fin de l’été, il l’est maintenant « d’ici à la fin de l’année », selon le ministère de la Transition écologique, qui a lancé en fin de semaine dernière une série de « concertations » pour le préparer.
« Processus biaisé »
Sur huit thèmes – des transports à l’agriculture en passant par la publicité – elles réunissent administration, acteurs des secteurs, ONG et représentants des « citoyens » qui ont planché neuf mois pour proposer des solutions visant à réduire « d’au moins 40% les émissions de gaz à effet de serre dans un esprit de justice sociale ».
Mais alors que la pandémie de Covid a plongé la France et le monde dans la récession, certains thèmes sont particulièrement clivants.
Comme les transports routier et aérien, gros pollueurs mais aussi gros employeurs très fragilisés par la crise. Le gouvernement a d’ailleurs mis des milliards sur la table pour les constructeurs automobiles et Air France.
Les organisations professionnelles du transport routier de marchandises ont ainsi dénoncé après une rencontre samedi « des mesures inadaptées pour un enjeu pourtant crucial pour la profession », en « décalage avec les exigences de compétitivité ».
Et mercredi matin, la réunion sur le transport aérien, repoussée de plusieurs jours, a vu un pilonnage des propositions de la CCC par la plupart des intervenants, représentants du secteur comme syndicats.
Les ONG environnementales, ultra-minoritaires parmi les invités, avaient elles décidé de boycotter « un processus biaisé », dénonçant notamment une étude d’impact « à charge » qui insiste principalement sur l’estimation de 70.000 emplois et 3 milliards de PIB que coûterait l’interdiction des vols intérieurs s’il existe une alternative en moins de quatre heures, une des propositions phares de la CCC.
Impression renforcée par la sortie lundi du ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari, estimant que ces mesures allaient « achever un secteur déjà à terre ».
Le gouvernement décide
Le Réseau Action Climat, fédération d’associations, a rappelé l’engagement d’Emmanuel Macron à transmettre « sans filtre » les propositions de la CCC, et réclamé que la concertation « mette en débat les modalités de mise en œuvre des mesures, y compris de leur accompagnement socio-économique, plutôt que leur mise en coupe réglée ».
Le ministère de la Transition écologique répond que les concertations doivent permettre « d’associer les Citoyens jusqu’au bout ». Mais pas question de s’engager sur la transposition telle quelle des propositions de la CCC dans le futur projet de loi.
« Le président avait dit d’emblée qu’il y aurait des travaux d’ajustement. Au final c’est le gouvernement qui décidera, » assume l’entourage de Barbara Pompili.
« On n’est pas là pour écrire la loi, on est là pour expliquer et défendre nos propositions, » reconnait Grégoire Fraty. « Mais s’il y a des difficultés ou des blocages, on le dira clairement ».
Lui aussi insiste sur la nécessité de travailler les mesures d’accompagnement des entreprises et personnels affectés. « On voit bien les difficultés, on n’est pas là pour détruire un secteur. On comprend les divergences, mais il faudra trouver un consensus ».
La CCC, tout en regrettant dans un tweet mercredi « des rapports de force qui n’ont pas lieu d’être », attend donc de juger la loi sur pièces. Puis se réunira pour évaluer publiquement la réponse des autorités à ses propositions.
Planète
Inde: la capitale New Delhi ferme la majorité des classes en raison de la pollution
La capitale indienne ferme la majorité des écoles face à une qualité de l’air désastreuse.
La pollution atmosphérique à New Delhi a atteint un niveau critique, forçant les autorités à prendre des mesures drastiques. La capitale indienne, régulièrement classée parmi les villes les plus polluées au monde, fait face à une nouvelle crise environnementale qui bouleverse le quotidien de ses habitants.
Les niveaux de particules fines PM 2,5, particulièrement nocives pour la santé, ont été mesurés à des concentrations 57 fois supérieures aux normes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ce week-end. Bien que ces niveaux aient légèrement diminué à 39 fois les seuils recommandés lundi matin, la situation reste alarmante. Ces particules, qui peuvent pénétrer profondément dans les poumons et même entrer dans la circulation sanguine, sont associées à des risques accrus de maladies cardiovasculaires et de cancer.
Face à cette situation, la ministre en chef Atishi a annoncé la fermeture des écoles pour tous les niveaux sauf les classes de 10ème et 12ème. Cette décision vise à protéger les élèves les plus vulnérables tout en permettant aux étudiants de terminale de poursuivre leurs études en vue de leurs examens importants. Les écoles primaires étaient déjà passées à l’enseignement à distance depuis jeudi dernier, une mesure maintenant étendue à presque tous les niveaux d’enseignement.
Les causes de cette pollution sont multiples : les feux agricoles dans les régions avoisinantes, les émissions industrielles et le trafic routier dense contribuent tous à cette situation. Chaque hiver, New Delhi et sa région métropolitaine, qui abritent 30 millions d’habitants, souffrent de ce fléau saisonnier. Les autorités tentent de limiter l’impact en imposant des restrictions sur les chantiers et la circulation des véhicules diesel.
Le gouvernement appelle également les populations sensibles, comme les enfants, les personnes âgées et celles souffrant de maladies pulmonaires ou cardiaques, à rester chez elles. Toutefois, pour beaucoup de résidents, la possibilité d’éviter l’exposition à l’air pollué est limitée par des conditions de logement précaires et l’absence de moyens pour se procurer des purificateurs d’air.
L’hiver, avec ses températures plus basses et ses vents faibles, aggrave la situation en piégeant les polluants dans l’atmosphère. En réponse à cette crise récurrente, la Cour suprême de l’Inde a récemment affirmé que le droit à un air pur est un droit fondamental, exigeant des actions concrètes de la part des gouvernements.
Cette situation soulève des questions sur la durabilité des mesures prises et la nécessité d’une stratégie à long terme pour améliorer la qualité de l’air dans la capitale indienne.
Planète
France : une réduction ambitieuse de la consommation d’énergies fossiles pour 2030
Dans un effort sans précédent pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 50 % par rapport à 1990, la France annonce une baisse drastique de sa dépendance aux énergies fossiles d’ici 2030. Cette transition repose sur l’électrification et la décarbonation des secteurs clés, afin de faire face aux enjeux climatiques et de souveraineté.
Le gouvernement français a dévoilé lundi sa feuille de route pour l’énergie et le climat jusqu’en 2050, annonçant des mesures ambitieuses pour réduire l’empreinte carbone du pays. Selon la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) et la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), les énergies fossiles, qui représentaient 60 % de la consommation finale en 2022, ne compteront plus que pour 42 % d’ici 2030. L’objectif est de réduire cette part à 30 % en 2035 avant d’atteindre zéro en 2050, marquant une transition vers une énergie entièrement décarbonée.
La ministre de l’Énergie, Olga Givernet, a souligné la nécessité d’une action combinée de sobriété et d’efficacité énergétique, associée au développement massif des énergies sans carbone. Ce plan repose également sur un mix énergétique équilibré entre le nucléaire et les énergies renouvelables, marquant une approche duale pour sécuriser les besoins énergétiques futurs. « Ce n’est pas qu’une question d’énergie, c’est un choix de société », a affirmé la ministre, exprimant la portée sociétale de cette transition.
Les grandes lignes de cette stratégie n’étaient pas inédites, puisque la « planification écologique » et le Plan national intégré énergie-climat (Pniec), transmis à la Commission européenne en juillet dernier, en avaient déjà esquissé les contours. Toutefois, leur adoption avait été retardée par des enjeux politiques internes, notamment la dissolution de la précédente assemblée.
Le plan met en avant l’électrification de nombreux usages, dans la mobilité, l’industrie, et le bâtiment. Ainsi, la France projette de porter les ventes de voitures électriques à deux tiers des ventes totales d’ici 2030, avec une proportion de 15 % dans le parc automobile d’ici la fin de la décennie, contre 2,2 % début 2024. Le secteur du bâtiment est également ciblé, avec un objectif de réduction des émissions de CO₂ à 35 millions de tonnes en 2030, par rapport aux 62 millions de tonnes en 2022, grâce à la rénovation de 400 000 maisons et 200 000 logements collectifs par an, et au remplacement des chaudières au fioul.
L’Union française de l’électricité (UFE) a insisté sur l’importance d’un « Plan d’électrification des usages » intégrant des impératifs de compétitivité et de souveraineté énergétique. De son côté, le Syndicat des énergies renouvelables (SER) a salué ce projet pour sa portée en matière de compétitivité économique et de lutte contre le réchauffement climatique, malgré un contexte budgétaire contraignant.
Pour atteindre cette transformation, la consommation d’électricité, essentiellement d’origine décarbonée grâce au parc nucléaire, devra augmenter. Parallèlement, un effort de sobriété énergétique est requis pour réduire la consommation totale de 30 % d’ici 2030 par rapport à 2012, puis de 50 % en 2050. La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a mis en avant l’aspect préventif de ces mesures, en rappelant les coûts croissants des catastrophes climatiques. Elle a évoqué le récent drame à Valence, en Espagne, pour illustrer l’urgence de freiner les émissions de gaz à effet de serre.
Les documents de cette feuille de route seront soumis à la concertation publique jusqu’au 15 décembre, puis au Haut conseil pour le climat avant la publication des décrets d’application prévue en 2025. Le Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC-3), publié récemment, anticipe quant à lui un réchauffement de 4°C d’ici la fin du siècle en France, soulignant la gravité des enjeux et la nécessité de concrétiser cette transformation.
France
Un mois de septembre record, 40% de pluies en plus en octobre en France
Les précipitations d’octobre 2024 en France ont dépassé de 40 % la normale, accompagnées d’inondations ravageuses dans le sud et le centre-est. Un mois particulièrement pluvieux et chaud, qui s’inscrit dans une tendance climatique préoccupante.
La France a connu en octobre 2024 un niveau de précipitations inédit pour cette saison, avec une augmentation de 40 % par rapport aux moyennes saisonnières. Bien que ce mois ne figure pas parmi les dix octobres les plus arrosés historiquement, il enregistre des cumuls de pluie exceptionnels dans plusieurs régions, notamment en Provence et dans les Cévennes. En moyenne, 132 mm de pluie sont tombés à l’échelle nationale, avec des niveaux atteignant jusqu’à trois fois la normale sur certains territoires.
Ces précipitations intenses ont entraîné des épisodes d’inondations à répétition, marqués par des événements particulièrement graves dans le centre-est du pays, entre le 15 et le 18 octobre, durant lesquels plusieurs départements ont été placés en vigilance rouge. Cet épisode cévenol, qualifié de sans précédent par la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a vu des niveaux record, comme à Mayres en Ardèche où près de 700 mm de pluie se sont abattus en deux jours.
L’instabilité météorologique n’a pas épargné le Var et les Alpes-Maritimes, touchés par un second épisode pluvieux du 24 au 27 octobre. À Vidauban, 119 mm de pluie sont tombés en une heure, un phénomène jamais observé dans cette région. Ce déferlement de précipitations a inondé une partie du bassin parisien et certaines zones du sud-ouest, tandis que des crues ont frappé des villes de Seine-et-Marne et d’Eure-et-Loir.
Ces perturbations sont en partie attribuées à la dépression Kirk, qui a traversé le pays le 9 octobre, générant des vents violents, avec des pointes à 211 km/h enregistrées dans les Pyrénées-Atlantiques. Ce jour-là, des précipitations records pour un mois se sont abattues en seulement 24 heures, provoquant la montée rapide de certains cours d’eau et des inondations dans des zones sensibles.
Parallèlement à ces événements, les températures se sont également maintenues au-dessus des normales saisonnières, enregistrant une moyenne de 1,6°C de plus que la période de référence 1991-2020. Si le début du mois a offert une légère fraîcheur, octobre a principalement connu des températures élevées, notamment dans le sud-est. Cette anomalie thermique, associée à un ensoleillement réduit de 20 %, renforce les signes d’un changement climatique en cours.
Les experts, bien que prudents quant à une attribution directe au réchauffement climatique sans études approfondies, rappellent que le réchauffement global, en augmentant la quantité de vapeur d’eau dans l’atmosphère, tend à intensifier la fréquence et l’intensité des épisodes météorologiques extrêmes. L’automne 2024, marqué par des excédents de précipitations et une anomalie thermique persistante, s’inscrit ainsi dans une série d’événements climatiques qui questionnent l’avenir des régions concernées.
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